Le visuel du spectacle
de Patrick Timsit retoqué
Trop exploÂsive. Le comité déonÂtologique de l’entreprise d’affichage JCDeÂcaux a peu goûté l’affiche du nouÂveau specÂtaÂcle de Patrick TimÂsit, « On ne peut pas rire de tout ». Elle met en scène l’humoriste étreignant un obus. Une image que JCDeÂcaux a jugé déplacée dans un conÂtexte qui voyÂait Paris être la cible de deux attaques terÂrorÂistes de grande ampleur. L’entreprise décide de ne pas l’exposer sur les colonnes MorÂris de la capÂiÂtale et s’en jusÂtiÂfie auprès de l’AFP, le 15 janÂviÂer, par sa volonÂté « de ne pas heurter, dans la rue, la senÂsiÂbilÂité de perÂsonÂnes déjà éprouÂvées par les évèneÂments tragÂiques de la semaine dernière ». Patrick TimÂsit et le Théâtre du Rond-Point, où l’humoriste se proÂduit à Paris, ont fait part de leur incomÂpréhenÂsion tanÂdis que Stéphane TrapiÂer, le dessiÂnaÂteur de l’affiche, s’est dit « sidéré et en colère ». Un nouÂveau visuel, plus conÂsenÂsuel, a été adopté.
. @RondPointParis comÂplet, ouverÂture de la bilÂletÂterie à la Gaité MontÂparÂnasse : http://t.co/VsOvdldpeB pic.twitter.com/MrvfSguMEP
— Patrick TimÂsit (@patricktimsit) 26 JanÂviÂer 2015
Timbuktu accusé « d’apologie du terrorisme »
SucÂcès popÂuÂlaire, 600.000 entrées à ce jour, présenÂté au fesÂtiÂval de Cannes 2014 et nomÂiné aux Oscars 2015 dans la catéÂgorie meilleur film étranger, TimÂbukÂtu, le long-métrage réalÂisé par AbderÂrahÂmane SisÂsako, voit son horiÂzon radieux légèreÂment terni par la déciÂsion de Jacques-Alain Bénisti, le maire UMP de VilÂliers-sur-Marne (Val-de-Marne).
Le 16 janÂviÂer, ce dernier, de manière uniÂlatérale, a déproÂgramÂmé dans sa comÂmune la proÂjecÂtion de TimÂbukÂtu qui raconÂte la vie d’un vilÂlage malien en prise avec des jihadistes. « J’ai peur que ce film ne fasse l’apologie du terÂrorÂisme », jusÂtiÂfie l’édile dans les colonnes du Parisien. Joint deux jours après par LibéraÂtion, Jacques-Alain Bénisti nuance cette verÂsion des faits. « Après les attenÂtats, j’ai décidé de le difÂfuser plus tard pour éviter des déborÂdeÂments ou que des jeunes prenÂnent des jihadistes comme modÂèle. La femme de Coulibaly, HayÂat BoumeÂdiÂenne, était origÂiÂnaire de la ville et cela a crée des tenÂsions dans les quartiers senÂsiÂbles. Mon rôle est de calmer tout le monde », a‑t-il précisé.
L’ Apôtre, déprogrammé par précaution
IniÂtialeÂment prévue pour le 23 janÂviÂer, à Nantes, la proÂjecÂtion du film l’Apôtre est annulée sur ordre de la DirecÂtion générale de la sécuÂrité intérieure (DGSI). En cause, le cliÂmat post-attenÂtat de Paris et la crainte de déborÂdeÂments susÂcités par le proÂpos du long-métrage de Chayenne Caron, qui aborÂde la conÂverÂsion d’un jeune musulÂman à la reliÂgion chréÂtiÂenne. « Devant les risques d’attentats, cette proÂjecÂtion pouÂvait être perçue comme une provoÂcaÂtion par la comÂmuÂnauté musulÂmane », préÂciÂsait alors la DGSE. Le 12 janÂviÂer, déjà , la proÂjecÂtion de la ficÂtion au cinéÂma Le VilÂlage, à NeuilÂly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), avait été avortée sur ordre de la préÂfecÂture de police, faisant de L’Apôtre une vicÂtime colÂlatérale des attenÂtats des 7 et 9 janvier.
Le musée Hergé ne rendra pas hommage à Charlie Hebdo
La manÂiÂfesÂtaÂtion devait se tenir le 22 janÂviÂer. Elle n’aura pas lieu. Le musée Hergé de LouÂvain-la-Neuve, en BelÂgique, a décidé d’annuler le vernissage d’une expoÂsiÂtion conÂsacrée à la carÂiÂcaÂture et à CharÂlie HebÂdo sur recomÂmanÂdaÂtion de la police et du maire de la ville. Ces derniers ont estimé que, compte tenu des menÂaces terÂrorÂistes qui pesaient sur la BelÂgique, dont le seuil d’alerte est au troisième niveau sur une échelle de quaÂtre, il n’était pas raisonnable d’ouvrir l’exposition. « Le musée Hergé n’est pas là pour attisÂer le feu. On va laissÂer passÂer quelques jours pour réfléchir », explique Nick RodÂwell, le secÂond mari de la veuve d’Hergé, fonÂdaÂteur du musée et patron de la société MoulinÂsart qui gère les droits du créaÂteur de Tintin, dans les colonnes du Monde.
Lapidée : la campagne publicitaire annulée
Le pubÂlic ne la verÂra jamais dans la rue. Elle, c’est l’affiche de la pièce de théâtre Lapidée. On peut y observÂer une larme de sang rouler le long du visÂage d’une femme voilée. L’importante camÂpagne de pubÂlicÂité, 150 colonnes prévues à cet effet, a été pureÂment et simÂpleÂment annulée. De surÂcroît, les acteurs ne se proÂduiront que trois fois au lieu des trente représenÂtaÂtions iniÂtialeÂment prévues. Encore une fois, les attenÂtats perÂpétrés à Paris et le coup de filet à Verviers, près de Liège, en BelÂgique, ont été au cÅ“ur des réflexÂions au moment de prenÂdre une déciÂsion. « Suites aux récents évèneÂments, nous devons faire preuve de décence et ne pas risÂquer d’énerver des fous furieux avec un visuel extrêmeÂment parÂlant. L’affiche peut être vue comme une provoÂcaÂtion », analyse Claude TelÂliez d’« Aigle Noir ProÂducÂtions ».
A Welkenraedt, l’exposition sur la censure…s’autocensure
Ephémère. Comme cette expoÂsiÂtion, à WelkenÂraedt, en BelÂgique, conÂsacrée à la cenÂsure à traÂvers l’Histoire et dont l’un des panÂneaux était conÂsacré à CharÂlie HebÂdo. Elle n’aura duré qu’un jour, le temps que les autorités locales et le cenÂtre culÂturel de la ville, qui accueilÂlait la manÂiÂfesÂtaÂtion, déciÂdent d’y metÂtre un terme. L’attentat conÂtre CharÂlie HebÂdo, les arrestaÂtions dans le milieu jihadiste belge, à Verviers, ainÂsi que le principe de préÂcauÂtion ont parÂticipé au retrait d’une expoÂsiÂtion dont le sujet était cruÂelleÂment d’actualité.
PhoÂto : AutoÂcenÂsure (CarÂolyn Tiry / CreÂative Commons)