Politique

Hollande, trois ans de mandat et une majorité écornée

Trois ans après son élection, François Hollande voit sa majorité réduite à peau de chagrin.

C’est peut-être l’un des prin­ci­paux obsta­cles de François Hol­lande en vue de sa réélec­tion en 2017. Trois ans après son élec­tion à l’Elysée, la majorité sur laque­lle peut s’appuyer le prési­dent n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était en mai 2012.

  • Ceux qu’il a perdus en cours de route

Sans qu’ils soient devenus des opposants farouch­es à sa poli­tique, plusieurs proches de François Hol­lande ont déserté les rangs de la majorité en trois ans. Au pre­mier rang desquels Jean-Marc Ayrault, “sac­ri­fié” par le prési­dent au lende­main des munic­i­pales. Com­parse fidèle de Hol­lande depuis plus de deux décen­nies, Ayrault était décrit comme le plus hol­landais des hol­landais. Plusieurs min­istres majeurs du gou­verne­ment de 2012 sont égale­ment par­tis, à l’in­star de Pierre Moscovi­ci, Jérôme Cahuzac ou Vin­cent Peil­lon. Plus générale­ment, l’équili­bre poli­tique com­posé lors du pre­mier gou­verne­ment du quin­quen­nat n’est plus qu’un loin­tain sou­venir pour le prési­dent de la République.

  • Ceux qui le contestent dans son propre camp

En plus d’amis qui ne sont plus à recenser, François Hol­lande a égale­ment à gér­er un cer­tain nom­bre d’ennemis poli­tiques… dans ses rangs. Quelques mois après son élec­tion se met­taient ain­si en place les “fron­deurs” : un groupe de députés opposés à la ligne économique du gou­verne­ment. D’abord peu nom­breux, les fron­deurs ont été rejoints (ou soutenus) entre temps par plusieurs poids lourds du gou­verne­ment : Arnaud Mon­te­bourg, Benoit Hamon, Aurélie Fil­ipet­ti… Sans entr­er dans la fronde à pro­pre­ment par­ler, d’autres ont tiré à boulets rouges sur le gou­verne­ment une fois qu’ils l’ont quit­té. Ain­si de Del­phine Batho ou Dominique Cuvillier.

  • Ceux qui sont (encore) avec lui mais qui ne sont pas très satisfaits

C’est le dernier parte­naire du PS encore présent au gou­verne­ment : le Par­ti rad­i­cal de gauche est indis­pens­able à François Hol­lande. Le PRG a pour­tant, à maintes repris­es, men­acé de quit­ter le navire, où seul Sylvia Pinel le représente. La faute à un exé­cu­tif qu’il jugeait trop avare en gestes à son égard. Jean-Michel Baylet, le patron des rad­i­caux, a gardé en tra­vers de la gorge sa défaite aux séna­to­ri­ales puis aux départe­men­tales, qu’il juge en par­tie à imput­er aux échecs de l’exécutif. Depuis, il a obtenu des gestes, sur la réforme ter­ri­to­ri­ale et la laïc­ité notamment.

  • Ceux qui l’ont quitté, mais qu’il essaye de récupérer

Leur posi­tion sera un des élé­ments-clés de l’avenir poli­tique du quin­quen­nat de François Hol­lande. Europe Ecolo­gie-Les Verts (EELV) se déchire en interne sur la posi­tion à adopter par rap­port au gou­verne­ment. Les deux min­istres verts de Jean-Marc Ayrault, Cécile Duflot et Pas­cal Can­fin, sont par­tis à la suite de la nom­i­na­tion de Manuel Valls. Depuis, François Hol­lande tente par tous les moyens de con­va­in­cre EELV d’accepter un ou plusieurs porte­feuilles. Le prési­dent de la République souhaite éviter à tout prix une can­di­da­ture de Cécile Duflot en 2017, con­scient qu’elle pour­rait le priv­er de sec­ond tour. Les prin­ci­paux par­lemen­taires du par­ti, par­mi lesquels Jean-Vin­cent Placé, François de Rugy et Bar­bara Pom­pili, s’y sont déclarés favor­ables. Les com­mu­nistes, quant à eux, occu­pent une posi­tion par­ti­c­ulière au sein de la gauche. Alliés au PS sur le plan local, ils n’en restent pas moins de farouch­es opposants à la poli­tique menée par François Hollande.