Education

Quand l’outre-mer inspire le service militaire en métropole

François Hol­lande était en vis­ite ce lun­di à l’Etablissement pub­lic d’insertion de la défense (EPIDE) situé à Alençon (Orne). Il y a annon­cé la créa­tion de sept cen­tres de “ser­vice mil­i­taire volon­taire” en métro­pole, qui existe déjà sous une autre forme en outre-mer.

“Notre vic­toire, leur réus­site”. Cette devise est emprun­tée par le batail­lon du Ser­vice Mil­i­taire Adap­té (SMA) de May­otte, que le prési­dent François Hol­lande avait vis­ité pen­dant plusieurs heures à l’été 2014. Aujourd’hui, ce SMA va être mis au goût du jour en métro­pole sous un autre nom, le Ser­vice Min­i­mum Volon­taire (SMV).

C’est lors de sa con­férence du 5 févri­er dernier que François Hol­lande avait annon­cé la créa­tion de trois cen­tres dans le but d’accéder aux mêmes résul­tats qu’en out­re-mer. Selon le Parisien, ces cen­tres seront instal­lés dans des casernes déjà exis­tantes. Dès jan­vi­er 2016, 1000 jeunes seront accueil­lis à Mon­tigny-lès-Metz (Moselle), Brétigny-sur-Orge (Essonne) et dans le Sud-Ouest ou le Sud de la France, a dévoilé ce lun­di à Alençon François Hol­lande. Qua­tre autres cen­tres seront créés l’an prochain.

Pour les jeunes sans emploi et en échec scolaire

 

Le SMA était un dis­posi­tif réservé jusque-là à l’outre-mer. Il per­met l’insertion pro­fes­sion­nelle sous encadrement mil­i­taire des jeunes en dif­fi­culté âgés de 17 à 26 ans. Basé sur le volon­tari­at, ce ser­vice mil­i­taire est ouvert aux jeunes sans qual­i­fi­ca­tion, sans emploi et en échec sco­laire. Les con­trats vont de six à douze mois. Ces jeunes béné­fi­cient de cours de remise à niveau sco­laire assurés par des pro­fesseurs de l’Education nationale. Une for­ma­tion pro­fes­sion­nelle leur est pro­posée, qui occupe env­i­ron 70% du temps de for­ma­tion. Elle est liée à des métiers dits en ten­sion pour lesquels il y a des besoins, comme le BTP et la restau­ra­tion. Les jeunes sont sous le con­trôle de for­ma­teurs mil­i­taires qui leurs enseignent par ailleurs cer­taines règles d’or comme être à l’heure, être en tenue, respecter la sécu­rité, tra­vailler en équipe ou respecter sa hiérarchie.

Un budget de 210 millions d’euros par an

 

Les volon­taires sont nour­ris, logés et reçoivent 340 euros par mois. Des dépens­es puisées dans le bud­get du min­istère des Out­re-mer. Chaque sta­giaire coû­tent à la col­lec­tiv­ité 35 000 euros pour un bud­get annuel glob­al à 210 mil­lions d’euros. Le min­istère n’est pas seul à sup­port­er ce coût : de nom­breux acteurs appor­tent leur con­tri­bu­tion comme les col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales ou les fonds de con­cours européens.

Le prési­dent de la République a aus­si annon­cé la volon­té d’accueillir entre 3 500 et 4 500 jeunes de 18 à 25 ans dans les Epi­de. Ce sys­tème a été créé sur le mod­èle des SMA, en 2005. Il vise à aider les jeunes sor­tis du sys­tème sco­laire sans diplôme ni qual­i­fi­ca­tion à retrou­ver un pro­jet pro­fes­sion­nel, avec des for­ma­tions et une immer­sion en entre­prise pen­dant 6 à 12 mois. Sa dif­férence avec le SMA ? Les jeunes ne sont pas encadrés par des mil­i­taires et la tutelle min­istérielle est dif­férente puisque les Epi­de sont sous l’autorité à la fois du min­istère de l’Emploi, de la Ville et de la Défense.

Le SMA, quant à lui, a vu le jour en 1961 aux Antilles dans un con­texte économique et social dif­fi­cile : près de la moitié des jeunes de moins de 25 ans étaient alors au chô­mage. En 2014, il a accueil­li presque 6000 jeunes. Preuve de son effi­cac­ité, les trois quarts des jeunes (75%) ont été insérés dans la vie active à l’issue de ce ser­vice. 48% d’en­tre eux occu­pent ensuite des emplois sta­bles (CDI, CDD, con­trat d’alternance) de plus de six mois. Au début de leur for­ma­tion, au moins 30% étaient en sit­u­a­tion d’illettrisme et 60% n’avaient pas leur brevet des collèges.

A tra­vers ces annonces, François Hol­lande entend mon­tr­er son engage­ment auprès de la jeunesse qui subit aujour­d’hui de plein fou­et le chô­mage. En octo­bre 2014, 23,8% des jeunes de moins de 25 ans était sans emploi.