A droite, David Cameron, Premier ministre sortant et chef de file du parti conservateur. A gauche, Ed Miliband, à la tête du parti travailliste. Et le round s’annonce serré à l’occasion des élections législatives. Au terme d’une campagne molle et peu passionnante, éclipsée les derniers jours par la naissance de la Princesse Charlotte, les sondages d’opinion placent les deux candidats au coude-à-coude. Sur l’immigration, les électeurs auront bien du mal à les départager : tous les deux sont d’accord.
UKIP fait pression
David Cameron avait tout pour rempiler : avec plus de 2,5% de croissance et moins de 6% de chômage en 2014, son bilan économique honorable ferait rêver plus d’un candidat à l’élection suprême. Sauf que la relance, à marche forcée, s’est faite au gré d’une paupérisation record des Britanniques. Alors, dès que « Ed le Rouge », en embuscade, a compris le besoin de certains Britanniques de renouer avec davantage de justice sociale, David Cameron a droitisé sa campagne électorale. Le Premier ministre espère siphonner les récents succès électoraux du parti europhobe de Nigel Farage, le UKIP.
Le UKIP qui, avec les “autres petits partis”, pourrait se faire faiseurs de rois si David Cameron ou Ed Miliband n’obtiennent pas la majorité absolue à la chambre des Communes. La position sur l’immigration déterminera des alliances.
A droite toute !
Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2010, le candidat conservateur ne cesse de répéter qu’il “resserre” les flux migratoires. Le nombre d’immigrés de longue durée non originaires de l’Union européenne a baissé de 9% de septembre 2012 à septembre 2013. Et, pour la première fois en trois décennies, le nombre d’étrangers qui étudient en Angleterre est au plus bas depuis trois décennies, car les Indiens et Pakistanais ont eu plus de mal à obtenir des visas. Dans le même temps, les ressortissants en provenance de l’Union européenne, qui représentent presque la moitié des immigrés entrants, ont été 41% plus nombreux. Près de la moitié est originaire des pays de l’est — notamment la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie.
Mis sous pression sur sa droite, David Cameron ne cesse d’agiter l’épouvantail de ces Européens venus de l’est, les accusant de s’installer au Royaume-Uni pour abuser des aides sociales. Et il promet d’organiser un référendum sur une sortie de l’UE, le “Brexit” (British Exit), s’il est reconduit.
Les Travaillistes ont changé
Mais David Cameron a trouvé un concurrent inattendu sur le chemin de la campagne : Ed Miliband. Dans la presse, à la télévision ou sur les marchés, le candidat travailliste n’hésite pas à clamer que “le Labour a changé sur l’immigration”. De quoi sérieusement déstabiliser les Tories sur un domaine qui leur était jusque là réservé. Se targuant d’ “un plan clair, crédible et concret”, assurant ne pas se prévaloir de “fausses promesses”, Ed Miliband propose de limiter pendant deux ans l’accès des nouveaux arrivants aux prestations de l’Etat-providence.
Ce consensus intervient alors que le thème de la “perte d’identité” agite les Britanniques. Depuis les attentats de Londres en 2005, le Royaume-Uni tente, non sans difficulté, de réinventer une nouvelle politique d’intégration.
Comment le Royaume-Uni a façonné une politique d’intégration so British ? De la conquête de la diversité culturelle à la crise du multiculturalisme
(Crédit photo : Martin Cooper / Flickr)