Des heures d’émeutes et et de violence. Des heurts entre police et manifestants ont éclaté lundi soir à Baltimore (Maryland, Etats-Unis), juste après les funérailles de Freddie Gray. Ce jeune Noir de 25 ans est décédé le 19 avril des suites d’une arrestation musclée, dans des circonstances qui restent encore floues.
Les violences ont éclaté dans un quartier réputé difficile du nord-ouest de la ville. De jeunes manifestants armés de briques, de pierres et de bâtons, ont envahi les rues de la ville en fin d’après-midi, provoquant au moins deux grands incendies, selon le New York Times (lien en anglais). Plusieurs magasins ont également été pillés. Il a fallu plusieurs heures aux policiers déployés sur place pour mettre fin aux scènes de pillage et aux violences. Le calme revenait peu à peu ce mardi matin.
Vingt-sept personnes ont été arrêtées et quinze policiers ont été blessés, selon un premier bilan. Devant l’embrasement de la situation, le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, a décrété l’état d’urgence tandis que la maire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake, a instauré un couvre-feu à partir de ce mardi soir, entre 22 heures et 5 heures du matin. La garde nationale, forte de 5 000 soldats, a été appelée en renfort des 500 policiers déjà déployés dans la ville portuaire.
Interpellé le 12 avril par la police en possession d’un couteau, Freddie Gray a subi une fracture des cervicales lors de son arrestation. Conduit à l’hôpital et plongé dans le coma juste après son arrivée au commissariat, il a succombé à ses blessures une semaine plus tard. Sa moelle épinière avait été sectionnée à 80 % au niveau du cou, selon l’avocat de sa famille.
Baltimore, située à une heure de route de la capitale, Washington, est l’une des dix villes les plus criminogènes des Etats-Unis. La police a annoncé avoir reçu des “menaces crédibles” de gangs rivaux qui se seraient “alliés pour renverser les forces de l’ordre”, selon le journal local Baltimore Sun (en anglais).
La famille du défunt a appelé les Baltimoriens au calme, à l’image de sa mère, citée par un journaliste du New York Times sur Twitter.
Freddie Gray mother says: I want ya’ll to see justice for my son but don’t tear up the the city. That’s wrong.”
— nixonron (@nixonron) 28 Avril 2015
“La mère de Freddie Gray dit : Je veux que vous cherchiez tous la justice pour mon fils mais ne déchirez pas la ville. C’est une erreur”.
Le créateur de la série télévisée The Wire - qui traite la violence et la criminalité à Baltimore — et ancien journaliste au Baltimore Sun David Simon, a également réagi aux événements sur son blog (en anglais) :
“If you can’t seek redress and demand reform without a brick in your hand, you risk losing this moment for all of us in Baltimore. Turn around. Go home. Please.”
“Si vous ne pouvez pas demander réparation et appeler aux réformes autrement qu’avec une brique à la main, vous risquez de gâcher ce moment pour nous tous, à Baltimore. Faites demi-tour. Rentrez chez vous. Je vous en prie.”
Ces événements ne sont pas sans rappeler les émeutes qui avaient frappé l’été dernier la ville de Ferguson (Missouri) après la mort de Michael Brown, jeune noir non armé abattu par des policiers. Plus récemment, les cas d’Eric Gardner à New York, de Jerame Reid dans le New Jersey ou de Walter Scott en Caroline du Sud avaient relancé le débat sur la brutalité de policiers blancs envers des noirs aux Etats-Unis.
Crédits photo de une : Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP