Politique, Sécurité

Opération Sentinelle : un dispositif provisoire qui risque de durer

Les 7000 soldats déployés sur le territoire français pour lutter contre la menace terroriste vont rester en position jusqu'à nouvel ordre. Le président de la République, François Hollande, l'a annoncé suite au conseil de Défense ce mercredi. Cette mesure, associée au plan Vigipirate et censée être extraordinaire, tend à devenir une norme.

A sit­u­a­tion excep­tion­nelle, solu­tions excep­tion­nelles. François Hol­lande a décidé de péren­nis­er l’opération sen­tinelle, c’est-à-dire d’assurer le main­tien sur le ter­ri­toire français de 7000 mil­i­taires. Les néces­sités budgé­taires prônées par Bercy n’auront pas peser bien lourd face à aux besoins de l’armée pour lut­ter con­tre la men­ace terroriste.

Depuis déjà qua­tre mois, des mil­i­taires sont sur le sol français. Qua­tre mois qui font d’une procé­dure extra­or­di­naire une solu­tion presque per­ma­nente. Au départ, ils étaient 10412 mil­i­taires à venir en sou­tien aux policiers et gen­darmes déployés en marge du plan Vigipi­rate niveau « alerte atten­tat ». Un nom­bre supérieur à celui des mil­i­taires français déployés à l’international.

“Les événements de janvier ont montré que la menace est là”

Cyrille Schott, préfet et directeur de l’Institut nation­al des Hautes Etudes de la Sécu­rité et de la Jus­tice (INHESJ), assure que l’opération dur­era le temps qu’il fau­dra : « Nous sommes dans une sit­u­a­tion extra­or­di­naire, les événe­ments de jan­vi­er ont mon­tré que la men­ace est là. Si il y a aujour­d’hui l’opération sen­tinelle et le niveau alerte atten­tat, ce n’est pas pour rien ».

Pour­tant, du côté de l’armée, cer­tains met­tent en doute l’efficacité de « Sen­tinelle » alors que les mil­i­taires com­men­cent à fatiguer. « Cer­tains de nos sol­dats reve­naient de qua­tre mois d’opérations dans le Sahel lorsqu’ils se sont déployés à Paris. Ils ne seront pas relevés avant qua­tre semaines », a expliqué le chef de l’état major des armées, Pierre De Vil­liers devant l’Assemblée Nationale en févri­er. Depuis, l’opération a évolué et le nom­bre de sol­dats en poste fixe a été réduit pour aug­menter le nom­bre de patrouilles mobiles.

Les militaires peuvent compter sur le soutien de la population

Si aujourd’hui ils ne sont plus que 7000 mil­i­taires en poste, per­son­ne ne sait quand l’opération se ter­min­era. A son lance­ment pour­tant, elle devait pren­dre fin à l’été 2015 mais c’était sans compter l’arrivée de nou­velles men­aces. L’arrestation de Sid Ahmed Ghlam pour ten­ta­tive d’attentat fait dire à Cyrille Schott que « seul le temps va pou­voir calmer la sit­u­a­tion et met­tre fin à l’opération Sentinelle ».

Mai­gre lot de con­so­la­tion pour les 4000 sol­dats déployées en Ile-de-France, la maire de Paris, Anne Hidal­go, leur a offert un accès gra­tu­it aux lieux de cul­ture parisiens. Ils pour­ront donc, entre deux patrouilles, vis­iter la Tour Eif­fel ou l’Arc de Tri­om­phe. Mais les mem­bres de l’armée française peu­vent aus­si compter sur le sou­tien de la pop­u­la­tion, cer­tains allant même spon­tané­ment leur apporter un café ou un croissant.