Sécurité

Trois ans et déjà trois plans anti-jihadistes pour François Hollande

Durant sa conférence de presse ce jeudi, François Hollande devrait se féliciter des "mesures exceptionnelles" décidées par Manuel Valls après les attentats. Mais depuis le début de son mandat, le chef de l'État a déjà pris trois plans pour lutter contre le terrorisme.

Ras­sur­er l’opinion, dis­suad­er les ter­ror­istes poten­tiels : après chaque atten­tat, le pou­voir poli­tique veut répli­quer. Entre lois hâtives et pro­jets réfléchis, les textes s’empilent. Depuis 1986, quinze lois con­tre le ter­ror­isme ont été votées. Lors de sa con­férence de presse, François Hol­lande ne pour­ra y couper. Il sera som­mé de détailler des répons­es aux atten­tats de jan­vi­er. Depuis le début du quin­quen­nat, en mai 2012, trois vastes plans ont déjà été adoptés.

1/ Décembre 2012, la loi de l’après-Merah

Après les tueries com­mis­es par Mohamed Mer­ah en mars 2012, un pro­jet de loi, présen­té à l’automne par Manuel Valls, alors min­istre de l’Intérieur, entre en vigueur en décembre.

Cette loi « rel­a­tive à la sécu­rité et à la lutte con­tre le ter­ror­isme » ren­force les peines en cas de provo­ca­tion au ter­ror­isme (jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende). La jus­tice française peut aus­si juger les actes ter­ror­istes com­mis à l’é­tranger par un Français « ou par une per­son­ne rési­dant habituelle­ment sur le ter­ri­toire français ».

2/ Novembre 2014, un arsenal répressif renforcé

La lég­is­la­tion « doit être adap­tée », avoue Bernard Cazeneuve, le min­istre de l’Intérieur, en juil­let dernier. Et en par­ti­c­uli­er con­tre les « méth­odes d’endoctrinement sur inter­net extrême­ment per­for­mantes ». Depuis les tueries de Mohamed Mer­ah, de plus en plus de per­son­nes sont recrutées en France par des fil­ières jihadistes. La loi de Bernard Cazeneuve est entrée en vigueur en novembre.

Depuis, des inter­dic­tions de sor­tie du ter­ri­toire peu­vent être mis­es en place jusqu’à six mois si la par­tic­i­pa­tion à des activ­ités ter­ror­istes à l’étranger est sup­posée. Un dis­posi­tif inverse est égale­ment adop­té : une inter­dic­tion de ter­ri­toire peut être pronon­cée si la présence d’un étranger con­stitue « une men­ace ».

La con­sul­ta­tion de sites inter­net liés au ter­ror­isme est désor­mais con­sid­érée comme un acte ter­ror­iste. Un édi­teur ou un hébergeur peut alors être dans l’obligation de retir­er des con­tenus liés au terrorisme.

La loi ren­force les sanc­tions con­tre l’apologie du ter­ror­isme (jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende).

Les décrets d’application de cette loi, sans lesquels elle n’est pas effec­tive, sont en train de paraître, comme celui qui con­cerne le blocage et le déréférence­ment des sites jihadistes, signé mer­cre­di au con­seil des ministres.

3/ Après « Charlie », Manuel Valls annonce des “mesures exceptionnelles”

Le plan Vigipi­rate est élevé au niveau « alerte atten­tat » dès les attaques de la semaine du 5 jan­vi­er. Quelques jours plus tard, dans un dis­cours d’hommage aux vic­times pronon­cé à l’Assemblée nationale, le Pre­mier min­istre Manuel Valls a promis des « mesures excep­tion­nelles ».

De ce dis­posi­tif est né le site « stop-djihadisme.gouv.com », qui com­mu­nique autour des actions du gou­verne­ment en la matière et per­met aux inter­nautes de par­ticiper à la préven­tion anti-terroriste.

Les mesures con­cer­nent en grande par­tie des aug­men­ta­tions d’effectifs : 2 680 emplois sup­plé­men­taires, dont 1 400 au min­istère de l’Intérieur et 950 à celui de la Jus­tice. Le Pre­mier min­istre a égale­ment annon­cé un « ren­force­ment très sig­ni­fi­catif des moyens humains et matériels » pour les ser­vices de ren­seigne­ment, déjà réfor­mé en 2013, après les tueries de Mohamed Mer­ah : 1 100 des 1 400 nou­veaux postes du min­istère de l’Intérieur seront dédiés au ren­seigne­ment sur le ter­ri­toire. Et, en mars, un pro­jet de loi sera présen­té pour créer un cadre légal à l’action des ser­vices de ren­seigne­ment, sur lequel règne encore un flou juridique.

Autant de mesures qui, au moment de la con­férence de presse, devraient être louées par François Hollande.

Pho­to d’en-tête : Un sol­dat devant le Con­sis­toire israëlite de Nice (AFP Pho­to / V. Hache)