Culture

Paris : sur les traces des “touristes Charlie Hebdo”

Quelques mois après les attentats qui ont marqué la France en janvier, la place de la République et les alentours des locaux de Charlie Hebdo sont fréquentés par des touristes qui viennent rendre hommage aux victimes. Reportage.

“Bon­jour, est-ce que vous pour­riez me pren­dre en pho­to devant la stat­ue ?”. Place de la république à Paris, Kamel Aouali pose tout sourire, ses lunettes de soleil sur le nez et le pouce levé, devant le Mon­u­ment à la République. Ce mar­di matin, ce n’est pas la stat­ue de bronze veil­lant sur la place qui intéresse Kamel, mais bien les nom­breux mes­sages ren­dant hom­mage aux vic­times des atten­tats de Char­lie Hebdo.

Der­rière lui, un cou­ple d’Es­pag­nols tente, lui, un périlleux self­ie. Trop proches du mon­u­ment lors de la pre­mière prise de vue, ils recu­lent jusqu’à pos­er un pied sur la route pour réus­sir leur auto­por­trait. La deux­ième prise est la bonne. Ces “touristes Char­lie Heb­do” ne sont pas les seuls à vouloir se pren­dre en pho­to devant le mon­u­ment, sym­bole de l’hom­mage aux vic­times des atten­tats per­pétrés en France en jan­vi­er dernier.

PHOTO TOURISTE
Les touristes pren­nent en pho­to les mes­sages de sou­tient plus que la stat­ue de la place de la République

Ce matin-là, pas une minute ne passe sans que quelqu’un ne sorte son appareil pho­to ou son smart­phone. Cer­tains s’ap­prochent au plus près pour pho­togra­phi­er les mes­sages ren­dant hom­mage aux vic­times. D’autres tour­nent inlass­able­ment autour de la stat­ue pour avoir le meilleur angle. Munis de leur Reflex, Jack et Kate, un cou­ple de Lon­doniens en vacances à Paris, font par­tie de ceux-là. “On ne prévoy­ait pas spé­ciale­ment de venir voir le mon­u­ment, racon­te cet Anglais de 25 ans. Mais, en pas­sant devant, on s’est arrêté quelques min­utes. C’est sym­bol­ique”. Comme eux, beau­coup de touristes arrivent là au gré de leur vis­ite parisi­enne, un peu par hasard.

Les touristes sont nombreux à prendre des photos du Monument à la République
Les touristes sont nom­breux à pren­dre des pho­tos du Mon­u­ment à la République

Pour Kamel, pas de hasard : arrivé la veille à Paris, sa pre­mière journée de tourisme est entière­ment con­sacrée aux lieux sym­bol­iques des événe­ments de jan­vi­er.

République c’était la première étape pour moi, explique cet Algérien.
Je compte aussi aller à l’Hyper Cacher après”.

En atten­dant, il immor­talise encore et encore cette place de la République. Peu lui importe que des tags plus poli­tiques comme “Je suis Sirizacachent aujour­d’hui les “Je suis Char­lie” et autres “Morts au com­bat pour la lib­erté”. La place est un sym­bole. C’est ici que le 11 jan­vi­er, la marche répub­li­caine a débuté dans la cap­i­tale. “Je n’ai pas eu l’oc­ca­sion d’être là au moment de la marche, explique-t-il. Je souhaitais vrai­ment être ici pour voir ce qu’ils ont lais­sé comme trace”.

Dans la rue de Charlie Hebdo, les touristes se font moins nombreux
Dans la rue de Char­lie Heb­do, les touristes se font moins nombreux

Ce bal­let pho­tographique con­traste avec le calme qui règne devant le 10 rue Nico­las Appert, là où a eu lieu la tuerie de Char­lie Heb­do. Ce mar­di midi, il n’y a pas foule. Christophe, lui se place seul au milieu de la route, son télé­phone à la main. Au bout de la rue, sa femme est assise sur un muret. Elle le regarde pren­dre des pho­tos. Devant les locaux du jour­nal satirique, un gen­darme armé fait des aller-retour. Ce cou­ple orig­i­naire de Seine-et-Marne est arrivé la veille sur Paris. Ils ont loué une cham­bre d’hô­tel pour une nuit : “On passe quelques jours à Paris et je me suis dit que ça pou­vait être intéres­sant de venir ici”.

Une fois quelques pho­tos pris­es, le cou­ple, encore mar­qué par l’é­mo­tion, con­tin­ue sa vis­ite de Paris. Ce pas­sage rue Nico­las Appert n’é­tait qu’une étape dans leur journée touris­tique. Au bar Le Poulailler, situé à quelques mètres du bâti­ment, une serveuse l’as­sure : “Au fur et à mesure, il y a de moins en moins de touristes”.