L’émotion est encore vive en Jordanie, une semaine après la revendication par le groupe État islamique de l’exécution du pilote Maaz al-Kassaesbeh. Ce matin, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale pour protester contre le groupe terroriste. Même la reine Rania était parmi les manifestants.
#Jordan: Queen Rania and thousands of others march on the streets against #ISIS. pic.twitter.com/kptX7efThe
— Julie Lenarz (@MsIntervention) 6 Février 2015
Si la population réagit vivement à l’assassinat, les autorités ne sont pas en reste. Dès l’annonce du crime, le porte parole de l’armée a déclaré que la “vengeance sera[it] proportionnelle à cette catastrophe qui a frappé l’ensemble des Jordaniens”. Dans la foulée, le gouvernement a annoncé qu’il allait exécuter Sajida Al-Riwashi, la terroriste irakienne que le groupe Etat islamique réclamait en échange du pilote. Un autre prisonnier également accusé de terrorisme a été pendu.
Après ces premières représailles, le gouvernement a ensuite décidé de bombarder les positions du groupe terroriste en Syrie.
Dans cette vidéo de l’intervention, on voit deux pilotes écrire à la craie sur les bombes qu’ils vont larguer. Le premier note que “L’islam n’a rien à voir avec l’État islamique” et le second inscrit une citation du Coran, indiquant que les “terroristes brûleront en enfer”.
Après la violence, une stratégie de manipulation risquée
Dernière mesure en date prise par la Jordanie, la libération aujourd’hui du prédicateur jihadiste Abou Mohamed al-Maqdassi, en prison depuis octobre 2014 pour “propagation sur internet des idées d’un groupe terroriste, le Front al-Nosra”. À peine remis en liberté, l’homme a été invité à s’exprimer sur la chaîne de télévision jordanienne, Royal News, dans une émission spéciale en hommage au pilote. Il a martelé que le califat du groupe État islamique n’était “pas légitime”. L’idée en libérant cet homme proche d’Al-Qaïda est de décrédibiliser le groupe État islamique. Pour Wassim Nasr, journaliste à France 24, “il est connu pour être un virulent opposant à l’organisation de l’État islamique. L’intérêt d’Amman est que Maqdessi décrédibilise, avec des arguments religieux, l’EI et la sentence infligée au pilote, à savoir l’immolation par le feu”. Une stratégie risquée puisqu’elle revient à favoriser un groupe terroriste pour en affaiblir un autre.
Photo d’en-tête: Les avions de l’armée jordanienne prêts à frapper le groupe État islamique en Syrie (Capture d’écran vidéo de l’armée jordanienne).