Dans un article du Huffington Post publié le 24 février, Luz, dessinateur rescapé de la tuerie de Charlie Hebdo, exprimait déjà la nécessité de tourner la page le plus vite possible :
“(Il ne faut) pas se retrouver obsédé par ce que l’on a vécu, parce qu’on pourrait en parler des heures, on pourrait en parler des pages et des pages entières, des journaux et journaux entiers (…) Maintenant il faut revenir aux fondamentaux de Charlie”.
Et les chiffres le montrent : les trois numéros de Charlie Hebdo parus depuis les attentats (n°1178, dit “numéro des survivants”, paru le 14 janvier ; n°1179, “C’est reparti !”, paru le 25 février; n°1180, “Le FN ne fait plus peur”, paru le 4 mars) s’éloignent progressivement des attentats et amorcent un retour à la normale.
“On fera ce qu’on sait faire, on ne sait rien faire d’autre, on ne va pas inventer autre chose, on continuera à faire un journal satyrique et humoristique”, disait simplement Riss, successeur de Charb à la tête de la rédaction de Charlie Hebdo, quelques jours après le drame, sur France 2.
À l’intérieur des 16 pages que comptent chaque numéro, des sujets sur la santé, l’écologie, la politique intérieure, d’actualité internationale, de la culture… Mais de moins en moins d’articles et de dessins directement liés à l’évènement qui a décimé la rédaction de l’hebdomadaire le 7 janvier dernier.
Si la volonté de tourner la page en revenant aux fondamentaux historiques de l’hebdomadaire satirique (montée des extrêmes, combat écologique, etc.) est bien visible, les événements qui dictent l’actualité depuis le début de l’année restent un frein pour les dessinateurs :
“L’actualité est malheureusement pleine de jihadistes et de fanatiques religieux de tout bord, on est obligé d’en parler aussi” disait Luz au HuffingtonPost.
Photo : Les Unes des trois Charlie Hebdo publiés depuis les attentats (Florian Maussion — 3millions7)