Politique

L’UMP veut reprendre la main sur la sécurité

En déposant sept propositions de lois sur la lutte contre le terrorisme, l’opposition essaye d’occuper l’espace médiatique et de se relancer sur l'un de ses thèmes de prédilection : la sécurité.

 

Plusieurs députés UMP ont déposé, le 13 févri­er, sept propo­si­tions de loi por­tant sur la sécu­rité et la men­ace ter­ror­iste. La plu­part ont déjà été évo­quées au lende­main des atten­tats, comme l’obligation du port d’arme pour tout polici­er munic­i­pal ou la déchéance de nation­al­ité pour les indi­vidus coupables d’actes terroristes.

La nou­veauté con­cerne l’apparition d’un volet édu­catif, avec une doléance d’Er­ic Ciot­ti pour lut­ter con­tre les com­porte­ments irre­spectueux des valeurs de la République à l’école et une sug­ges­tion du député Mau­rice Leroy : l’instauration de cours de morale républicaine.

Mais plus que présen­ter des avant-pro­jets, il s’ag­it pour l’UMP de réaf­firmer sa préémi­nence sur la sécu­rité. Sujet sur lequel le par­ti n’a plus la main mise depuis les arrivées suc­ces­sives de Manuel Valls au min­istère de l’Intérieur puis à la tête du gou­verne­ment de François Hollande.

Une sit­u­a­tion qui s’est encore accen­tuée après les évène­ments de jan­vi­er : la ges­tion de crise par le cou­ple exé­cu­tif a été saluée par 80 % des Français selon un sondage Har­ris Inter­ac­tive pour LCP-Assem­blée nationale, pub­lié le 13 jan­vi­er. Un véri­ta­ble crève-cœur pour la droite devancée sur l’une de ses chas­s­es gardées.

Proposer pour exister

Depuis, le par­ti de Nico­las Sarkozy tente d’inverser la vapeur. Dès le 14 jan­vi­er, l’ancien chef de l’État égrène douze propo­si­tions, dont cer­taines spec­tac­u­laires, pour lut­ter con­tre le terrorisme.

Par­mi elles, la réforme de l’espace Schen­gen et le retrait ou la déchéance de la nation­al­ité française pour les ter­ror­istes bina­tionaux divisent au sein même de l’UMP. “La déchéance de nation­al­ité, ça ne vas pas empêch­er les ter­ror­istes de revenir”, déclare, dubi­ta­tive, Rachi­da Dati.

Alain Jup­pé émet égale­ment des réserves. “Cette propo­si­tion ne me paraît pas très solide du point de vue juridique”, fait remar­quer le maire de Bordeaux.

Peu importe. Les idées portées par Nico­las Sarkozy remet­tent le par­ti sur le devant de la scène et lui per­me­t­tent d’occuper un espace médi­a­tique alors vam­pirisé par l’exécutif. Dans cette surenchère de mesures sécu­ri­taires, le cal­cul élec­toral n’est jamais loin : Marine Le Pen s’est elle aus­si pronon­cée en faveur de la déchéance de nationalité.

Force est de con­stater que L’UMP s’at­tèle, tant bien que mal, à séduire l’élec­torat du Front Nation­al, chose qu’il avait su faire lors de la vic­toire de Nico­las Sarkozy aux élec­tions prési­den­tielles de 2007. Néan­moins, il n’est pas garan­ti que le par­ti parvi­enne a réitér­er cette per­for­mance au vu des sondages don­nant Marine Le Pen en tête au pre­mier tour de l’élec­tions prési­den­tielles de 2017. Autre temps, autre moeurs.

Pho­to d’en tête : voiture de police devant le siège de l’UMP à Paris, (Reuters / Charles Platiau)