“Vi er danskere” (nous sommes Danois). La presse française rend hommage ce lundi aux deux victimes des attaques de Copenhague de samedi. Un mois après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, les éditorialistes appellent à “ne pas céder au terrorisme” en faisant preuve de lucidité, mais sans tomber dans les amalgames.
Avec cette nouvelle attaque, “décalque” des attentats de Paris selon Les Echos, l’Europe se retrouve de nouveau “face à la contagion islamique”, titre Le Figaro, dont l’éditorialiste Yves Thréard rappelle que “quel que soit le contexte, à Paris comme à Copenhague, à Ottawa comme à Sydney, c’est toujours Allah qui est le prétexte d’odieux assassinats”.
Une injonction à la lucidité relayée également par Le Parisien, dont le directeur, Thierry Borsa, assure qu’il serait “vain de nier que ce sentiment que nous avons eu longtemps en France d’appartenir à un monde de paix et de prospérité a bel et bien vécu”.
Résister, oui, mais sans faire d’amalgames
“Le pire serait de répondre à la haine par la haine, aux armes par les armes”, écrit Alexandra Schwartzbrod dans Libération, avant de rappeler chacun à poursuivre l’esprit du 11 janvier : “Il faut rester groupé […] et ne céder ni à la peur ni à la division.” “Les endoctrinés du jihad veulent fermer portes et fenêtres, ouvrons-les en grand”, enjoint-elle.
Dans La Croix, même appel à la tolérance : “S’il s’avère que les meurtres de Copenhague ont bien été commis au nom de l’islam, nous devrons non pas nous méfier de nos concitoyens musulmans mais les encourager à analyser comment leur foi peut être ainsi instrumentalisée et dévoyée”, préconise Guillaume Goubert.
Défendre sans relâche la liberté d’expression
La tolérance, rappellent les éditorialistes, passent aussi par la défense absolue du principe de liberté d’expression. Encore une fois, l’auteur de l’attaque a visé, entre autres, un caricaturiste.
“La survie de notre mode de fonctionnement, arraché de longue lutte contre l’obscurantisme au cours de l’Histoire, impose de défendre, toujours, le crayon contre le fusil-mitrailleur. Quoi qu’il écrive. Quoi qu’il dessine”, écrit Laurent Marchand de Ouest-France.
Une défense de liberté qui ne doit surtout pas être éclipsée par les impératifs de surveillance et de sécurité, selon Jean-Pierre Lacan de Midi Libre. “Faut-il l’écrire encore ? C’est la libre communication des pensées et des opinions qui, à Copenhague et à Paris, mais pas à Téhéran, est la première des libertés. […] Aujourd’hui […] des voix réclament plus de répression. Mais la meilleure réponse n’est-elle pas celle du peuple de France donnée dans les rues le 11 janvier ? Un peuple uni, solidaire, déterminé à ne rien céder aux barbares.”