Politique

Migrants : Le Foll et Bertrand regrettent des mesures insuffisantes

Au lendemain du sommet extraordinaire des dirigeants européens à Bruxelles, les réactions politiques en France fusent sur la question des moyens de l'Union pour éviter les drames de migrants.

Triple­ment des moyens alloués au sauve­tage des migrants en Méditer­ranée, inter­ven­tion sous man­dat de l’ONU con­tre les trafi­quants en Libye : les mesures pris­es jeu­di 23 avril lors de la réu­nion d’urgence n’ont pas man­qué de déclencher les réac­tions en France. A gauche comme à droite, on s’accorde ven­dre­di sur l’insuffisance des moyens mis en oeuvre.

« Les déci­sions pris­es sont loin du compte par rap­port aux enjeux, a estimé Stéphane Le Foll, porte-parole du gou­verne­ment, au micro de France Info. On essaye de tra­vailler pour amélior­er les dis­posi­tifs, avoir des sys­tèmes d’accueil (…). Tout cela peut sem­bler, pour un com­men­ta­teur, pas à la hau­teur », a‑t-il regret­té, comme un aveu de faib­lesse face à une Europe où la volon­té poli­tique fait défaut.

Xavier Bertrand demande un “blo­cus maritime”

C’est juste­ment vers plus de fer­meté que veut s’orienter Xavier Bertrand, ancien min­istre et député UMP de l’Aisne, inter­rogé sur RTL. Aucun accord n’a en effet été trou­vé pour élargir le champ opéra­tionnel de la mis­sion et per­me­t­tre aux navires de l’opéra­tion « Tri­ton » de sor­tir des eaux ter­ri­to­ri­ales afin d’aller plus près de la Libye.

Xavier Bertrand a demandé un « blo­cus mar­itime au large des côtes libyennes » pour “empêch­er les bateaux de migrants de par­tir”. Il a pris mod­èle sur l’Australie et son opéra­tion con­tro­ver­sée « Fron­tières sou­veraines » qui inter­cepte et ren­voie les migrants en cen­tres de tran­sit ou de réten­tion dans un délai de 48 heures. Xavier Bertrand a enfin déclaré : « Quand on arrêtera de pren­dre des déci­sions con­v­enues, on sauvera ces mal­heureux ».

La Libye dans “un état lamentable”

L’in­sta­bil­ité poli­tique au Libye était égale­ment au menu des réac­tions poli­tiques au lende­main du som­met européen. François Hol­lande avait lancé jeu­di 23 avril les hos­til­ités en déclarant qu’il fal­lait « répar­er les erreurs du passé ». Une déc­la­ra­tion à l’encontre de son prédécesseur Nico­las Sarkozy qui avait super­visé l’intervention en Libye en 2011. Stéphane Le Foll a évo­qué ce ven­dre­di un pays dans « un état lam­en­ta­ble » devenu « une plate­forme pour un cer­tain nom­bre de trafi­quants et d’immigration » et a regret­té que rien n’ait été mis en oeu­vre der­rière l’intervention mil­i­taire de 2011 sur « la suite à donner ».

Xavier Bertrand a déploré quant à lui le « ping-pong poli­tique habituel » et évo­qué une « respon­s­abil­ité col­lec­tive» sur le dossier libyen car François Hol­lande était, à l’époque favor­able à l’intervention mil­i­taire con­tre le régime du colonel Kad­hafi. Il a appelé de ses voeux une nou­velle inter­ven­tion mil­i­taire en Libye, sous égide cette fois des pays arabes, « notam­ment l’Egypte ».

La récupéra­tion poli­tique du FN

Du côté de l’ex­trême droite, on cible la trop grande “attrac­tiv­ité de la France” en matière de presta­tions sociales. Le porte-parole du Front nation­al, Flo­ri­an Philip­pot, pré­conise de « couper les aides sociales » selon lui trop « inci­ta­tives à l’im­mi­gra­tion ». Il envis­age aus­si de « restrein­dre  con­sid­érable­ment le droit d’asile » et  de « sta­bilis­er les zones de non-droit qui ser­vent de bases arrières aux passeurs crim­inels» sans toute­fois pré­cis­er les moyens d’ac­tion envisagés.

De son côté, Nico­las Dupont-Aig­nan, député de l’Es­sonne et prési­dent de Debout la France, a martelé sa propo­si­tion de rené­go­ci­a­tion des accords de Schen­gen pour « con­trôler les fron­tières intérieures de l’U­nion européenne ».

Image d’en-tête : Stéphane le Foll, min­istre de l’A­gri­cul­ture et porte-parole du gou­verne­ment (CC BY Par­ti Socialiste)