Des résultats encourageants pour François Hollande
À première vue, l’affirmation paraît absurde. Avec près de 21% des voix pour le Parti socialiste, le président de la République a subi une sévère défaite lors de ce premier tour des élections municipales.
Mais à y regarder de plus près la gauche de la gauche, qui tape sans discontinuer sur la politique économique du gouvernement depuis 2012, n’en profite pas. Au contraire même, les résultats sont décevants. Alors que le Front de Gauche stagne à 6,5%, Europe-Ecologie-les-Verts tombe à 2%.
Ces résultats montrent le manque d’alternative à gauche. Depuis 2012, Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche n’arrivent pas à capitaliser sur l’impopularité du couple exécutif. Du côté des Verts, ces élections municipales étaient les premières après leur sortie volontaire du seconde gouvernement Valls en août 2014. Et c’est un échec avec ce résultat de 2% obtenu.
Ces résultats sont une bonne nouvelle pour François Hollande, en vue de l’élection présidentielle de 2017. Avec une France désormais divisée en trois, il peut aisément attiser la crainte d’un Front national au second tour pour tenter de ramener au bercail socialiste les déçus de la politique gouvernementale.
Avant, pendant et après les élections, une seule ligne, une seule solution : le rassemblement de la gauche et des écologistes.
— Claude Bartolone (@claudebartolone) 23 Mars 2015
Alors qu’un remaniement ministériel est envisagé à la suite de ces élections, ces résultats peuvent aider le chef de l’État à attirer dans le gouvernement des écologistes Vallso-compatible, tels que le sénateur Jean-Vincent Placé ou le député François de Rugy. Et ainsi élargir sa majorité en pensant à 2017.
Une candidature unique PS-EELV au premier tour des présidentielles ne serait alors plus illusoire. Assemblé, le bloc de gauche, représente près de 36% des voix dans ces élections départementales. Une belle marge face à un FN, dépourvu d’alliance, à 25%.
La droite se divise sur le sujet FN
Partis rassemblés dans ces élections départementales, l’UMP et l’UDI ont profité de cette union pour virer en tête au premier tour avec 30% des voix. Mais l’union a vite volé en éclats dimanche soir au sujet de la position à tenir face au Front national. Dès la proclamation des résultats, le président de l’UMP Nicolas Sarkozy a tenu la même position que depuis 2011, à savoir ni Parti socialiste, ni Front national.
l’@UMP n’appellera à voter ni pour le Front national, avec lequel nous n’avons rien en commun… — Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 22 Mars 2015
… ni pour les candidats de gauche, dont nous combattons la politique.
— Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) 22 Mars 2015
Le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde s’est vite démarqué de cette ligne. Sur iTélé, le député de la Seine-Saint-Denis a appelé à “faire barrage à l’extrême droite” au second tour. “Nous sommes, comme Jacques Chirac en son temps, très très clairs : il reste sur la table un bulletin républicain et nous appelons donc à faire barrage à l’extrême droite en utilisant ce bulletin républicain”, a‑t-il poursuivi.
Une position qui tranche avec celle de Nicolas Sarkozy. Même à l’intérieur de l’UMP, la position du ni-ni est encore très critiquée. A la tombée des résultats, Alain Juppé, candidat à la présidentielle 2017, a lui aussi appelé à barrer la route du FN dimanche prochain.
Chacun connaît ma position qui n’a pas varié : pour moi, la priorité est de faire barrage au FN et de poursuivre le travail de pédagogie 1/2 — Alain Juppé (@alainjuppe) 23 Mars 2015
Une abstention à un niveau quasi historique
Il y avait comme une sorte de soulagement ce dimanche soir sur les plateaux télés. Avec 51,2% de participation, les Français se sont déplacés pour aller voter. Alors qu’on s’attendait, à cause notamment des sondages (voir plus bas), à un niveau d’abstention record, les politiques se sont félicités de cette mobilisation de dernière minute.
Mais à y regarder de plus près cette cuvée 2015 des départementales est une des pires années en terme d’abstention. Si les élections de 2011 gardent toujours le record avec un chiffre 55,7%, celles de 2015 arrivent en seconde position, sur ces vingt dernières années.
Les instituts de sondages se sont bien plantés
C’est l’une des leçons à retenir de ce premier tour des élections départementales : il paraît bien compliqué de prévoir les résultats d’un scrutin local.
Les différents sondages publiés ces dernières semaines ont surévalué le niveau d’abstention des électeurs français. Ainsi le 5 mars, une étude CSA/BFM plaçait l’abstention à 58%. Le lendemain un sondage OpinionWay/Metronews/LCI, projetait un taux d’abstention de 56%. Et enfin le 14 mars, l’analyse Ifop/Sud Ouest évaluait l’abstention aux départementales à 57%. Une enquête Odoxa/Le Parisien/ iTélé, diffuseé ce vendredi, faisait également craindre le pire.
Dans ce sondage, 86% des personnes interrogées jugeaient que la campagne n’a pas été “à la hauteur” de leurs attentes, et 69% estimaient avoir été mal ou pas du tout informés sur ce scrutin. Mais avec une abstention de “seulement” 48,9%, les Français ont démenti les différents instituts de sondages.
Les différentes enquêtes diffusées avant le premier tour des élections municipales se sont également trompées sur le score du Front national. Habituellement sous-estimé, le pourcentage obtenu par le FN a été cette fois ci surévalué par les sondagiers.
Il y a trois semaines, un sondage Odoxa plaçait le Front national “très largement en tête” avec 33% des voix. Quelques jours avant le scrutin, c’est l’IFOP qui plaçait le parti d’extrême droite en tête avec 30% des voix. Finalement, ce dimanche, le FN n’a obtenu “que” 25%, derrière l’UMP et l’UDI.
Légende de la photo d’en-tête : Les Français se sont déplacés plus nombreux que prévu dans les isoloirs (Pascal Pochard-Casbianca / AFP)