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Les trois raisons du probable échec de Pegida

Il y a encore deux semaines, le mouvement anti-islam Pegida semblait promis à un avenir glorieux. Mais les démissions en série à la tête de l’organisation et les échecs des récentes manifestations montrent le contraire.

1 — Le mouvement n’a pas pris en dehors de son fief est-allemand

Né à Dres­de, dans l’Est de l’Allemagne, Pegi­da (acronyme alle­mand des «Patri­otes européens con­tre l’islamisation de l’Occident») rassem­ble 500 per­son­nes pour sa pre­mière sor­tie, le 20 octo­bre 2014. Très vite, le mou­ve­ment se développe dans sa ville d’origine. Sauf que les chiffres de la dernière man­i­fes­ta­tion sont en net recul.

Essouf­fle­ment ou pas, ce qui est sûr c’est que Pegi­da n’a pas réus­si à essaimer au delà de son fief his­torique, Dres­de. Dans toutes les autres villes alle­man­des, les par­ti­sans de Pegi­da sont moins nom­breux que leurs opposants.

À Berlin, les man­i­fes­ta­tions pro-Pegi­da du 5 jan­vi­er ont rassem­blé 300 per­son­nes, con­tre 5000 anti-Pedi­gas. A Cologne, ils n’é­taient que 500 con­tre 7500 comme le décrit le site Bild.

Cet échec est devenu vis­i­ble le 12 jan­vi­er 2015 alors que Pegi­da atteignait son record de fréquen­ta­tion à Dresde.

2 — La tête du mouvement est encore plus fragile que sa base

Plusieurs dirigeants du mou­ve­ment ont dû démis­sion­ner pour divers­es raisons.

Le fon­da­teur Lutz Bach­mann a quit­té son poste à cause d’une pho­to sur laque­lle il mimait Hitler.

Peu après, son suc­cesseur Kathrin Örtel ain­si que trois autres dirigeants ont quit­té le mou­ve­ment. Peu expéri­men­tés, les organ­isa­teurs sont dépassés par les men­aces extérieures et les élé­ments rad­i­caux du mouvement.

3 — Pegida s’exporte mal en Europe

En France, le mou­ve­ment n’a pas con­nu le suc­cès escomp­té. Une pre­mière man­i­fes­ta­tion anti-islam bap­tisée « Déséquili­brés, égorgeurs, chauf­fards… islamistes hors de France » a été inter­dite dimanche 25 jan­vi­er à Paris.

Le même jour, une trentaine de per­son­nes se sont rassem­blées à Bor­deaux et une soix­an­taine à Mont­pel­li­er. A Lyon, un groupe bap­tisé Lucide (Lut­tons unis con­tre l’islamisation de l’Europe), man­i­feste tous les ven­dredis soirs. Ils étaient une cen­taine le 16 janvier.

Même bilan dans d’autres villes européennes. À Oslo, 200 per­son­nes ont défilé con­tre l’islamisation de la Norvège

En Suisse, où une man­i­fes­ta­tion est prévue le 16 févri­er dans un lieu encore indéter­miné, le leader du mou­ve­ment a déjà du démis­sion­ner, après avoir com­paré le gou­verne­ment de Merkel aux «vrais nazis» sur sa page Face­book. La page Face­book suisse de Pegi­da revendique env­i­ron 3000 adhérents.

À lire aus­si : Les anti-Pegi­da repren­nent le pas sur les anti-islam

Pho­to d’en-tête : Les anti-Pegi­da ont défilé dans les rues de Dres­de dès le 1er décem­bre 2014. (Flickr / Caru­so Pinguin)