Un parterre d’invités littéraires de marques, attachés à la liberté d’expression. Salman Rushdie, l’auteur des Versets sataniques, l’Américain Paul Auster, le Franco-Congolais Alain Mabanckou… Tous étaient présents, mardi 5 mai, pour la distinction de Charlie Hebdo, quatre mois après l’attentat du 7 janvier. Des piliers de l’hebdomadaire ont trouvé la mort pendant l’attaque : les dessinateurs Cabu, Charb, Tignous, Honoré, Wolinski ainsi que les chroniqueurs Bernard Marris, Elsa Cayat, Michel Renaud, le correcteur Mustapha Ourrad et le garde de sécurité Frédéric Boisseau.
C’est la société littéraire PEN, qui défend la liberté des écrivains, qui a récompensé le journal satirique français. Les deux récipiendaires présents — le rédacteur en chef Gérard Biard et le critique de cinéma Jean-Baptiste Thoret — ont été applaudis par les 800 convives, debout. Le premier a tenu à rappeler que « le journal a combattu le racisme depuis le tout début ». Selon lui, la mission du titre de presse est de faire se mobiliser ses lecteurs « contre l’obscurantisme politique et religieux. Plus nombreux nous serons, plus faibles ils seront. Ils ne veulent pas que l’on écrive et que l’on dessine, nous devons écrire et dessiner. Être ici ce soir contribue à les désarmer »
Consécration polémique
Le rédacteur en chef a insisté pour que l’image de Charlie Hebdo soit présentée favorablement. Le magazine en ligne américain The Intercept avait, le 26 avril, publié une tribune signée par 204 écrivains qui s’opposaient à la remise de ce prix à Charlie Hebdo.
« Notre préoccupation est qu’en accordant [ce prix] à Charlie Hebdo, PEN n’est pas simplement en train de soutenir la liberté d’expression mais valorise également un contenu offensant : un contenu qui attise les sentiments anti-islam, anti-Maghreb, anti-arabe qui sont déjà courants dans le monde occidental. »
Parmi les signataires, les grands noms Joyce Carol Oates ou Russell Banks, qui avaient décliné l’invitation pour assister au gala.
» Découvrir qui sont les acteurs de la polémique
Gérard Biard s’est dit fier que Charlie Hebdo soit devenu emblématique de la lutte pour la liberté d’expression :
« En une demi-heure de violence sanglante, nous sommes devenus un symbole international. L’incarnation de la liberté d’expression et de conscience. Nous sommes devenus des héros. »
(avec AFP)
(Crédits photo : Carlos ZGZ / Flickr)