“Je n’ai jamais rien vu d’aussi méchant que ce vilain vieillard !”, s’écrie un élève en pleine répétition de L’Avare, la pièce de Molière. Rien de nouveau à l’atelier-théâtre du collège Paul Bert de Malakoff. Sauf que ce mercredi matin, Najat Vallaud-Belkacem et Fleur Pellerin, ministres de l’Éducation nationale et de la Culture, sont dans le public.
Elles sont venues pour annoncer la mise en place des “parcours culturels individuels et collectifs”, qu’elles souhaitent instaurer officiellement dans scolarité des collégiens et des lycéens à la rentrée 2015. Encore très imprécis, le dispositif consiste à promouvoir l’éducation médiatique et artistique auprès des élèves.
Faire vivre la culture de la presse : au sein de chaque collège, lycée, un média, journal, radio, web … sera créé. pic.twitter.com/yBK5sm4riL
— Najat Belkacem (@najatvb) 11 Février 2015
Najat Vallaud-Belkacem a annoncé que ces parcours culturels seraient soutenus financièrement par le gouvernement, “pour que les établissements scolaires puissent organiser des cours d’improvisation, de chant…” L’aide financière servira aussi à aider au lancement d’une radio ou d’un journal dans les écoles :
“Nous voulons qu’un média soit ouvert dans tous les collèges et les lycées, c’est très important pour que les élèves sachent absorber une information, faire un travail d’investigation et développer leur esprit critique.”
Fleur Pellerin confirme : “L’appropriation individuelle de la culture dans le cadre d’une pratique collective permet de s’ouvrir à l’autre et d’acquérir des réflexes de citoyenneté.”
Le dessinateur Plantu pour parler pédagogie
“Des artistes interviendront, et ces interventions seront intégrées aux parcours culturels, ce ne sera pas simplement un petit supplément d’âme.”, a annoncé la ministre de l’Education nationale.
Une élève demande à Plantu “Quel talent faut-il pour être caricaturiste?” ‑3millions7
Pour illustrer la volonté de la ministre, le dessinateur Plantu est venu parler aux enfants du rôle du dessinateur dans la société. “Qu’est-ce qu’un dessin de presse ?” ; “Peut-on rire de tout ?” ; “Qu’est-ce que la censure ?” Les questions des élèves fusent et le caricaturiste a tâché d’y répondre :
“Je crois qu’un dessin, une chanson, une peinture, une aquarelle, permettent de dire sans se prendre la tête des choses qu’on s’interdirait de dire autrement. Ça peut-être aussi : ‘j’aime les biscottes’ ou ‘j’aime pas les biscottes’, parce que les dessinateurs ne sont pas des intellectuels.”
Plantu a expliqué que le dessinateur devait toujours “avoir deux temps d’avance”, pour “être plus intelligent que des gars qui attendent avec une kalach au coin de la rue.”
Surtout, il a incité les élèves à rire de tout : “On s’asticote même entre dessinateurs. Il faut pleurer avec les dessinateurs de Charlie Hebdo mais aussi se moquer d’eux.”
Le dessinateur a toutefois mis en garde les élèves contre cet humour qui vise à blesser : “Bousculer, ça fait partie du boulot. Mais heurter et humilier, non.” Avant de partir, Plantu a laissé derrière lui un dessin pour Karin, la professeur de français.
Image d’en-tête : atelier théâtre au collège Paul Bert à Malakoff — 3millions7