Religion / Laïcité

Les trois raisons qui expliquent le succès du dîner du Crif

Le 30e dîner du Crif (Conseil représentatif des Institutions juives de France) s’est tenu lundi en présence de plus de 700 invités, dont François Hollande. Créé en 1985, cet événement est devenu un rendez-vous incontournable pour de nombreuses personnalités politiques, culturelles et médiatique. Décryptage en trois points.

Le rendez-vous des figures politiques

Avec env­i­ron 700 invités lun­di soir, le dîn­er du Crif était bien loin de la cinquan­taine de per­son­nes présentes pour la pre­mière édi­tion en 1985. En trente ans, il est devenu le ren­dez-vous incon­tourn­able de la classe poli­tique française, qui se retrou­ve pour échang­er dans un con­texte dif­férent de celui de l’Assemblée nationale et du Sénat, et ce en présence de nom­breux médias.

Mais tous les bor­ds poli­tiques ne sont pas les bien­venus au dîn­er du Crif. Le Front nation­al n’est jamais invité. Les par­tis de l’extrême gauche ne le sont plus depuis 2009 et une prise de posi­tion en faveur d’un boy­cott d’Israël pour défendre la Palestine.

Au dîn­er du Crif 2015 : Le prési­dent François Hol­lande a retrou­vé son prédécesseur Nico­las Sarkozy. Le Pre­mier min­istre Manuel Valls est venu accom­pa­g­né de plusieurs mem­bres de son gou­verne­ment comme Bernard Cazeneuve, Najat Val­laud-Belka­cem ou Fleur Pellerin.

Étaient présents aus­si deux anciens chefs du gou­verne­ment, Édith Cres­son et Alain Jup­pé, le prési­dent de l’Assemblée Nationale Claude Bar­tolone, plusieurs députés, la maire de Paris Anne Hidal­go, et sa prin­ci­pale con­cur­rente lors des élec­tions munic­i­pales Nathalie Kosciusko-Morizet.

Le lieu des annonces politiques

Un tel poids des poli­tiques implique (presque) automa­tique­ment que le dîn­er du Crif devi­enne le lieu de pris­es de posi­tion de la part du gou­verne­ment. En 1997, le Pre­mier min­istre Alain Jup­pé y avait annon­cé la créa­tion d’une mis­sion d’étude sur la spo­li­a­tion des biens des juifs pen­dant la Sec­onde Guerre Mondiale.

En 2000, son suc­cesseur Lionel Jospin avait délivré une tri­bune sur le devoir de mémoire, allant de la col­lab­o­ra­tion du régime de Vichy à la tor­ture pen­dant la Guerre d’Algérie. En 2008, le prési­dent de la République Nico­las Sarkozy y avait pro­posé que chaque élève de CM2 se voit « con­fi­er la mémoire » d’un enfant vic­time de la Shoah.

Au dîn­er du Crif 2015 : François Hol­lande a annon­cé lun­di la propo­si­tion « dans les prochains jours » d’un plan « aus­si com­plet que con­cret » pour lut­ter con­tre « tout pro­pos de haine, raciste, anti­sémite ou homo­phobe ». Dans les faits, ces infrac­tions dépen­dant pour l’instant du droit de la presse, relèveraient doré­na­vant du droit pénal.

Le lieu du dialogue entre les religions

Le dîn­er du Crif est devenu avec le temps un lieu d’échange entre les reli­gions. Les prin­ci­paux respon­s­ables religieux y sont con­viés. Le prési­dent Con­seil français du culte musul­man (CFCM) est notam­ment invité chaque année. L’occasion de pren­dre le pouls des rela­tions entre les reli­gions de France, et de garan­tir un lieu de dis­cus­sion avec les respon­s­ables politiques.

Au dîn­er du Crif 2015 : Ambiance glaciale lun­di soir avec le boy­cott par Dalil Boubakeur, prési­dent du CFCM, en réponse aux pro­pos de son homo­logue du Crif Roger Cukier­man sur Europe 1 quelques heures avant le din­er. Il avait expliqué que « toutes les vio­lences aujourd’hui sont com­mis­es par des jeunes musulmans ».

Dans un com­mu­niqué, le CFCM a fait part de sa « con­ster­na­tion » et jugé « inop­por­tun » de par­ticiper à l’événement annuel. Pen­dant le din­er, Roger Cukier­man a déclaré espér­er « que le con­tact soit rapi­de­ment rétabli ».

Pho­to : Inter­ven­tion de François Hol­lande lors du din­er du Crif 2015 (AFP)