Education

Un livret contre la radicalisation des élèves distribué aux profs

"Mutisme", "propos antisociaux virulents", le ministère de l’Éducation a diffusé aux recteurs un livret opérationnel de prévention et de lutte contre les phénomènes de radicalisation.

A l’oc­ca­sion de la “Grande mobil­i­sa­tion de l’é­cole pour les valeurs de la République : ouver­ture des assis­es”, le min­istère de l’Éducation a dévoilé lun­di un livret pour prévenir la rad­i­cal­i­sa­tion des jeunes. Ce “mode d’emploi” de qua­tre pages, des­tiné aux chefs d’étab­lisse­ments et aux per­son­nels encad­rants, liste les signes de rad­i­cal­i­sa­tion et pro­pose une con­duite à tenir s’ils sont repérés chez un jeune.

Au cours des 4 pages du livret, le min­istère détaille les com­porte­ments sus­cep­ti­bles d’alert­er l’équipe éduca­tive : une rup­ture rela­tion­nelle avec les cama­rades, avec l’é­cole (absen­téisme, baisse des résul­tats sco­laires), avec la famille (fugues…). Une liste qui en appelle donc au bon sens des per­son­nels encadrants.

5 points pour détecter une radicalisation

L’ac­cent est mis sur “la mod­i­fi­ca­tion de l’i­den­tité sociale et des dis­cours”, dévelop­pée en 5 points. Si l’élève tient des “pro­pos anti­so­ci­aux vir­u­lents ou vio­lents”, qu’il mul­ti­plie les “ten­sions ou des con­flits avec autrui”, qu’il rejette et con­damne “la société occi­den­tale con­cer­nant son organ­i­sa­tion, ses valeurs, ses pra­tiques (con­sumérisme, immoral­isme…)”, les “instances d’autorité : par­ents, édu­ca­teurs, pro­fesseurs, etc” ou encore les “dif­férentes formes de la vie en col­lec­tiv­ité, repli sur soi, mutisme”, alors, il est pos­si­ble qu’il soit en péri­ode de radicalisation.

Un brin car­i­cat­ur­al le min­istère de l’Éducation ? Les jeunes cri­ti­quant le cap­i­tal­isme, où ceux ne s’intégrant pas bien dans leur étab­lisse­ment seront-ils soupçon­nés de “rad­i­cal­i­sa­tion” ? Que l’on se ras­sure. En préam­bule à cette liste, il est inscrit : “si un seul indice ne per­met pas de con­clure à la rad­i­cal­i­sa­tion, les change­ments de com­porte­ment suiv­ants peu­vent attir­er l’attention”.

Sont ensuite mis en avant 4 pan­neaux illus­trés expli­quant la marche à suiv­re en cas de con­stat de la rad­i­cal­i­sa­tion d’un élève : partage de l’in­for­ma­tion au corps enseignant, puis au recteur et, de manière plus réfléchie, au pro­cureur de la République, con­for­mé­ment à l’arti­cle 40 du code de procé­dure pénale.

Des instructions comparables à celles données aux familles

Le min­istère de l’Éducation n’est pas seul à se mobilis­er con­tre la rad­i­cal­i­sa­tion. Au mois de jan­vi­er, peu après les atten­tats des 7, 8 et 9 jan­vi­er derniers, le gou­verne­ment avait dif­fusé une vidéo pour décon­stru­ire la pro­pa­gande du groupe État islamique.

Les instruc­tions don­nées aux directeurs d’étab­lisse­ment et aux per­son­nels enseignants rap­pel­lent celles don­nées par le site inter­net Stop-djihadisme.gouv.fr, s’adres­sant, cette fois, aux familles.

Capture d’écran 2015-02-09 à 17.50.21

Pho­to d’en-tête : Un élève seul dans les march­es d’un col­lège. AFP PHOTO/ Stéphane de Sakutin.