L’armée bénéficie elle aussi d’un « effet Charlie ». Désormais, plus question de tailler aveuglément dans les dépenses militaires pour satisfaire les objectifs de réduction du déficit public. Dès la semaine qui a suivi les attentats, l’exécutif a réévalué la politique de défense.
Lors de ses vœux aux armées, le mercredi 14 janvier sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, François Hollande a annoncé une révision du mode de réduction des effectifs militaires. Sur les 34 000 emplois qui devaient être supprimés d’ici 2019, 7 500 seront finalement gardés, dont 1 500 dès 2015.
Le président de la République est même allé plus loin. La loi de programmation militaire 2014–2019, qui fixe les moyens de l’armée et dans laquelle sont inscrites les réductions d’effectif, sera « actualisée d’ici cet été ». Demain, lors de sa conférence de presse, François Hollande pourrait s’avancer sur les contours de cette modification.
L’ajustement des moyens est à la mesure de l’orientation affirmée de la France. Elle tient en deux points énoncés par le gouvernement la semaine après les attentats :
— Il n’y a plus de « rupture entre la menace extérieure et la menace intérieure » du jihadisme, a dit le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, mardi 13 janvier sur Europe 1.
— De ce fait, les 10 500 soldats mobilisés sur le territoire dans le cadre du plan Vigipirate, élevé au niveau « alerte attentat », sont considérés comme réalisant « une opération militaire », au même titre qu’en Irak.
« Nous intervenons aujourd’hui sur quatre théâtres différents – trois extérieurs et le théâtre intérieur. »
Jean-Yves Le Drian, Assemblée nationale, 13 janvier.
L’évolution militaire de ces trois théâtres extérieurs (Sahel, Centrafrique, Irak) pourrait être évoquée par François Hollande.
Lors de ses vœux aux armées, il avait précisé la réduction des effectifs mobilisés par l’opération Sangaris en raison du succès de cette mission visant à prévenir une « catastrophe humanitaire » en Centrafrique, déchirée par les luttes de pouvoir. Lancée en décembre 2013 et forte de 2 000 soldats, ils ne seront plus que « 800 à l’automne ».
Car d’autres opérations extérieures sont appelées à monter en puissance. La première, baptisée Chammal et lancée en septembre dernier dans le cadre d’une coalition d’une trentaine de pays (dont les Etats-Unis et des pays arabes), se déroule en Irak. Elle mobilise un millier de militaires et consiste essentiellement en un appui aérien pour combattre le groupe Etat islamique. A la base composé d’une quinzaine d’avions, dont neuf Rafale, le récent départ du porte-avions Charles-de-Gaulle – qui a notamment emporté douze Rafale — va doubler la taille du dispositif.
Au Sahel, l’opération Barkhane a pris la suite, depuis août, de Serval (Mali) et Epervier (Tchad) pour lutter contre les groupes terroristes islamistes, en coopération avec les pays concernés – Mauritanie, Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali. 3 000 soldats sont mobilisés.
Un mois après les attentats et la nouvelle impulsion de la politique militaire, François Hollande devrait continuer à expliquer la cohérence de ses choix stratégiques.