C’est un vote qui s’est fait à l’unanimité. Les parlementaires norvégiens ont aboli définitivement le délit de blasphème, mardi 5 mai. Un contournement car, en réalité, l’article qui punissait le blasphème et qui était contenu dans le Code pénal norvégien avait déjà été effacé en 2005.
Mais des soucis juridiques techniques ont fait que la version rafraîchie du Code pénal n’a pas pu être appliquée concrètement. Ainsi, depuis dix ans, blasphémer était théoriquement passible d’une sanction pouvant aller jusqu’à six mois d’emprisonnement.
C’est les attentats parisiens des 7, 8 et 9 janvier qui ont poussé les parlementaires scandinaves à adopter une loi qui clarifie et protège définitivement ses citoyens de poursuites lorsqu’ils font outrage à n’importe quelle religion. La loi entrera définitivement en vigueur mardi 12 mai.
Du nord au sud, des spécificités
Cette modification du droit sur le blasphème illustre les réflexions qui sont toujours vives à ce sujet et dépassent très largement la Scandinavie.
Aux quatre coins de l’Europe, il est frappant de constater à quel point les spécificités juridiques nationales regardant le blasphème diffèrent. Seuls les pays de l’est qui sont devenus indépendants après la dislocation de l’URSS, forment un tout qui autorise le droit de blasphème — le concept même de religion n’avait pas sa place chez les Soviétiques.
Ailleurs, au nord comme au sud, des pays tolèrent quand d’autres punissent. Y compris en France où blasphémer est autorisé… sauf en Alsace-Moselle où l’acte est théoriquement passible d’emprisonnement.
L’infographie ci-dessous distingue :
- les Etats qui pénalisent le blasphème et condamnent leurs citoyens pour ce motif (en rouge).
- les Etats où le délit de blasphème a été récemment aboli ; ou ceux où il est théoriquement toujours en cours, sans pour autant être concrètement appliqué (en jaune).
- les Etats qui autorisent le blasphème (en vert).
(Crédits : couverture de Charlie Hebdo du 20 avril 2011 / Flickr)