Intégration

Meurtri comme un juif en France

Pour de nombreux Français de religion juive, l'attentat qui a ciblé l'Hyper Cacher en janvier est à l'origine d'une déchirure : entre leur attachement au sol hexagonal et la tentation de l'exil, leur mal-être grandit. Rencontre avec une famille juive et des juifs qui ont participé à la marche du 12 février en hommage aux victimes de l'antisémitisme.

Dans la famille dont nous allons par­ler, seul Prodi­ge, le chat, a accep­té de nous don­ner son vrai prénom. Mau­rice (le père), Anna (la mère) et Clara (la fille) et Joseph (le fils) sont qua­tre prénoms inven­tés, cha­cun choisi par qui se cache der­rière. Pourquoi cam­ou­fler son iden­tité ? « Mes élèves, je préfère pas qu’ils me voient sur inter­net, qu’ils me posent des ques­tions » déclare Anna, tan­dis que son mari lui donne la réplique dans un humour un peu dés­espéré « ou pire, que tu reçoives un coup de poignard. » Nous inter­ro­geons cette famille aux yeux clairs, beaux yeux trou­bles quand ils con­fient leur peur devant la mon­tée de l’antisémitisme.

Mains d'Anna, Maurice, Clara, Joseh, sur le tableau "Que Dieu protège notre maison" -3millions7
Mains d’An­na, Mau­rice, Clara, Joseh, sur le tableau “Que Dieu pro­tège notre mai­son” ‑3millions7

Anna, la mère, “Vous au moins, vous pouvez aller en Israël” 

Anna, 61 ans, est une char­mante maîtresse de mai­son, qui pour vous accueil­lir, sourit et vous embrasse comme du bon pain. Elle est prof d’é­co, et con­state avec dépit : « L’antisémitisme est en train de mon­ter, mon­ter, et on se sent de plus en plus mal. » Arrivée en France en 1965, elle assure qu’elle y est très bien et ne pose pas de problème.

Mais il y a un « mais ». Postés devant la syn­a­gogue, same­di matin, elle a vu « six chas­seurs alpins avec une mitrail­lette.», « on avait l’impression d’entrer dans un bunker », les hommes pos­sé­daient « de gross­es armes, des gilets pare-balles, une tenue de camouflage. »

« Quelle vie pour nous si on est obligé de vivre sans arrêt sous pro­tec­tion militaire ! »

Anna par­le de « ces gens âgés comme [elle] qui par­tiront prob­a­ble­ment dans quelques années », elle par­le d’un cer­tain Jean-Pierre qui s’apprête « à par­tir avec sa famille », elle par­le de « cet enfant en pre­mière qui veut s’en aller ». Des exem­ples, elle en a d’autres.

Le plus pénible, à l’en­ten­dre, c’est d’avoir à rejouer le som­bre rôle que l’Histoire a fait endoss­er au peu­ple juif.

« Je suis née au Maroc. Au Maroc, en tant que Juifs, on était des ‘dhim­mis’ (citoyens non musul­mans d’un État musul­man, NDLR), c’est-à-dire ‘inférieurs’. Avec les oncles, les tantes, dans les con­ver­sa­tions famil­iales, on ne par­lait que de par­tir. On envoy­ait les jeunes en éclaireurs. »

« J’ai l’impression qu’on en revient à la peur. Main­tenant on ne par­le plus que de ça à la syn­a­gogue. » De la peur et de départs. Plus de 7000 juifs de France ont émi­gré en Israël en 2014, c’est deux fois plus qu’en 2013 (mais ces chiffres sont com­plex­es à inter­préter). Il y a aus­si les remar­ques indé­centes des com­men­ta­teurs de ces alyah (exil des juifs vers Israël). Anna rap­porte qu’on lui a beau­coup dit, suite aux atten­tats qui ont frap­pé les Juifs dans l’Hyper Cacher, « Vous au moins, vous pou­vez aller en Israël, alors que nous non. » Elle n’a pour­tant pas exacte­ment l’impression d’être vernie.

Il y a bien ce voisin du 5ème étage, qui lui a touché un mot doux après la prise d’otage dans l’Hyper Cacher : « on est de tout cœur avec vous », une atten­tion qui lui a fait « chaud au cœur ». Mais quand on rap­pelle les mots du Pre­mier min­istre, Manuel Valls, au lende­main de l’as­sas­si­nat des Juifs dans l’épicerie de Vin­cennes « La France, sans les Juifs de France, n’est pas la France », Anna affiche un cer­tain scep­ti­cisme, elle est dubitative :

« Je sais pas pourquoi les Français auraient telle­ment besoin de nous, sincère­ment, je vois pas. »

Joseph, le fils, « Pour devenir millionnaire en Israël, il faut arriver milliardaire »

Joseph a 25 ans. Il quitte la France, mais pas pour aller en Israël. Son père, Mau­rice, rap­pelle qu’en Israël, la vie est dure :

« Les gens ne par­tent pas en Israël pour des raisons économiques. On ne nous attend pas. Le Juif qui quitte la France la quitte parce qu’il sent que sa vie en tant que Juif est men­acée. »

Michèle Ben Hamou, une maman, explique aus­si qu’Israël « n’est pas un eldo­ra­do ». Simon, son fils, est déjà sur place et la met en garde : « Attends la retraite pour venir. » Parce que là-bas, Simon galère, il com­mence à 3 heures du matin par dis­tribuer des jour­naux, puis deux­ième job, il dis­tribue des tracts, puis le soir, il est serveur. « Trois boulots pour s’en sor­tir ! » s’exclame Michèle, indignée.

Anna, la mère de Joseph, a l’air fière comme tout, elle a les pom­mettes ron­des de sourires : « Joseph a eu une oppor­tu­nité extra­or­di­naire.» On pense à la mère du nar­ra­teur dans La promesse de l’aube de Romain Gary :

« Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele D’An­nun­zio, Ambas­sadeur de France. »

Anna est un peu émue, dirait-on. « Nos enfants ont fait leurs études en France, moi je suis une mère juive, je voudrais qu’ils restent autour de moi » con­fesse-t-elle en jetant une œil­lade amoureuse à son fils. Elle demande à Joseph : « tu sais com­ment c’est, là-bas ? » Joseph rit, il fera une « petite alyah » à Genève.

Joseph ne fuit pas une France où il serait devenu trop pénible d’être juif. Par con­tre, il évoque Youssef, son copain d’é­cole « Il est intel­li­gent, et puis il est beau, un beau garçon ! » s’en­t­hou­si­asme la mère. Youssef, ce sacré garçon qui a fait de ” bonnes études ” croirait pour­tant à une théorie du com­plot. Per­son­ne ne com­mente, sinon pour répéter que Youssef, pour­tant, est ” intel­li­gent “.

Quand Joseph a fait un stage aux États-Unis, à New York, sa mère est venue lui ren­dre vis­ite. Elle se sur­prend à rêver de cette ville, plus clé­mente envers les Juifs :

« Tu te vois en France te balad­er avec une kip­pa ou un tal­ith (châle de prière, NDLR) ? Tu ris­querais de te faire agresser. »

Et de con­clure : « Pour nous c’est le rêve de vivre dans un pays comme les Etats-Unis. » Un rêve mélan­col­ique, en réponse à ce qu’ils voient comme un anti­sémitisme banal­isé qui sévi­rait en France.

Clara, la fille, à qui l’on dit « C’est un hasard si Coulibaly a été dans l’Hyper Cacher »

Clara a 26 ans. C’est une ravis­sante blonde, douce et bouclée, un peu sur la réserve, tout en déli­catesse, touchante. Elle évoque une déc­la­ra­tion du prési­dent du con­seil représen­tatif des insti­tu­tions juives en France (CRIF) : « Les juifs représen­tent 50% des vic­times d’agression ». Pour une com­mu­nauté qui représente moins d’1% de la pop­u­la­tion française « ça fait beau­coup quand même », souligne t‑elle, mesurée. Clara tra­vaille dans un cab­i­net d’experts compt­a­bles. Ses mots se dépla­cent en sour­dine, de peur d’être enten­dus, de faire trop de bruit. D’ailleurs, elle s’ex­cuse déjà :

« Après, on va dire qu’on par­le trop de nous. »

Au cab­i­net, où la plu­part ignore qu’elle est juive, une employée ne com­prend pas pourquoi il y a des mil­i­taires devant les écoles juives, pourquoi les juifs sont « aus­si inqui­ets ». Un autre compt­able de 24 ans s’emporte à pro­pos des juifs :

« On s’en fiche d’eux, pourquoi on par­le d’eux ? »

Clara rap­porte ces faits seule­ment un peu abattue, sans telle­ment de rancœur, comme quelqu’un qui a bais­sé les bras et sait qu’il n’y a rien à faire : « Au cab­i­net, une fille a dit ‘C’est par hasard si Coulibaly s’est ren­du à l’Hyper Cacher, il aurait pu se réfugi­er au Fran­prix’. » Clara se passe d’en dire plus, on sent que ces pro­pos la désar­ment. Elle dit sim­ple­ment que la sit­u­a­tion « com­mence à faire un peu peur ». Elle avoue qu’elle et ses amis de con­fes­sion juive imag­i­nent leur futur ailleurs.

« On pense tous qu’on n’a pas for­cé­ment notre avenir en France. »

Mais elle redit :

« On veut pas par­tir. On est très attaché à la France. On veut rester ici. »

Maurice, le père, « On aimerait bien qu’on ne nous porte aucune attention, qu’on nous foute la paix »

Mau­rice a 65 ans, une petite mous­tache blanchie par les ans. Rapi­de­ment, il met en garde avec véhémence :

« Je refuse de répon­dre à la ques­tion ‘Etes-vous Juif avant d’être Français ?’ »

Il est né en France, mais ses par­ents sont orig­i­naires de Hon­grie. Ils ont émi­gré en France, notam­ment parce qu’à l’entre-deux guerre, en 1923, on dis­ait « Heureux comme un juif en France. » Mau­rice dit que cela a changé. Il relève, « on est seule­ment 0,75% de la pop­u­la­tion (478 000, NDLR), mais pour beau­coup, on est partout ».

Mau­rice a trou­vé ” odieux ” les pro­pos selon lesquels « les musul­mans sont les pre­mières vic­times des atten­tats ». Il ajoute : « C’est insup­port­able, et c’est telle­ment faux. » Le père de famille déplore l’absence de table ronde organ­isée par toutes les autorités musul­manes français­es pour dire sans fior­i­t­ure : « ‘Nous con­damnons les actes de ces musul­mans’ au lieu de dire ‘ce ne sont pas des vrais musul­mans’. » D’après lui, en l’état, « l’Islam est insol­u­ble dans la République. »

« Si les insti­tu­tions flanchent, je pars. Aujourd’hui, elles arrivent à main­tenir la vie des Juifs en France encore pos­si­ble. Imag­inez que demain dans mon cauchemar le plus fou, un Coulibaly tue deux trois sol­dats qui gar­dent une école juive… Pour met­tre de la dis­corde et de la dis­sen­sion, pour tester la résilience de la République et voir com­ment la France se posi­tionne, ce serait dia­bolique. »

Il garde un œil sur les nou­velles « De toutes les façons, on est dans le viseur. Alors on s’informe. Il faut avoir les yeux grands ouverts. » 

Juste­ment, dans le traite­ment des évène­ments par les médias, BFM ou Itélé, Mau­rice remar­que « On avait l’impression que pronon­cer ‘juif’ représen­tait un effort pour les jour­nal­istes, que cela les écor­chait. »   

« En atten­dant on reste, notre pays c’est la France, c’est absol­u­ment sûr. »

Un pays dans lequel par­fois, le mot « juif » sonne comme un gros mot pas comme les autres.

Jeu­di dernier, nous avons ren­con­tré d’autres familles juives lors de la marche en mémoire aux vic­times de l’an­tisémitisme. Au fil du cortège, notre galerie de por­traits s’est enrichie de nou­veaux visages.

Dina Foy, qui rêve d’un “départ sans retour” aux Antilles

Dina Foy, lors de la marche du 12 février en mémoire à Ilan Halami -3millions7
Dina Foy, lors de la marche du 12 févri­er en mémoire à Ilan Hala­mi ‑3millions7

Dina est une mère de 52 ans, orig­i­naire de la Guade­loupe. Elle souf­fre de l’antisémitisme “dif­fus”, quelque chose de sournois, qui « comme la vapeur » se dépose, impal­pa­ble, et se répand, invis­i­ble. Elle cri­tique cet anti­sémitisme qui ne serait pas assez spec­tac­u­laire pour sus­citer des réactions :

« Un jour dans le bus, une fille a cher­ché à me cracher dessus. C’était l’été, le bus 69, je ren­trais chez moi, il fai­sait chaud, je devais porter une meno­rah (chan­de­lier à sept branch­es, NDLR) ou l’étoile de David autour du cou. »

Dina a l’im­pres­sion que c’est devenu “un effet de mode”, que ces actes sont “rel­a­tivisés”, “comme si c’é­tait nor­mal qu’on casse les juifs”. Le nom­bre d’actes anti­sémites a aug­men­té de 101% en 2014, et Dina se dit « fatiguée de voir que la majorité silen­cieuse reste silen­cieuse. » Ses deux filles et son fils comptent partir :

« Ils savent qu’en France pour eux, y a plus rien. Y a plus d’avenir. »

Arthur Charles, l’étudiant qui croque la vie en un éclat de rire

Arthur Charles -3millions7
Arthur Charles ‑3millions7

Arthur est un joli brin de bon­homme, vif et espiè­gle, qui sourit avec les yeux. Bien sûr, dit-il du haut de ses 23 ans, qu’il a été vic­time de la haine du juif, et tout petit d’ailleurs, dès la 6ème :

« Dans le col­lège Robert Dois­neau dans le 20ème à Paris, des élèves ont pété la plaque de com­mé­mora­tion ‘ici ont été déportés des enfants juifs…’ A l’école c’est clair, j’étais le feuj de ser­vice (“juif” en ver­lan), on a inscrit des croix gam­mées sur la porte de chez moi et je me suis fait frap­per. Des rebeus et des renois m’appelaient Alien Charogne (référence à Ariel Sharon, ancien Pre­mier min­istre en Israël, NDLR). Quand mes par­ents ont aver­ti la direc­tion, les profs ont dit : ‘Vous les juifs, vous vous plaignez tout le temps.’ J’ai dû chang­er de col­lège, j’ai été à Hélène Bouch­er, là c’était génial. Après, peut-être aus­si que j’étais une tête à claque, c’aurait peut-être été pareil si j’avais été roux, enfin, j’essaye de com­pren­dre, c’est telle­ment incompréhensible. »

Arthur se dit être un « Juif cul­turel », il a déjà été chez des « Juifs hard­core », et il ne s’y recon­naît pas. On demande à Arthur, si aujourd’hui, ces actes haineux le poursuivent :

« Un mec, un pote en fait, me fait tout le temps des blagues sur la Shoah, genre l’histoire de l’oiseau qui fait cuicui en volant au dessus d’un camp de con­cen­tra­tion. Elle me fait mar­rer celle-là, mais à un moment c’est lourd, genre quand le mec surenchérit avec ‘quelle est la dif­férence entre une piz­za et un Juif ? La cuis­son’, ça me fait plus rire, non, ça me fait plus rire. Il n’y a pas de blague inno­cente, le tout est de rire sans langue fourchue. »

Arthur n’a aucune envie d’aller en Israël. Il a l’air très heureux en France, et le bon­heur lui va bien.

Hanna Koskass, la fiancée qui voulait faire ses noces ailleurs

Hanna Koskass - 3millions7
Han­na Koskass — 3millions7

Han­na a 24 ans, mais elle se lance déjà dans les chemins du mariage. Quand elle par­le, elle alterne entre lumineux sourires et des yeux tout ruis­se­lants de larmes. En pleurs, elle balbutie :

« Après les atten­tats, j’avais besoin que mes amis non juifs me dis­ent ‘Han­na, je t’aime’, mais aucun ne l’a fait. Je ne leur en veux pas, mais j’aurais aimé… »

Han­na répète com­bi­en elle « adore la France. » Mal­gré tout, elle s’en va. « Avec mon fiancé, on part en Israël pour boucler la boucle, c’est juste une ques­tion de temps. Je n’ai pas d’enfant, grâce à Dieu. Avec ce qui se passe, j’aurais eu peur d’en avoir. Les con­ver­sa­tions sur le départ sont dans toutes les bouch­es. Mes par­ents se sont ren­dus à l’Agence juive. » Han­na explique la dureté des réseaux soci­aux qui la rend malade :

« Je n’ai jamais subi d’attaques anti­sémites per­son­nelle­ment, ce qui détru­it, c’est inter­net, le gars qui prend un self­ie devant l’Hyper Cacher et écrit : « Hitler n’a pas ter­miné son tra­vail ». La pho­to a récolté 30 likes. »

Han­na dit que ce n’est pas un cas isolé, qu’il y en a encore beau­coup, des apolo­gies de ces nazis qui ont réus­si à salir jusqu’aux étoiles.

Alexandre Feigenbaum, l’écrivain qui milite pour la fraternité

Alexandre Feigenbaum, le jour de la marche du 12 février en mémoire à Ilan Halami - 3millions7
Alexan­dre Feigen­baum, le jour de la marche du 12 févri­er en mémoire à Ilan Hala­mi — 3millions7

Alexan­dre a la bon­té peinte sur le vis­age, il marche douce­ment, l’homme de 68 ans aux cheveux grison­nants. A ce pro­pos, dernière­ment, il lui est arrivé une mésaven­ture qui a sus­cité en lui  colère et désarroi :

« Tenez, il y a quelques temps, je mar­chais sur un trot­toir étroit dans le 10ème arrondisse­ment à Paris, un jeune s’est écrié ‘ça mange cacher et ça veut pas me laiss­er pass­er’ ! »

Petite phrase qui pique et fait grat­ter la plume sur le papi­er… Car Alexan­dre vient d’écrire un livre : Pour une charte du respect, 10 propo­si­tions pour com­bat­tre le racisme anti­juif (édi­tions Feuillage).

« Je pense que mon avenir sera peut-être en Israël, parce qu’en France, je me sens poussé vers la sor­tie. Les juifs ont l’impression d’être des citoyens de sec­onde zone. En France, la laïc­ité ne s’applique pas à tout le monde de la même manière. Les juifs, par exem­ple, ne se per­me­t­traient pas de deman­der aux écoles de servir des repas cacher. »

Avec l’esquisse d’un sourire en demi-teinte, il déclare :

« Je n’ai pas l’impression que je me détache de la France, c’est la France qui se détache de moi. »

Sa fille, Del­phine, est en Israël depuis main­tenant 23 ans.

Pho­to d’en-tête : pro­tec­tion de l’Hy­per Cacher par la police le jour de la marche du 12 févri­er en mémoire à Ilan Hala­mi — 3millions7