Loi Macron, législative dans le Doubs, Boko Haram et… l’esprit du 11 janvier. Un mois après, les attentats des 7, 8, et 9 janvier flottaient sur tous les thèmes évoqués durant les deux heures de la conférence de presse.
Son allocution introductive était entièrement consacrée à ces « événements inscrits dans la mémoire nationale ». Le président a largement mis en avant le goût de la République dont les Français ont témoigné.
« L’esprit du mois de janvier 2015, c’est l’unité de la République. »
Quant au concret, les annonces sont maigres. François Hollande en a égrainé autour de trois grands axes : le civisme, l’école et les territoires.
La mise en place d’un “service universel”
La création d’un nouveau « contrat civique » avec la mise en place d’un « service universel » pour les jeunes et la création d’une réserve citoyenne pour tous les Français. Une telle mesure n’est pas nouvelle : François Hollande l’avait déjà formulée lors de son interview le 6 novembre sur TF1 et RTL :
« Je veux faire cette réforme sur le service civique. (…) Qu’on puisse aller vers un service civique qui pourrait s’appeler universel de temps limité. »
Surtout, le chef de l’État s’est gardé d’entrer dans le détail. Ce sont pourtant les contours précis du dispositif — durée, affectation, population visée — qui pourraient poser problème. En attendant, « tout jeune pourra faire un service civique à partir de juin s’il le demande », a‑t-il précisé.
Une expérimentation en métropole du service militaire adapté en place dans l’outre-mer aura lieu dans « trois centres disposés sur le territoire ainsi que dans 18 établissements adaptés ».
Sur le thème du civisme, François Hollande a également parlé d’un « renforcement de la démocratie participative », sans être plus précis.
La création d’une “grande école du numérique”
La création d’une « grande école du numérique », avec un « plan » visant à enseigner l’informatique de l’école élémentaire à la terminale, sera présenté. Là aussi, la seule nouveauté réside dans l’ampleur, car, le 6 novembre, François Hollande avait déjà annoncé un « grand plan numérique pour l’école ».
Une « réserve citoyenne d’appui », qui consiste en des interventions scolaires sur le temps périscolaire, sera mise en place, a rappelé François Hollande. Cette mesure est issue du plan de 11 mesures de l’école pour les valeurs de la République dévoilé le 22 janvier.
Une agence pour l’économie des territoires verra le jour
Une « agence nationale pour le développement économique sur les territoires » sera mise en place « le plus rapidement possible », a déclaré François Hollande, qui a mis l’accent sur la lutte contre les inégalités territoriales.
Le chef de l’État ne l’a pas caché : « Il y a plein de dispositifs qui existent. » La nouveauté de cette agence ? Regrouper toutes ces structures « qui se superposent, s’accumulent » dans une seule. Elle sera axée sur le soutien à la création d’entreprise, en chapeautant l’action de Bpifrance et la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Les moyens ? « Pas plus de fonds, ils existent déjà », a coupé le président.
François Hollande compte aussi renforcer les sanctions si les quotas en matière de construction de logements sociaux, prévus par la loi SRU, ne sont pas remplis. Cette mesure est le 22e des 60 engagements de campagne et a déjà été mise en place avec la loi Duflot, en janvier 2013.
Pas de changement en politique étrangère
Sur les dossier internationaux, que l’exécutif connecte désormais directement à la menace intérieure, François Hollande n’a rien apporté de nouveau. La loi de programmation militaire, qui fixe les moyens de la Défense, ne sera pas revue, hormis sur la baisse du rythme de réduction des effectifs, comme l’avait déjà dit le président lors de ses voeux aux armées le 14 janvier.
Il a aussi mis en avant les « mesures exceptionnelles » présentées par le Premier ministre Manuel Valls, le 21 janvier. La « loi sur le renseignement sera présentée en mars et votée avant l’été », a ainsi précisé le président.
Au Moyen-Orient, la ligne est toujours la même : l’effort est concentré en Irak ; en Syrie, le risque de favoriser le régime en place ou les islamistes en cas d’intervention est trop fort.
François Hollande, qui partait dès la fin de son intervention pour l’Ukraine, a donc géré sans vague sa cinquième grande conférence de presse, fort des nombreuses mesures déjà lancées. Il ne lui reste plus qu’à les appliquer.
Photo d’en-tête : François Hollande, lors de sa conférence de presse du 5 février. (Alain Jocard / AFP photo)