Est-ce normal d’avoir demandé aux musulmans de condamner les attentats de janvier ? Pour le producteur néerlandais Abdelkarim El-Fassi, la réponse est clairement non. Dans une vidéo intitulée #Letsunite (unissons-nous), mise en ligne le 4 février, il dénonce la “culpabilisation par association qui nous divise” en filmant des enfants qui demandent pardon pour des actes commis par des terroristes qui leur ressemblent.
Dans la vidéo, un enfant blond se voit contraint de s’excuser pour l’attentat commis en Norvège par Anders Breivik, qui a les “mêmes cheveux”. Un autre, déguisé en Superman et qui veut être un “super-héros”, se voit attribuer des crimes commis par des Marocains et se définit à la fin comme un “méchant”. Un petit coiffé d’une chapka est associé aux frères Kouachi, qui avaient également la tête couverte.
Le producteur explique ainsi sa démarche :
“Je ne me suis jamais senti aussi mal à l’aise qu’en réalisant cette vidéo. Bien sûr, c’est totalement immoral et pédagogiquement irresponsable, et pourtant, en tant que société nous avons pratiqué ça au niveau macro pendant des années. Nous avons poussé certaines communautés à se sentir coupables pendant des années. Cela doit cesser, sinon le problème va s’envenimer pour les prochaines générations. Je ne veux pas que mon neveu Hamza, que l’on peut voir dans le film, puisse être tenu pour responsable de choses qui n’ont rien à voir avec lui. Il est de la troisième génération néerlando-marocaine. Rien ne justifie qu’il soit traité différemment de ses pairs blancs.”
Une analyse qui rejoint celle du politologue Thomas Guénolé. Dans une tribune publiée dans Libération, il assimile cette demande d’excuses à un “regard qui n’est pas républicain”.