Triplement des moyens alloués au sauvetage des migrants en Méditerranée, intervention sous mandat de l’ONU contre les trafiquants en Libye : les mesures prises jeudi 23 avril lors de la réunion d’urgence n’ont pas manqué de déclencher les réactions en France. A gauche comme à droite, on s’accorde vendredi sur l’insuffisance des moyens mis en oeuvre.
« Les décisions prises sont loin du compte par rapport aux enjeux, a estimé Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, au micro de France Info. On essaye de travailler pour améliorer les dispositifs, avoir des systèmes d’accueil (…). Tout cela peut sembler, pour un commentateur, pas à la hauteur », a‑t-il regretté, comme un aveu de faiblesse face à une Europe où la volonté politique fait défaut.
Xavier Bertrand demande un “blocus maritime”
C’est justement vers plus de fermeté que veut s’orienter Xavier Bertrand, ancien ministre et député UMP de l’Aisne, interrogé sur RTL. Aucun accord n’a en effet été trouvé pour élargir le champ opérationnel de la mission et permettre aux navires de l’opération « Triton » de sortir des eaux territoriales afin d’aller plus près de la Libye.
Xavier Bertrand a demandé un « blocus maritime au large des côtes libyennes » pour “empêcher les bateaux de migrants de partir”. Il a pris modèle sur l’Australie et son opération controversée « Frontières souveraines » qui intercepte et renvoie les migrants en centres de transit ou de rétention dans un délai de 48 heures. Xavier Bertrand a enfin déclaré : « Quand on arrêtera de prendre des décisions convenues, on sauvera ces malheureux ».
La Libye dans “un état lamentable”
L’instabilité politique au Libye était également au menu des réactions politiques au lendemain du sommet européen. François Hollande avait lancé jeudi 23 avril les hostilités en déclarant qu’il fallait « réparer les erreurs du passé ». Une déclaration à l’encontre de son prédécesseur Nicolas Sarkozy qui avait supervisé l’intervention en Libye en 2011. Stéphane Le Foll a évoqué ce vendredi un pays dans « un état lamentable » devenu « une plateforme pour un certain nombre de trafiquants et d’immigration » et a regretté que rien n’ait été mis en oeuvre derrière l’intervention militaire de 2011 sur « la suite à donner ».
Xavier Bertrand a déploré quant à lui le « ping-pong politique habituel » et évoqué une « responsabilité collective» sur le dossier libyen car François Hollande était, à l’époque favorable à l’intervention militaire contre le régime du colonel Kadhafi. Il a appelé de ses voeux une nouvelle intervention militaire en Libye, sous égide cette fois des pays arabes, « notamment l’Egypte ».
La récupération politique du FN
Du côté de l’extrême droite, on cible la trop grande “attractivité de la France” en matière de prestations sociales. Le porte-parole du Front national, Florian Philippot, préconise de « couper les aides sociales » selon lui trop « incitatives à l’immigration ». Il envisage aussi de « restreindre considérablement le droit d’asile » et de « stabiliser les zones de non-droit qui servent de bases arrières aux passeurs criminels» sans toutefois préciser les moyens d’action envisagés.
De son côté, Nicolas Dupont-Aignan, député de l’Essonne et président de Debout la France, a martelé sa proposition de renégociation des accords de Schengen pour « contrôler les frontières intérieures de l’Union européenne ».
Image d’en-tête : Stéphane le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement (CC BY Parti Socialiste)