Sécurité

Opération anti-jihadistes à Lunel : “Une filière particulièrement dangereuse”

Cinq personnes sont en garde à vue après un coup de filet dans la filière de recrutement jihadiste de Lunel ce mardi 27 janvier.

Cinq per­son­nes ont été inter­pel­lées mar­di matin à Lunel (Hérault) dans le cadre d’une opéra­tion anti-jihadistes. Ils ont entre 44 et 26 ans et seraient proches de la ving­taine de jeunes Lunel­lois déjà par­tis com­bat­tre en Syrie et en Irak. Le coup de filet con­cern­erait les fil­ières de recrute­ment jihadistes. Deux des gardés à vue se seraient déjà ren­dus dans ces pays, les trois autres seraient des can­di­dats au jihad dont deux ont per­du un proche com­bat­tant, selon une source proche du dossier citée par l’AFP. Les sus­pects avaient notam­ment été repérés par des trans­ferts d’ar­gent en Syrie. Plusieurs quartiers du cen­tre-ville de Lunel étaient bouclés dans la mat­inée par l’in­ter­ven­tion du RAID et du GIPN. 

Six jeunes gens de cette ville de 26 000 habi­tants sont morts en Syrie depuis octo­bre. Le min­istre de l’In­térieur Bernard Cazeneuve a don­né une con­férence de presse suite aux inter­pel­la­tions de Lunel :

“Si l’im­pli­ca­tion des per­son­nes soupçon­nées est con­fir­mée par l’au­torité judi­ci­aire, ce sera donc une fil­ière par­ti­c­ulière­ment dan­gereuse et organ­isée qui aura été déman­telée ce matin, une de plus”

Les mag­is­trats antiter­ror­istes à Paris sont sai­sis de l’in­for­ma­tion judi­ci­aire. Ce coup de filet était prévu depuis début jan­vi­er, indique Midi Libre, mais il avait été reporté « à cause des atten­tats à Paris ». D’autres local­ités voisines ont été investies lors de l’opéra­tion. L’AFP rap­porte des témoignages d’habi­tants choqués. Chris­tiane de Lunel :

“Des flics sont arrivés, ils ont défon­cé des portes. Ils sont arrivés comme à Paris, quand il y a eu les atten­tats, ils étaient une ving­taine, cagoulés et avec des armes… On se serait cru dans un film. On se doutait bien que ce n’é­tait pas pour un petit trafic”.

Les dérives jihadistes inquiè­tent les autorités du départe­ment depuis plusieurs mois. Nous nous y étions ren­dus mi-décem­bre. Une habi­tante nous avait con­fié qu’« il y a des choses qui ne tour­nent pas rond, ici ».

»À lire aus­si : Lunel, là où nais­sent les morts du jihad

En jan­vi­er, le préfet de l’Hérault jugeait la mosquée El-Bakara “préoc­cu­pante en rai­son d’un risque d’emprise fon­da­men­tal­iste”. L’ex-prési­dent de l’U­nion des musul­mans de Lunel, Lahoucine Goum­ri, avait refusé de con­damn­er les départs en Syrie avant de revenir sur ses pro­pos. Son suc­cesseur, Rachid Bel­haj, a voulu calmer le jeu. La mosquée de la ville est rev­enue dans le giron des autres mosquées de l’Hérault et a par­ticipé au mes­sage de paix envoyé après les attentats.

En fin de mat­inée, le min­istre a rap­pelé que 161 procé­dures judi­ci­aires sont actuelle­ment en cours en France. Elles con­cer­nent 547 indi­vidus dont 90 mis en exa­m­en et 64 placés der­rière les barreaux.

Légende : Cinq per­son­nes ont été arrêtées dans le cadre d’une opéra­tion anti-jihahistes à Lunel. (Pho­to : AFP PHOTO / CAROLINE ROSSIGNOL)