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Les médias protestent contre les mises en garde du CSA sur la couverture des prises d’otages du 9 janvier

Les rédac­tions des télés et radios ont vive­ment protesté ven­dre­di con­tre les cri­tiques du Con­seil supérieur de l’au­dio­vi­suel (CSA) sur leur cou­ver­ture des atten­tats de Paris. Le CSA avait adressé jeu­di soir 36 aver­tisse­ments à seize médias pour avoir, pen­dant leurs directs sur les pris­es d’o­tages de jan­vi­er, révélé des infor­ma­tions sen­si­bles, sus­cep­ti­bles selon lui de men­ac­er la vie des otages. Le con­seil a égale­ment évo­qué des amendes ou autres sanc­tions en cas de récidive.

“Le CSA s’ar­roge le droit de faire évoluer ses mis­sions et de se trans­former en censeur des ondes”, dénonce le Syn­di­cat nation­al des jour­nal­istes (SNJ), qui s’in­quiète d’un “bâil­lon aux rédac­tions”Le CSA pousse à “l’au­to­cen­sure” des médias, ajoute le syn­di­cat. “Dans aucun pays démoc­ra­tique con­fron­té à des sit­u­a­tions sim­i­laires, une instance d’É­tat n’est allée aus­si loin dans la volon­té de s’ériger en guide tutélaire.” Le SNJ veut “se pour­voir devant la juri­dic­tion com­pé­tente” et appelle à la créa­tion d’une “véri­ta­ble instance nationale de déon­tolo­gie, asso­ciant des représen­tants des jour­nal­istes, des édi­teurs et du pub­lic”.

Pour Jean-Marc Four, directeur de la rédac­tion de France Inter, le CSA n’est ni légitime ni per­ti­nent en “maître d’é­cole” qui dis­tribue des “mau­vais points”“Le CSA impute aux médias la respon­s­abil­ité de déter­min­er quand une sit­u­a­tion de ‘sauve­g­arde de l’or­dre pub­lic’ l’emporte sur le devoir d’in­former. Or, nous n’avions reçu aucune con­signe des pou­voirs publics sur des infor­ma­tions qu’il con­viendrait de ne pas livr­er”, a‑t-il com­men­té sur l’an­tenne de France Inter.

“En dis­tribuant des mau­vais points aux médias audio­vi­suels, il laisse le champ libre à la jun­gle des réseaux soci­aux. Surtout, il pose en réal­ité un juge­ment moral sur ce devraient pub­li­er ou pas les jour­nal­istes. Au nom de quelle légitim­ité ce juge­ment est-il porté?” 

Même indig­na­tion de la Société des rédac­teurs d’Eu­rope 1, qui proteste con­tre une “sanc­tion injuste”. La Société des jour­nal­istes de TF1 a dit avoir décou­vert “avec colère” les mis­es en demeure du CSA.

“Le ton du CSA (…) est déplacé compte tenu, comme il le recon­naît lui-même, ‘des dif­fi­cultés pro­pres à la cou­ver­ture d’une telle actualité’.”