Monde

Yémen : qui sont les rebelles houthistes?

Il y a onze ans, les houthistes récla­maient l’autonomie des ter­ri­toires qu’ils occu­paient dans le nord-ouest. En sep­tem­bre 2014, ils pren­nent la cap­i­tale Sanaa. En jan­vi­er 2015, ils for­cent le prési­dent à démis­sion­ner. Les rebelles houthistes ont jusqu’à présent rem­pli leurs objec­tifs. Qui sont-ils ?

Les origines

Exclus du pou­voir depuis les années 1960, les rebelles houthistes souf­frent d’être évincés sur le plan religieux, poli­tique, économique et social. En 2004, ils pren­nent les armes. Le 18 juin, ils lan­cent une insur­rec­tion con­tre le gou­verne­ment yéménite. Une révolte qui per­dure encore en 2015, dans un pays en sit­u­a­tion chao­tique.

Les houthistes appar­ti­en­nent à la com­mu­nauté zaïdite, une minorité chi­ite des mon­tagnes du nord-ouest du Yémen, pays à majorité sun­nite. Ils tirent leur nom de leur guide spir­ituel, Badred­dine al-Houthi, un chef religieux. Représen­tant un tiers de la pop­u­la­tion yéménite, la com­mu­nauté zaïdite était dirigée par un régime politi­co-religieux, appelé « l’imamat zaïdite ». Ce dernier a été ren­ver­sé en 1962 par un coup d’Etat mil­i­taire.

Leurs revendications

Minori­taires, les rebelles houthistes revendiquent d’abord la recon­nais­sance de leur reli­gion. Ils veu­lent un retour de l’imamat, un régime monar­chique et théocra­tique, les imams prenant le pou­voir spir­ituel et poli­tique. Leur but est de faire tomber l’actuelle République arabe du Yémen. Les rebelles sont d’ailleurs soutenus dans leur com­bat par l’Iran, berceau chi­ite du Moyen-Orient.

Dans un pre­mier temps, ils ont ren­for­cé leur dom­i­na­tion idéologique dans le nord-ouest du pays, basée sur leur com­bat con­tre la cor­rup­tion du pou­voir actuel. Ils sont égale­ment con­nus pour être des anti-Améri­cains. Ils s’opposent à toute alliance du gou­verne­ment yéménite avec les Améri­cains ou avec l’Arabie saou­dite, allié tra­di­tion­nel des Etats-Unis.

Out­re la géopoli­tique, les rebelles ont voulu revenir sur le devant de la scène poli­tique nationale. Une action qu’ils ont réus­si à men­er à bien : après dix ans de rébel­lion, les houthistes sont désor­mais présents dans la cap­i­tale. En sep­tem­bre dernier, ils lan­cent une attaque sur Sanaa et s’emparent du siège du gou­verne­ment, forçant le prési­dent Abd Rab­bo Man­sour Hadi à fuir vers le Sud où les rebelles se trou­vent actuelle­ment. Les houthistes créent ensuite un Comité révo­lu­tion­naire, dirigé par Mohammed Ali al-Houthi.

Mal­gré, l’inter­ven­tion mil­i­taire, menée par l’Ara­bie Saou­dite, qui a débuté, il y a un mois, les Houthistes sem­blent tenir bon.

Jusqu’où peuvent-ils aller ?

Ven­dre­di matin, tout comme les deux jours précé­dents, la coali­tion, menée par l’Ara­bie saou­dite, a pour­suivi ses raids sur le Yémen, alors que cette dernière avait annon­cé la fin de l’intervention armée, trois jours avant. Depuis un mois, la coali­tion inter­na­tionale, menée par l’Arabie Saou­dite bom­bar­dait les posi­tions des rebelles houthistes pour essay­er de canalis­er leur expan­sion. En quelques années, ils ont en effet réus­si à main­tenir leur influ­ence dans le nord-ouest mais aus­si à con­quérir l’ouest, où ils ont pris le port stratégique de Hodei­da, situé sur la mer Rouge, le cen­tre et le sud du Yémen, où se trou­vent cer­taines régions pétrolières.

CC BY  mwmbwls, Flickr. (BBC)
CC BY mwmb­wls, Flickr. (BBC)

Dans la nuit de jeu­di à ven­dre­di, des affron­te­ments ont eu lieu dans le sud du pays, à Aden et dans la province ori­en­tale de Marib, entre les rebelles et la résis­tance pop­u­laire, qui défend le prési­dent en fuite.

La résis­tance du sud Yémen a annon­cé que con­traire­ment à la coali­tion inter­na­tionale, ils n’arrêteraient pas leur com­bat con­tre les rebelles houthistes.

Devant faire face aux frappes aéri­ennes de la coali­tion et aux dif­férentes mil­ices pop­u­laires, les rebelles houthistes sont freinés de tous les côtés. Ils ont notam­ment face à eux la branche d’Al-Qaida, Al-Quaï­da pour la pénin­sule Ara­bique (AQPA), d’inspiration sun­nite fon­da­men­tal­iste qui se bat pour les mêmes territoires.

Autre enne­mi, le groupe dji­hadiste Etat islamique (EI) a fait sa pre­mière appari­tion au Yémen, le 20 mars dernier, en revendi­quant sa pre­mière attaque au Yémen, qui a fait plus de 140 morts dans des mosquées chi­ites, à Sanaa.

Crédit pho­to : CC BY Bernard Gagnon