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Culture

« Defend Paris » et les logos de la discorde

Coexist, un symbole pacifiste qui représente l'union des trois religions monothéistes, ou le dessin d'une kalachnikov : la marque de vêtement Defend Paris commercialise des habits ornés de ces deux iconographies au risque de susciter émotions et interrogations après les attentats de janvier.

14 mai 2015
Auteur
Louis Mbembe
Editeur
Philippine Robert
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Une croix chré­ti­enne, un crois­sant islamique et une étoile juive qui for­ment le mot Coex­ist. Pour l’observateur avisé nulle sur­prise. Au lende­main des atten­tats con­tre Char­lie Heb­do, il a remar­qué la présence du sym­bole dans de nom­breux cortèges en faveur de la lib­erté d’expression. Il l’a aus­si aperçu rue de Bag­no­let, dans le 20e arrondisse­ment de Paris, sous forme d’affiche col­lée sur un mur miteux.

Il a peut-être ouï dire que cette icono­gra­phie a été inven­tée en 2001, à Jérusalem, par un graphiste polon­ais du nom de Piotr Mlodoze­niec, que ce dernier s’échinait ain­si à favoris­er le rap­proche­ment entre les peu­ples. En revanche, il est moins cer­tain qu’il sache qu’a­vant l’attaque des frères Kouachi et avant l’agression de Com­bo ( un street artist molesté le 30 jan­vi­er alors qu’il col­lait une affiche « Coex­ist ), ce slo­gan était apposé sur des tee-shirts et des sweats de la mar­que de vête­ment Defend Paris.

Trajectoire météoritique

Une gueule d’ange. Brahim Zaibat a la peau tan­née, un corps sculp­tur­al forgé par des années d’entraînement et un vis­age d’éphèbe aux traits fins et réguliers. Natif de Lyon, ce danseur pro­fes­sion­nel de 28 ans est, avec Arnaud Deprez, Sofi­ane Kihoul, George Praxi et Jere­my Douay, l’un des prin­ci­paux pro­tag­o­nistes de l’aven­ture Defend Paris. En seule­ment deux ans, cette mar­que de vête­ments, née en avril 2013, est dev­enue l’une des plus branchées de la planète. Du bour­geois-bohème de Mont­martre au rappeur sul­fureux de Brook­lyn, tous se l’arrachent.

Symbole Coexist rue de Bagnolet à Paris (L.Mbembe/ 3millions7)
Sym­bole Coex­ist rue de Bag­no­let à Paris (L.Mbembe / 3millions7)

Jusqu’à l’icône de la pop, Madon­na, qui a partagé la vie de Brahim Zaibat durant trois ans. La chanteuse le ren­con­tre alors qu’il par­ticipe en tant que danseur à l’une de ses tournées mon­di­ales en 2010. Pen­dant un temps, la super­star est l’ambassadrice de la mar­que qui voit sa pop­u­lar­ité explos­er. Elle par­ticipe à l’élaboration de la ligne Human Right dont les béné­fices sont rever­sés à son asso­ci­a­tion caritative.

Coex­ist est une idée de Brahim. Avec l’aide du design­er Jere­my Douay, elle voit le jour en juin 2013. Depuis les atten­tats de jan­vi­er les logos de la mar­que trou­vent un écho par­ti­c­uli­er dans l’ac­tu­al­ité. Des kalach­nikovs ont été util­isées par les frères Kouachi pour per­pétr­er le mas­sacre con­tre la rédac­tion de Char­lie Heb­do alors que Coex­ist ren­voie à la crispa­tion des rap­ports entre les reli­gions, que le boy­cott du dîn­er du CRIF (Con­seil représen­tatif des insti­tu­tions juives de France) par le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, le 23 févri­er, sym­bol­ise à mer­veille. Mais pour George Prax­is, il y avait des signes avant-coureurs. Ces derniers ont motivé la créa­tion de la col­lec­tion Coex­ist.

« On savait incon­sciem­ment ce qui allait se pass­er. Les per­son­nes qui ont gran­di dans un quarti­er ont pu con­stater qu’en dix ans, par divers moyens, les religieux ont pris l’as­cen­dant sur ces endroits. Les non-musul­mans se con­ver­tis­saient davan­tage par mécon­nais­sance que par con­vic­tion. Le mes­sage deve­nait oblig­a­toire à dif­fuser : il faut se respecter et réap­pren­dre à vivre ensem­ble. Brahim est par­ti sur cette idée. Il voulait dif­fuser un dis­cours de paix. Le temps nous a don­né rai­son », explique-t-il.

Con­cer­nant l’agression du street artist Com­bo, roué de coup pour avoir col­lé une affiche flo­quée de l’icône Coex­ist, cet enfant de Hara Kiri et de Char­lie Heb­do est caté­gorique. « C’est l’étoile juive qui pose des prob­lèmes. Point barre. Même les per­son­nes qui ne sont pas chré­ti­ennes por­tent des croix et ça ne dérange per­son­ne. Je pense que ce sont des jeunes de quartiers qui l’ont molesté, influ­encés par des théories du com­plot sion­iste. »

Arme de guerre

George con­naît Brahim depuis l’ado­les­cence. Le corps con­stel­lé de tatouages, arbo­rant une barbe poivre et sel, le quar­an­te­naire est un per­son­nage tru­cu­lent au franc-par­ler assumé. « Au début, on ne gam­bergeait pas sur la coex­is­tence. Nous c’était la kalach­nikov. On est des gars de quarti­er. La kalach­nikov c’était un coup pour cho­quer et en même temps une alerte pour dire qu’il est facile de s’en pro­cur­er. La pro­liféra­tion des armes de guerre s’est mul­ti­pliée ces dix dernières années et a été la cause de nom­breux décès en France », assure le Lyon­nais qui prend exem­ple sur la ville de Mar­seille ou de nom­breux jeunes tombent régulière­ment sous les balles de fusils d’assaut.

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Tee shirt Defend Paris Kalach­nikov (L.Mbembe / 3million7)

Defend Paris sent le soufre. À ses débuts, la griffe axe sa com­mu­ni­ca­tion sur un univers som­bre et urbain en mis­ant sur des rappeurs français pour pro­mou­voir ses linges. La con­tro­verse provient égale­ment de son logo : une kalach­nikov. Cepen­dant, « nous on l’a tournée du côté gauche. Les armes posées à gauche c’est un signe de paix. Ça veut dire qu’on est pour la défense totale. On est pour la paix. C’était de la provo­ca­tion pour pou­voir créer un débat », pré­cise George.

Après les atten­tats, il a craint l’a­mal­game entre la mar­que et l’at­taque des frères Kouachi. Un sen­ti­ment motivé par la une du mag­a­zine d’ex­trême droite Minute, datée du 25 décem­bre 2013. Elle titrait : « L’in­vité d’hon­neur du Noël de l’Élysée est un musul­man ! Et il fait du fric avec les fusils-mitrailleurs. » En effet, Brahim Zaibat était invité à cette récep­tion. Ce soir-là, vêtu d’un sweat Coex­ist, il avait ser­ré la main du prési­dent. « Le mes­sage de Coex­ist était déjà bien ancré. Ça a pris le dessus », veut croire George.

Pour­tant, l’hebdomadaire Mar­i­anne  monte égale­ment au créneau dans un arti­cle inti­t­ulé « Les sales voix du Jihad », sor­ti peu après les évène­ments de jan­vi­er et dans lequel un encadré est con­sacré à la mar­que à l’AK-47. Au-delà de l’im­age il y a le mes­sage. D’après George, l’arme est une métaphore de la révo­lu­tion qui, accolé au mot “Defend”, incar­ne la paix. “Nous n’au­ri­ons pas juste sor­tie l’AK-47 sans le mes­sage de défense der­rière”, assure t‑il.

« Brahim est arrivé avec Coex­ist. Mais au début le chem­ine­ment c’était la kalach­nikov et les quartiers. On savait ce qui s’y pas­sait. On vient tous de ces endroits et on a vu ce que la reli­gion peut apporter de posi­tif et de négatif. J’ai plus de 40 piges et je con­state qu’à mon époque, dans les années 80–90, on n’avait pas ce prob­lème de reli­gion qui nous séparait. Notre reli­gion c’était le hip-hop. On est par­tis de ces con­stats pour se dire : “soyons dans la coex­is­tence.” Avant on ne se posait pas ces ques­tions. Ça nous est tombé sur la gueule pour la plupart. »

Des clients circonspects

La reli­gion a pris le dessus dans les cités. C’est la théorie de George qui ne s’étonne guère de la rad­i­cal­i­sa­tion de cer­tains jeunes. Le prob­lème proviendrait de la for­ma­tion des imams. « Il manque une vraie édu­ca­tion con­cer­nant l’Is­lam. Cer­tains imams, qui tra­vail­lent avec la jeunesse dans les quartiers, sont incom­pé­tents et trav­es­tis­sent l’essence de la reli­gion musul­mane. Ils la trans­forme en Islam du ghet­to», con­state-t-il.

George Prax­is vêtu en d’un tee-shirt Defend Paris Kalach­nikov ( Flo HSA / Face­book Georges Praxis)

 

Les événe­ments de jan­vi­er ont-il eu des réper­cus­sions économiques sur les ventes des col­lec­tions Kalash­nikov et Coex­ist ? « Je n’ai pas les chiffres. En terme de ventes générales c’est 80 % de kalach­nikov et 20% de Coex­ist. Nous sommes dans une phase ascen­dante. Char­lie ou pas on ne fait que mon­ter. Nous ne savons pas pas si ça a eu des réper­cus­sions sur notre affaire que ce soit de manière pos­i­tive ou néga­tive. Ça a juste enfon­cé le clou pour Coex­ist : on avait rai­son de le faire. » Au lende­main des atten­tats, les créa­teurs ont dess­iné un logo Defend Char­lie accom­pa­g­né de dessins de crayons et ont posté leurs oeu­vres sur le compte Insta­gram de la griffe en guise d’hommage.

À Cita­di­um, mag­a­sin de mode branché où Defend Paris est dis­tribué, la réponse est plus tranchée. C’est sim­ple : la direc­tion du mag­a­sin a fait retir­er les tee-shirt estampil­lés kalach­nikov le jour des atten­tats. « On les a remis après la fin des sol­des. C’était une mesure de sûreté », con­firme Diego, 28 ans, vendeur au mag­a­sin Hauss­man-Saint Lazare, et assigné au stand Defend Paris. Il pour­suit : « un client s’est plaint de voir des arti­cles met­tant en scène l’arme qui a causé la mort des dessi­na­teurs de Char­lie Heb­do. Des gens ont même pub­lié des posts Insta­gram et Twit­ter pour dire que ce n’était pas cor­rect que le mag­a­sin con­tin­ue de ven­dre ces tee-shirts après ce qui s’est passé. » Diego con­firme en revanche que la col­lec­tion Coex­ist a con­nu un regain d’intérêt après les attentats.

Loin d’eux l’idée de faire l’apolo­gie des armes, les créa­teurs de Defend Paris se sont sim­ple­ment servis des codes actuels pour expli­quer un prob­lème, celui du vivre ensem­ble argu­mente George. La mode est sim­ple­ment un médi­um qui per­met de touch­er un max­i­mum de per­son­nes. « À la base on don­nait nos pulls. Ce n’était pas intéressé. Nous avons mis nos thunes dedans. Nous avons pu touch­er le pub­lic gay grâce à Madon­na et tout le monde a suivi. Nous con­tin­uons de don­ner à des asso­ci­a­tions et à défendre nos valeurs. Plus la mar­que se développe, plus la kalach­nikov s’efface au prof­it du “Defend”. C’était un coup de pied au cul. On savait que ça allait impacter ». Pour le moment leur kalach­nikov n’a fait que des fash­ions vic­tims.

Pho­to d’en tête : un tee-shirt Defend Paris Kalach­nikov au mag­a­sin Cita­di­um, à Paris ( L.Mbembe / 3millions7) 

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