Le rendez-vous des figures politiques
Avec environ 700 invités lundi soir, le dîner du Crif était bien loin de la cinquantaine de personnes présentes pour la première édition en 1985. En trente ans, il est devenu le rendez-vous incontournable de la classe politique française, qui se retrouve pour échanger dans un contexte différent de celui de l’Assemblée nationale et du Sénat, et ce en présence de nombreux médias.
Mais tous les bords politiques ne sont pas les bienvenus au dîner du Crif. Le Front national n’est jamais invité. Les partis de l’extrême gauche ne le sont plus depuis 2009 et une prise de position en faveur d’un boycott d’Israël pour défendre la Palestine.
Au dîner du Crif 2015 : Le président François Hollande a retrouvé son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Le Premier ministre Manuel Valls est venu accompagné de plusieurs membres de son gouvernement comme Bernard Cazeneuve, Najat Vallaud-Belkacem ou Fleur Pellerin.
Étaient présents aussi deux anciens chefs du gouvernement, Édith Cresson et Alain Juppé, le président de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone, plusieurs députés, la maire de Paris Anne Hidalgo, et sa principale concurrente lors des élections municipales Nathalie Kosciusko-Morizet.
Le lieu des annonces politiques
Un tel poids des politiques implique (presque) automatiquement que le dîner du Crif devienne le lieu de prises de position de la part du gouvernement. En 1997, le Premier ministre Alain Juppé y avait annoncé la création d’une mission d’étude sur la spoliation des biens des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale.
En 2000, son successeur Lionel Jospin avait délivré une tribune sur le devoir de mémoire, allant de la collaboration du régime de Vichy à la torture pendant la Guerre d’Algérie. En 2008, le président de la République Nicolas Sarkozy y avait proposé que chaque élève de CM2 se voit « confier la mémoire » d’un enfant victime de la Shoah.
Au dîner du Crif 2015 : François Hollande a annoncé lundi la proposition « dans les prochains jours » d’un plan « aussi complet que concret » pour lutter contre « tout propos de haine, raciste, antisémite ou homophobe ». Dans les faits, ces infractions dépendant pour l’instant du droit de la presse, relèveraient dorénavant du droit pénal.
Le lieu du dialogue entre les religions
Le dîner du Crif est devenu avec le temps un lieu d’échange entre les religions. Les principaux responsables religieux y sont conviés. Le président Conseil français du culte musulman (CFCM) est notamment invité chaque année. L’occasion de prendre le pouls des relations entre les religions de France, et de garantir un lieu de discussion avec les responsables politiques.
Au dîner du Crif 2015 : Ambiance glaciale lundi soir avec le boycott par Dalil Boubakeur, président du CFCM, en réponse aux propos de son homologue du Crif Roger Cukierman sur Europe 1 quelques heures avant le diner. Il avait expliqué que « toutes les violences aujourd’hui sont commises par des jeunes musulmans ».
Dans un communiqué, le CFCM a fait part de sa « consternation » et jugé « inopportun » de participer à l’événement annuel. Pendant le diner, Roger Cukierman a déclaré espérer « que le contact soit rapidement rétabli ».
Photo : Intervention de François Hollande lors du diner du Crif 2015 (AFP)