Le Parlement autrichien a réformé mercredi 25 janvier sa loi sur l’islam et a interdit le financement du culte musulman par des fonds étrangers. Cette initiative a été observée de près par le Premier ministre français Manuel Valls, qui pourrait s’en inspirer, selon le ministre de l’intégration autrichien.
La coalition gauche-droite qui est au pouvoir avance que cette mesure permettra d’éviter les radicalisations, à l’heure où près de 200 Autrichiens combattraient aux côtés du groupe Etat islamique en Syrie et en Irak. Avec cette réforme, la formation des imams est également plus encadrée, puisqu’ils ont à présent l’obligation de parler l’allemand. « Nous souhaitons voir à l’avenir de plus en plus d’imams ayant grandi en Autriche, parlant l’allemand et pouvant ainsi servir d’exemples positifs aux jeunes musulmans », a expliqué le ministre de l’Intégration Sebastian Kurz. La loi précise que les organisations musulmanes devront avoir une “approche positive de la société et de l’Etat pour être agréées”.
Le texte introduit pour la première fois le droit pour les musulmans à disposer d’aumôniers dans l’armée, les hôpitaux, les maisons de retraite et les prisons. La nourriture halal sera également autorisée dans les écoles publiques.
Une loi jugée discriminatoire
Mais malgré ces nouveaux droits, la loi passe mal chez les associations musulmanes. La porte-parole de l’association Communauté musulmane en Autriche, Carole Amina Baghajati est agacée par la partie du texte qui précise que la loi de l’Etat passe avant les lois religieuses : « C’est si évident qu’il est inutile de le préciser, sinon pour rassurer les autres communautés ».
Mais c’est surtout l’interdiction du financement du culte par des fonds étrangers qui crispe les associations musulmanes. Elles jugent la mesure discriminatoire puisque les cultes juifs et chrétiens ne sont pas soumis à cette interdiction. « Nous réfléchissons à la manière de poursuivre notre action, peut-être devant la Cour constitutionnelle ou la Cour de justice européenne » a déclaré le Réseau société civile musulmane (NMZ). D’ores et déjà, des manières de contourner la loi ont été envisagées par les associations, notamment en faisant passer les financements par des fondations.
Photo d’en-tête: Mosquée et centre islamique de Vienne (Michael Kranewitter)