Le discours se veut pédagogique. Le ton, lui, est professoral. Cela tombe bien : François Hollande ne s’est pas privé pour critiquer ouvertement son ancien adversaire de 2012, Nicolas Sarkozy.
À la synthèse, il préfère l’unité
Dès l’entame, le président a lâché ses coups. « L’esprit du 11 janvier 2015, c’est l’unité de la République. Ça n’efface pas les clivages mais ça les dépasse pour faire avancer le pays », a‑t-il affirmé. Une pique indirectement adressée à l’ancien chef d’état, accusé d’avoir fait voler en éclats l’union nationale en vigueur après les événements de janvier.
Quinze jours après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, Nicolas Sarkozy avait sonné la reprise des hostilités en s’attaquant à Manuel Valls. Le président de l’UMP avait qualifié de « faute » l’usage fait par le Premier ministre du terme « apartheid », pour qualifier certains territoires oubliés de la République et les discriminations dont étaient victimes leurs résidents. Prenant le contre-pied de son rival, François Hollande a appelé à l’unité et à « prolonger l’esprit de janvier », se plaçant de fait au-dessus des bisbilles partisanes.
Enjoignant à « être à la hauteur de la menace » jihadiste, dont, selon lui, l’attaque de trois militaires à Nice le 3 février prouve la persistance, François Hollande a particulièrement insisté sur une nécessaire union, un mot qu’il a employé à plusieurs reprises. Une assertion en forme de pied de nez à Nicolas Sarkozy qui, de son côté, peine à fédérer sa famille politique depuis son retour sur le devant de la scène. Une difficulté mise en exergue lorsque le président a abordé, en filigrane, la politique du « ni-ni » prônée par le patron de l’UMP au sujet des législatives partielles dans le Doubs.
Lui n’avait pas hésité à prendre position contre le FN
Sur cet épineux sujet, la critique de François Hollande va plus loin. Alors que Nicolas Sarkozy s’est prononcé en faveur de l’abstention des électeurs UMP, le président de la République n’a pas manqué de rappeler que lui n’avait pas « hésité une seule seconde » lorsqu’en 2002, il avait fallut trancher entre Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac.
Il reprend ainsi à son compte les critiques formulées jusqu’au sein de l’UMP à l’encontre du chef de l’opposition, notamment celles d’Alain Juppé, qui a appelé à faire barrage au Front National. “Mais je ne suis pas là pour faire la leçon”, a tempéré François Hollande.
Lui ne croit pas à la discrimination positive
Cela ne l’a pas empêché de tacler à nouveau son prédécesseur à la tête de l’État lorsque la question de la discrimination positive a été évoquée. Cette mesure controversée fut un temps portée par Nicolas Sarkozy. François Hollande a immédiatement coupé court. « La France aime les débats qui ne servent à rien », a‑t-il asséné. Et lorsqu’il a abordé le volet éducatif de son discours, l’ancien premier secrétaire du Parti Socialiste a, évidemment, eu une pensée pour le chef de l’opposition.
Avant lui, les professeurs n’étaient pas formés
En affirmant que la formation des enseignants « sera renforcée et améliorée », François Hollande a délibérément égratigné la politique de Nicolas Sarkozy en la matière qui lui, avait supprimé l’année de formation en alternance des professeurs débutants dans les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), une mesure très controversée à l’époque.
François Hollande a assuré ne pas briguer de second mandat s’il ne parvenait pas à atteindre ses objectifs. Offensif, sur de lui, rasséréné par des sondages positifs, il a pourtant semblé réaffirmer ses ambitions vis- à‑vis de ses adversaires, en particulier Nicolas Sarkozy. 2017, c’est maintenant.
Photo d’en-tête : Nicolas Sarkozy et François Hollande le 3 février 2015 (AFP)