Entassés au milieu des bidons d’essence, dans des canots longs de quatorze mètres, ils sont 220 à avoir débarqué jeudi dans le port de Catane, en Sicile. C’est un patrouilleur de la Guardia di Finanza (police des finances) qui a secouru ces clandestins, à quarante kilomètres au large des côtes libyennes.
Quelques jours après le naufrage d’un chalutier qui a fait 800 morts, le flux des migrants ne faiblit pas. Les chiffres de l’année 2015 s’annoncent vertigineux. L’Organisation maritime internationale (OMI), rattachée à l’ONU, annonce qu’un demi-million de migrants tenteront la traversée de la Méditerranée cette année. Pour Koji Sekimizu, directeur de l’organisation, « si rien n’est fait pour lutter contre ceux qui organisent le trafics d’êtres humains », plus de 10 000 personnes pourraient trouver la mort.
#MIGRANTS nouveau sauvetage de 220 migrants grâce à un appel passé aux gardes-côtes italiens http://t.co/KGzC7KMOqZ pic.twitter.com/ihX0p2oGpd
— francetv info (@francetvinfo) April 23, 2015
30 fois plus de morts que l’an dernier
Dans le même temps, le ministère italien des Affaires étrangères annonce que 5 000 migrants pourraient débarquer sur les côtes italiennes chaque semaines, d’ici le mois de septembre. Une déclaration qui corrobore les propos du directeur de l’OMI puisque si ces chiffres se vérifient, cela portera le nombre de nouveaux venus à 200 000 rien qu’en Italie. Le pays pourrait d’ailleurs se retrouver submergé par un afflux impossible à maîtriser. Actuellement, 81 000 personnes dont 13 000 mineurs sont accueillis par l’Italie, selon Mario Morcone, préfet chargé de l’immigration.
Mais ces chiffres sont d’autant plus inquiétant lorsqu’ils sont mis en parallèle avec ceux de l’année 2014. L’an dernier, 170 000 migrants ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe et 3 000 d’entre eux ont péri. Rien que sur le premier trimestre de 2015, 1 750 migrants sont morts en mer, alors qu’ils n’étaient que 56 l’an dernier à la même période, d’après l’OIM. Fin 2014, Rome annonçait déjà ne plus pouvoir supporter le coût des opérations.
“Nous ne devrions pas seulement nous préoccuper des opérations de recherches et de secours, mais aussi lutter contre les passeurs, les trafiquants en coulisses” — Koji Sekimizu, président de l’OIM.
Un devoir « moral »
« Il est temps de réfléchir vraiment à la manière de stopper le passage très dangereux et risqué de migrants sur de petits bateaux », a déclaré Koji Sekimizu, lors d’une conférence à Singapour. « Nous ne devrions pas seulement nous préoccuper des opérations de recherches et de secours, mais aussi lutter contre les passeurs, les trafiquants en coulisses », a souligné le responsable.
Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, évoquait la nécessité d’une meilleure répartition des responsabilités pour l’accueil des migrants et des réfugiés, et parlait de « devoir moral ». Une urgence qui se justifie encore plus à la lumière du récit des 28 survivants de la catastrophe de dimanche. L’un des deux passeurs a donné quelques détails sur la traversée. Ceux qui avaient le moins d’argent étaient entassés à fond cale, les autres, sur le pont intermédiaire.
Les dirigeants européens se retrouvent aujourd’hui pour un sommet extraordinaire à Bruxelles. Une opération militaire pourrait être envisagée contre les trafiquants de migrants en Lybie. En attendant que l’Europe se décide, le ressac des migrants continue de venir s’écraser contre les côtes italiennes.
(Avec AFP)
Crédit photo : CC-BY Noborder Network