Intégration

“L’agence nationale de développement économique sur les territoires” ressemblerait à ça

Parmi toutes les annonces déclinées par François Hollande lors de sa conférence de presse, figure la création d’une “agence nationale de développement économique sur les territoires”. La formulation est nébuleuse, mais le Président a précisé son projet, basé sur des structures existantes. Décryptage.

1. L’objectif : une agence “comparable à l’ANRU” mais “à l’échelle des territoires”

L’ANRU, c’est “l’agence nationale pour la réno­va­tion urbaine”, un étab­lisse­ment pub­lic placé sous la tutelle du min­istère de la Ville. Chargée d’appliquer le “pro­gramme nation­al de réno­va­tion urbaine” (PNRU), issu de la loi Bor­loo d’août 2003, elle a pour but de réin­sér­er les quartiers défa­vorisés dans la ville.

Con­crète­ment, cela con­siste à rétablir la mix­ité sociale dans les zones urbaines sen­si­bles (Zus), ain­si qu’à ren­dre celles-ci plus dynamiques, en favorisant l’implantation de com­merces. La France compte 751 “Zus”, dans lesquelles vivent plus de 4 mil­lions d’habitants. 

Entre 2004 et 2013, 12 mil­liards d’euros ont été con­sacrés au PNRU, ser­vant à détru­ire des bâti­ments, à en con­stru­ire d’autres, ain­si que des espaces com­mer­ci­aux dans ces Zus. En décem­bre 2014, un nou­veau bud­get de 5 mil­liards d’euros a été prévu pour dur­er jusqu’en 2024. Il sera en grande par­tie con­sacré à 200 quartiers par­ti­c­ulière­ment touchés.

On peut donc présager que l’objectif de la nou­velle agence nationale de développe­ment sera de rem­plir des mis­sions sem­blables… à l’échelle des “ter­ri­toires”. On ignore encore ce que l’expression recou­vre. Rien n’est dit non plus sur l’articulation entre le tra­vail de cette agence et celui de l’ANRU. Com­ment une agence nationale et une agence “locale” collaboreraient ?

2. Les moyens : Banque publique d’investissement et Caisse des dépôts à la rescousse

François Hol­lande a don­né quelques indices sur les moyens alloués à la nou­velle agence nationale de développe­ment économique :

“Cette agence sera mise en place le plus rapi­de­ment pos­si­ble, les fonds exis­tent, pas besoin d’en rajouter” 

L’idée est donc de réu­nir les moyens de plusieurs admin­is­tra­tions aux objec­tifs com­muns, en l’occurrence la Banque publique d’investissement (aujourd’hui appelée Bpifrance) et la Caisse des dépôts et consigna­tion. Que sont ces insti­tu­tions et que pèsent-elles ?

La Caisse des dépôts et consignation (CDC), le bras financier de l’Etat

En 2013, la CDC a prêté 20,7 mil­liards d’euros pour soutenir des pro­jets d’investissement, dont “16,4 mil­liards con­sacrés au loge­ment social et à la poli­tique de la ville”.

Insti­tu­tion bien­tôt bicen­te­naire, la CDC rem­plit aujourd’hui un rôle de qua­si-fonds sou­verain. Elle fait par­tie des “investis­seurs insti­tu­tion­nels” et, à ce titre, est présente dans de nom­breux con­seils d’ad­min­is­tra­tion de grands entreprises.

La Banque publique d’investissement, la benjamine

Créée fin-2012 par le gou­verne­ment Ayrault, la Banque publique d’investissement, ou Bpifrance est le deux­ième bras financier de l’Etat. Détenue à 50% par l’Etat et à 50% par la Caisse des dépôts, la Bpifrance est plutôt des­tinée à financer dans des petites et moyennes entreprises.

Sur son site, la Bpifrance annonce qu’elle “inve­sti­ra env­i­ron 8 mil­liards d’euros d’ici à 2017 dans les entre­pris­es français­es”. En juil­let 2013, l’Etat et la CDC avaient final­isé leurs apports de cap­i­taux à la Bpifrance, avec un total de 21 mil­liards d’euros.

 

Pho­to d’en-tête : Pan­tin, par Thomas Claveirole