Monde

La catastrophe migratoire vue par la presse européenne

Les dirigeants européens se sont séparés jeudi 23 avril sans autre solution immédiate que de tripler le budget des opérations de surveillance. Revue de presse européenne au lendemain de ce sommet extraordinaire.

Les Vingt-huit se sont réu­nis jeu­di 23 avril en réponse au drame des migrants naufragés en mer Méditer­ranée. Les chefs d’Etat et de gou­verne­ment ont décidé de tripler le bud­get de l’opération de sauve­tage Tri­ton. Les déci­sions con­cer­nant l’accueil de 5 000 migrants au sein de l’Union ont été ren­voyées à plus tard. Revue de presse d’une semaine d’ar­ti­cles sur la ges­tion de l’Union européenne de cette crise migratoire.

  • Une Europe divisée et soumise aux courants populistes

La frac­ture poli­tique entre les pays du Nord et les pays du Sud de l’Union, telle est une des caus­es de la mau­vaise ges­tion des flux migra­toires selon El Pais. Le quo­ti­di­en espag­nol a pub­lié, lun­di, un arti­cle sur les raisons de la paralysie européenne sur la crise en Méditerranée.Si les pays du Sud — l’Italie, l’Espagne, Malte, la Bul­gar­ie — sont des portes d’entrée sur le con­ti­nent européen et doivent gér­er des arrivées mas­sives de migrants, les pays du Nord — la France, l’Allemagne, la Suède ou la Bel­gique — sont ceux qui reçoivent le plus de deman­des de droit d’asile.

El Pais ajoute que la mon­tée du pop­ulisme dans cer­tains pays (le Front Nation­al en France, UKIP au Roy­aume-Uni, le Par­ti de la lib­erté aux Pays-Bas…) est aus­si une des raisons de l’immobilisme des dirigeants de ces mêmes pays : “Au lieu d’essayer de con­tr­er le dis­cours qui veut que l’immigration soit en par­tie respon­s­able de la crise économique et de la perte des valeurs, les dirigeants des prin­ci­paux par­tis ne bougent pas de peur de per­dre leur élec­torat”.

  • L’implication des pays européens dans le con­flit Libyen

Le quo­ti­di­en bri­tan­nique The Guardian reprend l’argument du leader du Par­ti tra­vail­liste Ed Miliban. Il accuse les pays européens impliqués dans la chute du gou­verne­ment libyen d’avoir mal géré leur inter­ven­tion. Pour lui, une par­tie de la crise migra­toire résulte même directe­ment de ce change­ment poli­tique et de la crise interne au pays qui s’en est suivie.

  • Des mesures d’ur­gence pour une ques­tion de fond

Le jour­nal Le Monde a choisi d’interroger le maire de Catane, en Sicile, une des zones les plus exposées à l’arrivée de migrants africains. Enzo Bian­co, élu du Par­ti démoc­ra­tique ital­ien et ancien min­istre de l’Intérieur de 1999 à 2001, en appelle beau­coup à l’Europe. Il réclame un cen­tre de pre­mier accueil arbo­rant un dra­peau de l’UE  afin que les migrants ne dor­ment plus dans des gym­nas­es à Catane, un déplace­ment du siège de Fron­tex, la police européenne des fron­tières, de Varso­vie à Catane, un dur­cisse­ment des lois pénales sur le traf­ic d’êtres humains, la créa­tion d’un poste de pro­cureur européen dévolu à ces ques­tions ain­si que la créa­tion de cor­ri­dors human­i­taires pour les deman­deurs d’asiles. Il con­clut en insis­tant sur le fait que “l’immigration n’est pas une urgence du moment mais une ques­tion de fond”. Pour­tant, les pays de l’Union se sont réu­nis le 23 avril “en urgence” lors d’un som­met extra­or­di­naire. Ils ont choisi de déblo­quer des fonds mais la ques­tion de l’accueil des migrants a été repoussée.