Les 28 dirigeants de l’Union européenne se réunissaient jeudi 23 avril pour un sommet extraordinaire, à Bruxelles. La question du jour : comment gérer le flux permanent de migrants venus d’Afrique et du Moyen-Orient. Réponses en trois points.
- Près de 10 millions d’euros par mois pour l’opération Triton
S’il y a bien un point sur lequel les dirigeants de l’UE se sont entendus jeudi, c’est bien celui sur l’augmentation du budget de l’opération Triton. « Nous voulons agir vite, ce qui signifie tripler les ressources financières », a expliqué la chancelière allemande Angela Merkel. Jusque-là, le budget alloué à l’opération de surveillance des frontières extérieures de l’espace Schengen s’élevait à trois millions d’euros par mois. Jeudi, les dirigeants de l’UE ont décidé non pas de le doubler, comme il était prévu, mais de le tripler.
Concrètement, la France va mettre à disposition deux navires et trois avions. L’Allemagne engagera deux navires ; quant à la Belgique, la Suède, la Norvège et le Danemark, ils enverront un bateau dans les zones de surveillance. Le Royaume-Uni, qui n’est pas un membre de l’opération, a tout même voulu y participer. Le Premier ministre anglais, David Cameron, a décidé d’envoyer un navire en Méditerranée ainsi que deux patrouilleurs et trois hélicoptères.
- L’asile des migrants : 5 000 places prévues
Après avoir dépêché ses navires en mer Méditerranée, les 28 dirigeants ont décidé que les migrants sauvés seraient débarqués à Malte et en Italie.
« J’aurais aimé plus d’ambition », a regretté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, face à l’annonce du nombre de migrants qui seraient acceptés sur le sol européen. Il attendait 10 000 places. Finalement, ce sera 5 000.
La France, pour sa part, en accueillera « entre 500 et 700 », selon le président François Hollande. Une politique d’accueil que ne partage pas tous les autres dirigeants présents autour de la table. Le Royaume-Uni a averti, jeudi, qu’il n’était « pas question que les migrants demandent l’asile » sur son sol.
- Une demande de résolution à l’ONU pour lutter contre les passeurs
« La décision a été prise de présenter toutes les options pour que les navires puissent être appréhendés et cela ne peut se faire que dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité », a expliqué François Hollande à la sortie du sommet extraordinaires. Pour lutter contre les passeurs, la France, accompagnée par le Royaume-Uni, va faire une demande de résolution à l’ONU.
De son côté, le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, rencontrera lundi 27 avril le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon.
Mais, selon François Hollande, il faudra aussi convaincre le président russe, Vladimir Poutine, car « il ne peut y avoir une opération européenne, que dans le cadre internationale, c’est à dire dans le cadre d’une résolution du Conseil de sécurité », dont la Russie fait parti.
Le sommet européen intervient dans l’urgence. L’Union africaine a elle aussi décidé de rencontrer l’Union européenne sur ce dossier. Un sommet est prévu à Malte. La date n’est pas encore précisée.
De son côté, le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés a salué les différentes solutions prises jeudi. Elles sont un « important premier pas vers une action collective européenne », a expliqué le porte-parole. Il a quand même émis des réserves sur les décisions au sujet de la prise en mains des migrants. « Sans la mise en place de circuits » migratoires « substantiels et réalistes » pour répondre aux besoins des « personnes qui souhaitent être en sécurité, les efforts internationaux pour sévir contre les passeurs et les trafiquants ont peu de chance d’être efficaces », a‑t-il signalé.
(avec AFP)
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