1. Une gauche éclatée, y compris au gouvernement
Le débat sur le port du voile à l’université est-il relancé ? Invitée du Talk Le Figaro, la secrétaire d’État aux Droits des femmes Pascale Boistard s’est dite « contre » le port du voile à la faculté. « Je n’y suis pas favorable, même si ce n’est pas obligation. L’université peut faire partie de ces espaces publics où le port du voile… », poursuit-elle, sans finir sa phrase.
Cette position de Pascale Boistard va pourtant à l’encontre de la position du président François Hollande. Le chef de l’État avait déclaré dans une interview au Monde en 2013 : « Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires. Aujourd’hui dans les universités, il est possible d’intervenir sans qu’il soit besoin de texte supplémentaire. »
La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Geneviève Fioraso jugeait également en 2013 que le voile à la fac « ne posait pas de problème. L’université, ce n’est pas comme le collège ou le lycée, il s’agit de jeunes majeurs ».
Mais si le débat se rouvre, la secrétaire d’État aux Droits des femmes pourra peut-être compter sur le soutien de son Premier ministre, Manuel Valls. Alors ministre de l’Intérieur, il avait jugé en 2013 « digne d’intérêt » la proposition du Haut conseil de l’intégration d’interdire le port du voile à l’université. D’après le chef du gouvernement : « Des situations mériteraient d’avoir plus de cohérences: dans les universités c’est possible, dans les IUT c’est interdit. »
A la gauche du PS, le secrétaire national du Parti communiste Pierre Laurent a déclaré ce mardi matin sur BFM TV : « C’est vraiment un faux débat. J’ai envie de lui dire (à Pascale Boistard, NDLR) ‘allez dans les universités françaises. Vous verrez des jeunes femmes qui portent un foulard et qui ne sont pas des femmes dangereuses’. Je suis contre toute interdiction à l’université, nous avons affaire à des adultes.»
2. Une UMP hésitante, entre discrétion et interdiction totale
Au début du mois de février, la secrétaire nationale aux Valeurs de la République et de la laïcité diffuse un communiqué prônant l’interdiction du voile à l’université : « La laïcité ne doit pas s’arrêter aux portes de l’université. Tout comme l’école publique, l’université publique doit être sanctuarisée et la neutralité doit s’imposer ».
Une vision que ne partage pas tout le parti. Dans une interview au Figaro Magazine publiée le 14 février 2015, l’ancien Premier ministre François Fillon s’est positionné « contre l’interdiction des signes religieux à l’université ». « On a interdit le voile à l’école pour protéger des mineures contre une décision dont elles n’ont pas la maîtrise. On ne va pas réglementer la tenue vestimentaire des adultes sauf si elle met en cause la sécurité publique, comme le voile intégral », a‑t-il poursuivi.
L’ancien candidat à la présidence du parti, Hervé Mariton, tout en étant « contre le port du voile à l’école, au collège et au lycée, tolère le port du voile discret à l’université ». Comme pour François Fillon, il estime que « la règle n’est pas la même pour un enfant soumis au contexte familial et la situation d’un étudiant ».
3. Un FN farouchement opposé au port du voile à l’université
Dans un communiqué diffusé en octobre 2014, le conseiller République – laïcité, Bertrand Dutheil de la Rochère appelait à interdire le port du voile à l’université. D’après lui « l’enseignement supérieur doit être dégagé par nature de toute emprise religieuse ou idéologique. Le gouvernement doit intervenir sans tarder pour préserver la liberté de l’enseignement et la neutralité scientifique nécessaire à l’université ».
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