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Devant l’ambassade du Danemark à Paris, par solidarité plus que par peur

Une centaine de personne s'est réunie dimanche soir à Paris en soutien au Danemark, ciblé par une double fusillade samedi. C'est la solidarité plus que la peur qui a formé ce groupe

La dynamique est tris­te­ment bien rodée. Unes de Char­lie Heb­do, dra­peaux français et poèmes de lib­erté ont été ressor­tis des plac­ards dimanche pour le rassem­ble­ment devant l’am­bas­sade du Dane­mark à Paris. À l’ap­pel de Sos Racisme, de l’U­nion des étu­di­ants juifs de France, et de l’As­so­ci­a­tion des vic­times français­es du ter­ror­isme, une cen­taine de per­son­nes s’est rassem­blée à par­tir de 18h face au bâti­ment voisin des Champs Elysée. L’en­droit était pro­tégé par des bar­rières de police depuis la dou­ble fusil­lade same­di à Copen­h­ague con­tre un cen­tre cul­turel et une synagogue.

Rassemblement devant l'ambassade du Danemark à Paris, dimanche 15 février, après une double fusillade à Copenhague.
Rassem­ble­ment devant l’am­bas­sade du Dane­mark à Paris, dimanche 15 févri­er, après une dou­ble fusil­lade à Copenhague.

François Hol­lande a fait le déplace­ment pour exprimer sa sol­i­dar­ité plus tôt dans le journée. Les attaques danois­es, dont la pre­mière est sur­v­enue lors d’un hom­mage à Char­lie Heb­do, font échos aux atten­tats de Paris. “Ça m’a sem­blé évi­dent de venir”, explique Paul Raguet, lycéen de 17 ans proche de SOS Racisme. Il bran­dit une pan­car­te sur laque­lle est repro­duite la Une de Char­lie Heb­do “L’amour plus fort que la haine”, comme il l’avait fait le 11 jan­vi­er. “Elle est tou­jours de cir­con­stance”, con­state-t-il. Ce n’est pas la peur qui a con­duit le jeune homme à venir se recueil­lir mais la sol­i­dar­ité. Pour­tant beau­coup comme lui font un con­stat amer : les attaques ten­dent à se mul­ti­pli­er en Europe.

“Israël sol­idaire”, crie au-dessus de la foule silen­cieuse une voix, dans laque­lle on devine la colère.Des bou­gies sont allumées, autour du nom de Dan Urzan. Mort dans la fusil­lade de la syn­a­gogue danoise, il est la deux­ième vic­time du week-end après le réal­isa­teur norvégien, Finn Nør­gaard.  “Théorique­ment je devrais venir parce que je suis juif, mais je suis là en tant que citoyen”, souligne Lucien Melese. A 78 ans, il a con­nu la sec­onde guerre mon­di­ale et insiste sur un mot écrit sur son écriteau : laïcité.

Rassemblement devant l'ambassade du Danemark à Paris, dimanche 15 février, après une double fusillade à Copenhague qui a fait deux victimes.
Rassem­ble­ment devant l’am­bas­sade du Dane­mark à Paris, dimanche 15 févri­er, après une dou­ble fusil­lade à Copen­h­ague qui a fait deux victimes.

Plus loin, un jeune homme a enroulé un dra­peau danois autour de ses épaules. L’i­mam d’Aux­erre, Rachid Bir­bach a égale­ment fait le déplace­ment. Ben­jamin Abtan, prési­dent du Mou­ve­ment antiraciste européen, est là. “C’est une nou­velle attaque con­tre ceux qui sont por­teurs des valeurs démoc­ra­tiques et font bar­rière aux pro­jets extrémistes”, déplore-t-il.

Un peu à l’é­cart, Mebrou­ka Had­jadj a déroulé sur le trot­toir la fresque qu’elle a com­mencée le 7 jan­vi­er, juste après l’at­ten­tat de Char­lie Heb­do. Scan­dal­isée par le drame, cette mère au foy­er de la cité sen­si­ble des 4000 à La Courneuve, recon­ver­tie dans l’art, a com­mencé à écrire “Je suis Char­lie” sur un rouleau de tis­su qu’elle avait chez elle, avant d’in­viter les gens à com­pléter le mes­sage. Elle l’a étalé devant l’Hy­per cash­er, puis pour l’ar­rivée des marcheurs de Bor­deaux devant les locaux de Char­lie Heb­do, et sou­vent dans son quarti­er. Elle veut ouvrir un espace d’ex­pres­sion con­tre les fon­da­men­tal­istes qui essayent d’at­ta­quer cette lib­erté. “Ca me rap­pelle les années noires en Algérie”, soupire Mebrou­ka Had­jadj. Quelques per­son­nes présentes dessi­nent leur main à côté des précé­dentes, imp­ri­mant sur le tis­su une con­ti­nu­ité entre les événe­ments de Paris et ceux de Copenhague.

Lire : Ce que l’on sait des atten­tats de Copenhague

Pho­to d’en-tête : Devant l’am­bas­sade du Dane­mark le 15 févri­er, une fresque col­lec­tive com­mencée le 7 jan­vi­er, après l’at­ten­tat de Char­lie Heb­do. (Juli­ette Harau)