Sécurité

Deux mois après, le siège de Charlie Hebdo reste sous haute surveillance

Deux mois après l'attentat qui a endeuillé la rédaction de Charlie Hebdo, un important dispositif de sécurité reste déployé rue Nicolas Appert, théâtre du drame. Alors que les gendarmes filtrent l'accès à l'immeuble qui abrite la rédaction de l'hebdomadaire, l'hommage aux victimes se poursuit.

Les fleurs sont fanées mais l’hom­mage se pour­suit. Ce ven­dre­di, à l’an­gle de la rue Nico­las Appert, plusieurs per­son­nes se recueil­lent devant le mau­solée impro­visé au soir de l’at­ten­tat con­tre Char­lie Heb­do. Des bou­quets de fleurs et des dessins s’en­tassent pour ren­dre hom­mage aux douze vic­times de l’at­taque du 7 jan­vi­er. Le silence est pesant, à peine trou­blé par la dis­cus­sion ani­mée de deux adolescents.

Longtemps fer­mée à la cir­cu­la­tion, la rue est désor­mais ouverte. Les bar­rières qui la con­damnaient ont été enlevées. Sur place, un impor­tant dis­posi­tif polici­er reste déployé. Un four­gon de gen­darmerie sta­tionne devant l’im­meu­ble qui abrite la rédac­tion de l’heb­do­madaire. Cinq gen­darmes, présents 24 heures sur 24, en fil­trent l’ac­cès. “On effectue des rota­tions de huit heures”, explique l’un deux, lour­de­ment armé. Une cam­era de sécu­rité a été instal­lée devant l’immeuble.

“C’est moins rigoureux”

Pour entr­er au 10, Nico­las Appert, il faut mon­tr­er pat­te blanche. Les gen­darmes déti­en­nent la liste de tous les salariés qui tra­vail­lent dans l’im­meu­ble. Pour entr­er, cha­cun doit présen­ter son badge. “Au début, ils nous demandaient notre carte d’i­den­tité. Ce n’est plus trop le cas”, con­fie Sara, 28 ans, qui tra­vaille dans un ate­lier de broderie situé dans l’un des immeubles du lotisse­ment de Char­lie Heb­do. «Quand ils com­men­cent à nous recon­naître, les gen­darmes nous lais­sent entr­er directe­ment. C’est moins rigoureux».

Rares sont les salariés à vouloir s’ex­primer sur le cli­mat actuel. Sara évoque une ambiance lourde dans les bureaux, où le trau­ma­tisme de l’at­ten­tat ne s’est pas dis­sipé. “Cer­taines per­son­nes n’osent pas aller seules aux toi­lettes ou sur­saut­ent quand une porte claque”, rap­porte-t-elle. Sara a encore en mémoire l’as­saut des Frères Kouachi, qui lui a sem­blé dur­er une éter­nité. “Dans ces cir­con­stances, le temps s’étire”, observe-t-elle. Depuis l’at­taque, deux employés de son ate­lier ne sont tou­jours pas revenus travailler.

Pho­to d’en tête : La rue Nico­las Appert, théâtre de l’at­ten­tat con­tre le siège de Char­lie Heb­do. (Flickr/Creative Commons)