« Je suis resté pendant deux bonnes heures. Ici, il y avait cinq à six personnes qui tenaient des pancartes avec le regard de Charb. Ils étaient tous alignés ici », se rappelle Samuel Chalom en désignant du doigt une cour dans le prolongement de la Place de la République, à deux pas du boulevard Voltaire. Ce jeune étudiant en journalisme souhaitait en être. Par convictions, pour la liberté d’expression. Alors le 11 janvier dernier, il battait le pavé de Paris à l’instar de plus d’un millions de personnes.
Des souvenirs de cette journée historique, ce n’est pas ce qui manque. « C’était bizarre de voir les policiers se faire applaudir », concède-t-il d’une voix calme. « C’est vrai que les gens ne se bousculaient pas trop. C’est assez rare. C’était une manifestation polie. Comme celles à Hong-Kong. C’est limite si on n’a pas nettoyé après ! », s’amuse Floria Benamer, étudiante en littérature, les yeux tournés vers le macadam. Elle aussi faisait partie de cette marée humaine qui convergeait vers Nation ce jour-là. Deux mois après cette marche les voilà à nouveau sur les lieux de la manifestation. « C’est la première fois que je reviens », souffle Samuel.
Désillusions
Car depuis, la déception à fait place à l’enthousiasme. À les entendre, après l’unité nationale affichée les semaines qui ont suivi les attentats, le soufflet est retombé. Et pour les deux étudiants c’est le désenchantement : récupération politique, montée du Front National, replie sur soi. Pour eux, c’est clair : l’esprit du 11 janvier est bel et bien mort. Ils reviennent sur leurs pas et 3millions7 les a suivis. Écoutez leur témoignage en vidéo.
Photo d’en-tête : Foule du 11 janvier 2015 (Jean-François Gornet / Flickr)