« On ne peut pas faire comme si chaque drame était le dernier en croisant les doigts pour qu’il ne s’en produise pas d’autre » : Sandro Gozi, ministre italien des affaires européennes, interrogé par le journal Le Monde, résume l’attitude de l’ensemble de l’Union européenne face aux hécatombes des migrants africains qui se multiplient depuis le début de l’année.
La question de l’immigration clandestine a été rajoutée en dernière minute à l’ordre du jour de la réunion des ministres des affaires étrangères des pays de l’UE, prévue jeudi à Luxembourg.
I have decided to call an extraordinary European Council this Thursday to address situation in #Mediterranean. http://t.co/a3UXkDNpjo #EUCO
— Donald Tusk (@eucopresident) April 20, 2015
« J’ai décidé de réunir un Conseil européen extraordinaire, ce jeudi, pour discuter de la situation de la mer Méditerranée » - Donald Tusk, président du Conseil européen.
La tragédie du naufrage de dimanche, où 800 personnes ont trouvé la mort d’après le dernier bilan du Haut Commissariat aux réfugiés, relance cruellement la question de l’action de l’Union européenne face aux problèmes de ses frontières.
Augmentation dramatique du nombre de morts
L’opération Mare Nostrum, que l’Italie supportait presque exclusivement seule, a été en partie remplacée par l’opération Frontex Triton.
France TV infos calcule que le nombre de migrants morts ou disparus en mer Méditerrannée a été multiplié par 5 entre 2013 et 2014, années de transition entre Mare Nostrum et Frontex Triton.
Sur le site du Monde, les Décodeurs précisent qu’il y a eu dix fois plus de morts entre janvier et avril 2015 qu’à la même période en 2014. Les deux causes majeures de ces hécatombes sont la situation humanitaire en Syrie, qui pousse les civils à fuir le pays, et la zone de non-droit qu’est devenue la Libye.
I‑Télé résume dans une vidéo les principaux mouvements migratoires qui traversent l’Afrique et convergent vers les rives de la Méditerrannée :
Or, si chaque ministre européen y est allé de son commentaire sur l’urgence absolue de trouver des solutions, rappelle le Huffington Post, personne ne détient la solution miracle.
D’après Le Figaro, l’idée d’augmenter les moyens de la mission Frontex fait consensus ; plus discrètement, les pays membres envisagent de mettre en place des quotas de migrants, afin de mettre fin à la charge qui pèse exclusivement sur les épaules de l’Italie.
Derrière ces effets d’annonce, décidées dans l’urgence, pointe l’absence de mesures de long terme pour mettre fin à ces tragédies. Pourtant, ce ne sont pas les solutions qui manquent, d’après Mediapart : elles supposent néanmoins de remettre en place les sauvetages systématiques des bateaux de migrants, grâce au décuplement des moyens alloués à Frontex. Une idée que, pour l’heure, les pays membres rechignent à mettre en place.
Crédit photo : Noborder Network, ©Flickr