Abderrahmane Sissako, le réalisateur du film Timbuktu était l’invité de France Info ce vendredi matin. Ce film, qui raconte la prise de la ville de Tombouctou, au Mali, par des jihadistes, est nommé 8 fois aux César, qui se tiendront ce soir.
Le réalisateur explique sa volonté, dans Timbuktu, de pousser un cri de colère, un cri d’alerte sur l’occupation de la ville qu’il décrit comme “un symbole de mon histoire, un symbole de l’Islam réel”.
Un film qu’Abderrahmane Sissako considère comme une “lutte contre l’obscurantisme”.
“J’ai voulu montrer la violence de l’obscurantisme, explique-t-il, couper une main, un bras, flageller les femmes, les jeunes filles, les hommes aussi, lapider… Tout cela est très violent”.
Le réalisateur estime avoir cependant réussi à intégrer de la poésie dans le drame, mettant en garde contre ce qu’il appelle “la douleur spectaculaire”. “La douleur n’est pas un spectacle !”, assène-t-il.
De jeunes gens un peu perdus
S’il ne souhaite pas les réduire à cette image, le réalisateur décrit pourtant les jihadistes comme de “jeunes gens un peu paumés”, bien plus à l’aise pour parler de Zidane que pour réciter des sourates du Coran.
Abderrahmane Sissako l’explique : tout Timbuktu est dans le contraste. Entre la lumière du désert et l’obscurité, mais aussi entre la lumière de l’Islam qu’il considère comme réel, et celui des jihadistes : “Une religion qui n’est pas faite de paix et d’amour n’est pas réelle”, explique-t-il.
S’il reconnaît, au sujet des récentes actions du groupe État islamique et de de Boko Haram, que “l’actualité nous rattrape toujours”, le réalisateur appelle à “ne pas tomber dans un désespoir total”.