Les données de l’agence Frontex (Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures) ont de quoi surprendre. L’agence chargée de surveiller les frontières de l’Europe a compilé les chiffres des migrants clandestins ayant tenté de s’introduire sur le territoire de l’UE lors du premier trimestre 2015.
Alors que les Etats membres peinent à trouver une solution aux drames que connaissent les migrants qui tentent de traverser la Méditerranée, la première porte d’accès est en réalité à l’Est. L’Ouest des Balkans et l’Est méditerranéen ont été les deux routes principalement empruntées de janvier à mars.
Vous pouvez consulter la carte interactive ci-dessous qui recense les principales voies d’accès des migrants vers l’UE au cours du premier trimestre 2015. A noter que les échelles de proportions n’ont pas été respectées pour un meilleur confort de lecture. Chaque point présente le nombre de migrants qui ont tenté de passer les frontières.
Mais les risques encourus lors d’une traversée maritime sont évidemment bien plus grands et causent donc plus de décès. Raison pour laquelle l’attention est focalisée sur les migrants quittant l’Afrique du Nord pour tenter de rejoindre l’Italie. Les drames sont en effet quasiment quotidiens : 1 750 migrants ont péri en Méditerranée depuis le début de l’année, soit 30 fois plus que l’année dernière à la même période.
Un fait majeur est à noter : l’explosion de l’immigration en provenance du Kosovo. Entamé en 2014, le départ des populations de ce petit état, en proie à de graves difficultés économiques, s’est confirmé en ce début d’année. Les Kosovars ont été bien plus nombreux que les Syriens à vouloir rejoindre l’Union européenne sur cette période. 32 421 contre 11 621.
Reste que les chiffres de Frontex pourraient être sous-estimés. Les derniers naufrages de migrants en Méditerranée et l’afflux auquel est confronté l’Italie du Sud ces dernières semaines, laissent à penser que les traversées en mer vont continuer à un rythme très soutenu. Alors que les derniers chiffres ne sont pas encore disponibles. Koji Sekimizu, président de l’Organisation maritime internationale, a prévenu : selon lui, 500 000 migrants pourraient tenter de rejoindre l’Europe par la mer. Il craint 10 000 décès « si rien n’est fait pour empêcher ces trafics d’êtres humains ».
La Syrie, principale terre d’origine des migrants d’Europe en 2014
Nous avons également compilé les chiffres des années précédentes pour identifier les flux migratoires par nationalité. Conséquence de la guerre civile qui la ravage depuis 2011, la Syrie est passée en quelques années du statut de pays où le phénomène migratoire était marginal à celui de nation fournissant le plus d’immigrés à l’Europe. Selon les chiffres de Frontex, près de 80 000 ressortissants syriens sont arrivés sur le sol européen en 2014 contre moins de 900 en 2010.
Le pays dirigé d’une main de fer par Bachar al-Assad devance même l’Afghanistan depuis deux ans, pourtant habitué à occuper la première place des nationalités relatives aux migrants (en 2011 et 2012). Si les réfugiés d’Albanie sont plus rares aujourd’hui (33 000 en 2010 contre 9000 en 2014), ce n’est pas le cas de ceux du Kosovo où la migration a explosée depuis 2014 (moins de 1000 en 2012, plus de 22 000 en 2014). Seul facteur commun aux cinq pays les plus représentés chez les migrants arrivés en Europe en 2014 : un accroissement de leur nombre depuis 2012, même quand la venue nécessite la traversée de la Méditerranée.
Pour constater les évolutions du nombre de migrants par nationalités les plus représentées en 2014, vous pouvez consulter l’infographie ci-dessous.
Des migrants toujours plus nombreux depuis 2012
D’après les chiffres publiés par Frontex lundi 27 avril, le nombre de migrants arrivés en Europe n’a cessé de croître depuis 2012 alors que la courbe de l’immigration entamait auparavant une phase de diminution. Cette forte augmentation (72 000 en 2012 contre 283 000 en 2014) est notamment due à l’explosion des arrivées de migrants provenant de pays jusqu’alors peu concernés par le départ de leurs citoyens. Les cas les plus emblématiques restent la Syrie et le Kosovo qui ont connu ces deux dernières années un dépeuplement constant.
Le facteur méditerranéen n’est donc pas le seul à prendre en compte pour expliquer l’accroissement du phénomène d’immigration, le Kosovo en étant par exemple exclu. Pour constater l’évolution du nombre de migrants arrivés en Europe depuis 2009, vous pouvez consulter l’infographie ci-dessous.