A chaque attaque antisémite, Manuel Valls répond fermement. « Un juif qui part de France, c’est un morceau de France qui s’en va », a‑t-il lancé sur RTL, lundi. C’est peut-être ce qui a fait dire à Roland Dumas, ancien ministre des Affaires étrangères, qu’il est “probablement” sous “influence juive”, en particulier celle de sa femme. La judéité de son épouse, la violoniste Anne Gravoin, est connue et même évoquée par le Premier ministre.
Ces mots, Manuel Valls les prononce le 17 janvier 2011, une semaine après s’être déclaré candidat à la primaire socialiste en vue de l’élection présidentielle 2012. Participant à une conférence-débat organisée par la radio Judaïca Strasbourg, il clame, visiblement échaudé par une intervention critiquant son manque de vigueur dans la lutte contre l’antisémitisme, qu’il est, par sa femme, « lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ».
“Petit soldat israélien”, selon Dieudonné
Car, explique L’Express, s’il militait dès ses années étudiantes aux côtés de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), l’union avec Anne Gravoin a particulièrement sensibilisé Manuel Valls à l’impact de la Shoah. La famille de son épouse a en effet, selon le Premier ministre, fui les pogroms de Moldavie.
Ces liens revendiqués avec les juifs valent à Manuel Valls de nombreuses attaques, en particulier par l’extrême droite. Dieudonné l’avait qualifié de « petit soldat israélien veule et docile » en 2013.
La vidéo de la conférence-débat de l’ancien candidat à la primaire socialiste est régulièrement reprise par les sites extrémistes comme preuve de la puissance du lobby juif, à l’exemple du groupuscule antisémite Egalité & Réconciliation.
Vidéo supprimée
A tel point que la vidéo provoque un certain malaise, comme l’explique Arrêt sur images. Patrick Cohen (pas celui de France Inter), qui dirige la radio Judaïca Strasbourg , explique que Manuel Valls a changé de stature et que le contexte est nécessaire à la compréhension de son propos. Judaïca Strasbourg a décidé de retirer la vidéo en 2012, ainsi que toute trace écrite de cette intervention, tout en affirmant ne pas l’avoir fait après une demande du nouveau ministre de l’Intérieur.
La mention de cette phrase est même supprimée par un administrateur de Wikipedia sur la page de Manuel Valls. Celui-ci justifie ce choix par la portée « anecdotique » du propos. Depuis, les propos du chef du gouvernement sont de nouveau mentionnés sur sa page.
Photo d’en-tête : le Premier ministre Manuel Valls. Crédit : Zedka29.