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Intégration

Le service militaire adapté : un dispositif efficace, mais coûteux

François Hollande a affiché sa volonté de développer le service militaire adapté (SMA) lors de sa conférence de presse jeudi 5 février. Pour le moment réservé aux jeunes de l'outremer, il devrait être étendu à la métropole, avec l'ouverture de trois centres d'expérimentation. Retour sur les visées sociales de ce service militaire créé spécifiquement pour les DOM-TOM en 1961.

Avec pour slo­gan: « Notre vic­toire: leur réus­site », le SMA vise les 18–26 ans « en risque impor­tant de déso­cial­i­sa­tion ». Tech­nique­ment, il s’agit de jeunes iden­ti­fiés comme « en décrochage » sco­laire, n’ayant obtenu aucun diplôme de fin d’études (CAP, BEP, ou bac­calau­réat). 60 % d’entre eux n’ont pas non plus le brevet des col­lèges. L’ob­jec­tif, redonner « con­fi­ance », appren­dre le « goût de l’effort », apprend-on dans la brochure du SMA. Un pro­jet qui sem­ble fonc­tion­ner : en moyenne, 76 % des inscrits sor­tent avec un emploi ou con­tin­u­ent une for­ma­tion. Ils sont suiv­is jusqu’à six mois après la fin de leur stage, notam­ment en lien avec l’Agence de l’Outre-Mer pour la mobil­ité, qui pro­pose du tra­vail et des for­ma­tions en métropole.

En 2013, ils étaient 5 429, dont 20 % de jeunes femmes, de tout l’outre-mer, à s’engager pour six à 12 mois dans ce stage de réin­ser­tion mil­i­taire. Au pro­gramme : for­ma­tion mil­i­taire, pré­pa­ra­tion du per­mis de con­duite, stage en entre­prise et for­ma­tion pro­fes­sion­nelle. Résumée en 5 « règles d’or », la dis­ci­pline des volon­taires est stricte.

Les 5 règles d'or.
Les 5 règles d’or du sta­giaire SMA.

Cap­ture d’écran : www.le-sma.com

Fondé en 1961 dans les Antilles, le SMA a cohab­ité avec le ser­vice mil­i­taire clas­sique jusqu’à la pro­fes­sion­nal­i­sa­tion des armées en 1996. Main­tenu depuis, ses objec­tifs ont été réé­val­ués à la hausse par le gou­verne­ment en 2009, avec pour cible 6 000 béné­fi­ci­aires d’ici 2016. Répar­tis en huit unités, dont six rég­i­ments (Guyane, Mar­tinique, Guade­loupe, la Réu­nion, Nou­velle-Calé­donie et Polynésie française), un groupe­ment (à May­otte) et un détache­ment (à Périgueux), le SMA devrait donc prochaine­ment voir naître trois nou­veau cen­tres métropolitains.

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Cap­ture d’écran : www.le-sma.com 

Financé par l’État, les col­lec­tiv­ités locales, et l’Union européenne (à hau­teur de 24 % en 2013), le SMA dis­pose d’un bud­get annuel de 211,9 mil­lions d’euros, dont les deux tiers ser­vent à pay­er les encad­rants, mil­i­taires ou civils . Chaque année, 39 000 euros sont donc en moyenne con­sacrés à chaque jeune en dif­fi­culté. Un coût élevé si on le com­pare aux fil­ières clas­siques de l’école répub­li­caine, où 7 470 euros sont en moyenne dépen­sés chaque année par élève, avec un bud­get annuel max­i­mal de 13 880 euros pour les élèves des class­es pré­para­toires. Si la général­i­sa­tion du dis­posi­tif n’est pas encore à l’é­tude, elle serait en tout cas dif­fi­cile à appliquer.

 

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