Politique

Crise dans la famille Le Pen

Accusé de ne pas se conformer à la ligne officielle du Front national, Jean-Marie Le Pen a été suspendu hier de son statut d’adhérent du FN par sa fille. Cette exclusion fait voler en éclat la dynastie Le Pen.

C’est un psy­chodrame famil­ial et poli­tique. Jean-Marie Le Pen n’a pas tardé à réa­gir à la déci­sion du bureau poli­tique du FN réu­ni lun­di pour décider de l’avenir de son fon­da­teur. Inter­rogé sur Europe 1, l’homme poli­tique n’a pas mâché ses mots : “Je dois dire que j’ai honte que la prési­dente du Front nation­al porte mon nom. Et je souhait­erais d’ailleurs qu’elle le perde le plus rapi­de­ment pos­si­ble (…) Elle traite son père et le prési­dent fon­da­teur du Front nation­al d’une façon absol­u­ment scandaleuse.”

En plus de répudi­er offi­cielle­ment sa fille, Jean-Marie Le Pen ne souhaite même pas la voir accéder au som­met de l’État en 2017. Celui qui est encore prési­dent d’honneur ne compte pas en rester là : “Je me bat­trai par tous les moyens pour faire rétablir la justice.”

Marine Le Pen a réa­gi mar­di à la vio­lence de son père. Pour la prési­dente du FN, les pro­pos de Jean-Marie Le Pen prou­vent que le par­ti a pris la bonne déci­sion: “Cette out­rance mon­tre qu’il n’y avait pas d’autre solu­tion,” a‑t-elle expliqué sur Europe 1. Cette vir­u­lence envers sa fille a aus­si choqué sa petite-fille Mar­i­on Maréchal Le Pen, qui a pris ses dis­tances avec son grand-père. La jeune députée FN, sou­vent présen­tée comme une rivale de Marine et une proche de Jean-Marie, a remis en ques­tion mar­di sa can­di­da­ture en région Provence-Alpes-Côte d’Azur pour les élec­tions de décem­bre. Elle avait été soutenue par le prési­dent d’hon­neur du FN à l’an­nonce de sa can­di­da­ture. Par cet acte, la députée du Vau­cluse souhaite mon­tr­er son indépen­dance vis-à-vis de Jean-Marie Le Pen. La jeune femme veut aus­si se préserv­er de cet  affron­te­ment entre sa tante et son grand-père comme elle l’a expliqué au Figaro mar­di: “Je ne crains pas le con­flit poli­tique et ce n’est pas une ques­tion de moti­va­tion, mais je me retrou­ve dans une sit­u­a­tion per­son­nelle déli­cate.

Impuissance et tristesse

Les mem­bres du par­ti assis­tent, impuis­sants, à une crise famil­iale aux con­séquences poli­tiques qui pour­raient être désas­treuses. L’eurodéputé Bruno Goll­nisch, fig­ure his­torique du par­ti, a exprimé ce matin sa tristesse à l’an­tenne de Sud Radio : “Je suis sur­pris et atter­ré de la tour­nure que pren­nent les choses (…) Je recon­nais les qual­ités de la prési­dente mais je me demande quel est notre but, quand on voit la mise à l’écart d’un homme qui demeure un sym­bole de combat.”

Marine Le Pen souhaite mar­quer une rup­ture nette. “Quelque part, les vic­toires actuelles du Front mar­quent aus­si une forme d’échec de la stratégie qu’il (NDLR Jean-Marie Le Pen) a menée”, avait-elle déclaré. “Il ne sup­porte pas l’idée que le Front nation­al puisse avancer et enreg­istr­er de bons résul­tats sans lui, avec une stratégie qui n’est pas la sienne et à laque­lle il n’a jamais cru.”