Politique

Les “cinquièmes colonnes” islamistes : Estrosi sous la critique

La bataille électorale pour les régionales est lancée. Dans le duel qui l'oppose à Marion Maréchal-Le Pen, le candidat UMP en région PACA, Christian Estrosi, durcit son discours envers l'islamisme en France en la qualifiant de "cinquièmes colonnes" islamistes. Des propos qui indignent toute la classe politique française.

A droite comme à gauche, les pro­pos du can­di­dat UMP, Chris­t­ian Estrosi, ne passent pas. Inter­rogé sur l’at­ten­tat déjoué con­tre les églis­es de Ville­juif (Val-de-Marne), le député maire de Nice a affir­mé, dimanche sur France 3, que la France doit faire face à des “cinquièmes colonnes” islamistes et qu’une “troisième guerre mon­di­ale” est déclarée à la “civil­i­sa­tion judéo-chré­ti­enne par l’islamo-facisme”.

Mythe chez les poli­tiques, ser­pent de mer pour les com­plo­tistes, le con­cept de la “cinquième colonne” remonte à la guerre civile espag­nole (1936–1939) où les répub­li­cains esti­maient que des fran­quistes infil­trés à Madrid avaient facil­ité la prise de la ville. Reprise au moment de la débâ­cle en France de 1940, cette expres­sion évoque aujour­d’hui l’idée d’une organ­i­sa­tion secrète obéis­sant à des ordres venus de l’extérieur.

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“J’y vais fort, oui”

Pour Chris­t­ian Estrosi, “oui les catholiques sont une cible […] et la civil­i­sa­tion judéo-chré­ti­enne dont nous sommes héri­tiers aujour­d’hui est men­acée”. Cet “islamo-fas­cisme” est “présent en Irak en Syrie” mais aus­si en France, “à tra­vers les cinquièmes colonnes et leurs réseaux infil­trés dans nos caves, dans nos garages, dans les lieux clan­des­tins”, a lancé Chris­t­ian Estrosi. Relancé sur l’ex­pres­sion “cinquièmes colonnes”, l’élu UMP a expliqué qu’il était néces­saire d’aller fort et de “dire la vérité”. Sur Twit­ter, il n’hésite pas à affirmer, ce lun­di matin, que le terme “cinquième colonne ” s’ap­plique “bien à la situation”.

De l’ex­trême-gauche à l’ex­trême-droite, l’indig­na­tion est unanime. Pour l’ensem­ble de la classe poli­tique française, Chris­t­ian Estrosi part à la con­quête des électeurs du Front Nation­al, en vue des prochaines élec­tions régionales.

“Une dérive lamentable”

Dans un com­mu­niqué de presse, le Par­ti com­mu­niste français accuse Chris­t­ian Estrosi de faire le jeu du FN en s’en­gageant “dans une course-pour­suite avec la famille Le Pen et dénonce des “pro­pos d’une extrême grav­ité”. Le par­ti de Pierre Lau­rent a égale­ment demandé “aux hommes et aux femmes de notre pays à ne pas tomber dans le pan­neau d’un can­di­dat qui cherche à faire par­ler de lui.”

Sur Twit­ter, l’actuel porte-parole du gou­verne­ment, Stéphane Le Foll a dénon­cé “la dérive lam­en­ta­ble de M. Estrosi qui ne se cache même plus d’imiter les délires FN. Et en plus il faudrait l’ap­pel­er Répub­li­cain!”, une allu­sion au nou­veau nom de l’UMP.

Inter­rogé sur I‑Télé, lun­di matin, le prési­dent du groupe social­iste à l’Assem­blée nationale, Bruno Le Roux par­le “d’élu­cubra­tions qui font le jeu des ter­ror­istes”.  Et “vouloir faire en sorte d’être dans la sus­pi­cion général­isée en par­lant de cinquième colonne”, “je trou­ve ça par­ti­c­ulière­ment grave”, a déclaré l’élu de Seine-Saint-Denis.

Le patron du PS, Jean-Christophe Cam­badélis iro­nise sur la sit­u­a­tion en com­para­nt Chris­t­ian Estrosi à Rantan­plan, le chien de Lucky Luke qui brille d’al­bum en album par sa sim­plic­ité d’esprit.

A droite, les réac­tions sont quant à elles mit­igées. Dif­férents cadres de l’UMP ont pris la défense du can­di­dat UMP. En tête de liste, Nadine Mora­no. Inter­rogée sur RMC/BFMTV, la député européenne et anci­enne min­istre a décrit la “cinquième colonne comme une réal­ité” en France. Tout comme Lionel Luca, député UMP des Alpes-Mar­itimes, pour qui “Estrosi n’a fait que dire une évidence”.

A l’in­verse, le prési­dent UMP au Sénat, Ger­ard Larcher s’est dit choqué par l’u­til­i­sa­tion du mot “fas­ciste” et a ajouté que la “théorie de la cinquième colonne n’est pas ma théorie”.

“Une outrance verbale pour des raisons électorales”

Même dans les rangs du FN, les pro­pos du maire de Nice provo­quent des réac­tions.  Pour Flo­ri­an Philip­pot, reçu ce matin sur France 2, “M. Estrosi est dans l’outrance ver­bale pour des raisons élec­torales mais cache une inac­tion coupable car son par­ti est respon­s­able de la sit­u­a­tion actuelle”. Une sit­u­a­tion que met en avant sur Twit­ter Mar­i­on Maréchal-Le Pen, can­di­date aux élec­tions régionales face à Chris­t­ian Estrosi. Pour la députée du Vau­cluse, “Nice est dev­enue une cap­i­tale du dji­hadisme en quelques années”. Un bilan acca­blant pour M. Estrosi à quelques mois des élec­tions régionales.

Désavoué par le FN pour des pro­pos sim­i­laires, l’eu­rodéputé Aymer­ic Chauprade n’a pas hésité, via Twit­ter, à plaisan­ter sur la sit­u­a­tion de l’actuel maire de Nice, Chris­t­ian Estrosi.

Capture d’écran 2015-04-27 à 10.59.18Par l’u­til­i­sa­tion du terme “cinquième colonne”, le can­di­dat UMP aux prochaines élec­tions régionales, Chris­t­ian Estrosi, chas­se sur les ter­res du FN et se place même au-delà du par­ti d’ex­trême droite.