Intégration, Monde

Migrants noyés : la scène internationale s’accorde sur l’urgence

La France rocher d’accueil, mais pas foy­er uni­versel. Le secré­taire d’Etat aux rela­tions avec le Par­lement, Jean-Marie Le Guen, a annon­cé sur BFMTV le mer­cre­di 22 avril que l’Hexa­gone va sûre­ment autoris­er l’héberge­ment d’une par­tie des migrants sauvés en Méditer­ranée. Il a par con­tre insisté sur sur le refus d’accepter une vague « d’immigration économique ». Le pays recueillera unique­ment les naufragés pou­vant béné­fici­er du droit d’asile, car d’après l’homme poli­tique, « ce n’est pas la poli­tique de la France (ni) celle de l’Europe ».

La France va autoriser l'accueil des migrants naufragés, qui obtiendront leur droit d'asile.
La France va autoris­er l’ac­cueil des migrants naufragés, qui obtien­dront leur droit d’asile (crédit pho­to Nobor­der Network)

Un pro­jet de loi est à l’étude en ce moment au Par­lement a rap­pelé Jean-Marie Le Guen, « qui réforme le droit d’asile de sorte à ce que celui-ci puisse être obtenu de façon plus rapi­de et qu’il n’y ait pas (…) beau­coup de gens dans une sit­u­a­tion inter­mé­di­aire (…) sont dans l’incertitude de leurs droits ». Le social­iste a assuré le 22 avril, l’importance du sec­ours à apporter à ces pop­u­la­tions voyageuses, ces naufragés rescapés. Mais aus­si endiguer les fil­ières mafieuses qui régis­sent les embar­ca­tions, et créent du traf­ic et du dan­ger. Enfin, il faut « faire de la coopéra­tion avec les pays d’origine et les pays de pas­sage (…) par exem­ple le Niger ».

« Marchands d’esclaves du XXIe siè­cle », c’est ain­si que l’Italie a qual­i­fié les passeurs en Méditer­ranée. Rome a insisté sur l’importance d’intervenir pour aider les pays de départ des migrants, comme au sud de la Libye, et de com­bat­tre ces passeurs. Après une minute de silence observée dans la Cham­bre des députés ital­iens, en mémoire des 800 naufragés décédés ce week-end, Mat­teo Ren­zi n’a pas hésité à rap­pelé l’époque de la traite de mil­lions d’esclaves d’Afrique. L’Italien n’a pas hésité à détailler que l’importance d’agir « n’est pas seule­ment une ques­tion de sécu­rité et de ter­ror­isme, mais de dig­nité humaine ».

L’Italie étant le pays le plus con­cerné par les flux migra­toires, et plus récem­ment des naufrages, Mat­teo Ren­zi, le prési­dent du con­seil, mul­ti­plie les déc­la­ra­tions à ce sujet. Il a évo­qué la semaine dernière de pos­si­bles « inter­ven­tions ciblées » en pré­pa­ra­tion con­tre les passeurs en Libye, sans don­ner plus de détails. Le ren­force­ment des opéra­tions de sur­veil­lance des mers Tri­ton et Poséi­don a aus­si été abor­dé par le gou­verne­ment ital­ien. Rome a indiqué qu’il fal­lait que le prob­lème des procé­dures d’asile devi­enne européen, car « il est le pat­ri­moine non d’un seul pays mais de tous les 28 ».

Un manque d’im­pli­ca­tion des puis­sances occi­den­tales pointé du doigt 

“Laiss­er mourir” les migrants, c’est l’ac­cu­sa­tion proférée à l’en­con­tre des pays de l’U­nion Européenne par Recep Tayyip Erdo­gan mer­cre­di 22 avril, lors d’un entre­tien avec son homo­logue irakien.  Le prési­dent islamo-con­ser­va­teur turc accuse ses alliés occi­den­taux d’a­ban­don­ner les migrants à leur sort : “Je con­damne la poli­tique des occi­den­taux. On ne peut pas l’ac­cepter”. Ankara a tou­jours dénon­cé le manque de sou­tien de l’U­nion Européenne quant à l’ac­cueil des réfugiés syriens sur son ter­ri­toire, qui représente un vrai fardeau, et un gouf­fre financier pour la Turquie depuis le début du con­flit il y a qua­tre ans.

Au Roy­aume-Uni, Amnesty Inter­na­tion­al a organ­isé une protes­ta­tion con­tre l’i­n­ac­tion du gou­verne­ment mer­cre­di 22 avril. Des houss­es mor­tu­aires ont été alignées sur une plage de Brighton, dans le sud de l’An­gleterre, en hom­mage à la mort de nom­breux migrants en Méditer­ranée. L’or­gan­i­sa­tion de défense des Droits de l’Homme, dont le siège est à Lon­dres a mis cette exhi­bi­tion en place, alors même qu’en France elle dépo­sait un rap­port dénonçant “les naufrages de la honte”. Le mot-dièse #DontLet­ThemDrown (#NeLesLais­sez­PasSeNoy­er) hachure une ban­de­role aux côtés des houss­es, dans lesquelles une ving­taine de mil­i­tants s’é­taient zip­pés. La direc­trice d’Amnesty pour le Roy­aume-Uni a déploré que “jusqu’à main­tenant, la réponse du gou­verne­ment bri­tan­nique a été hon­teuse, mais il a enfin réal­isé la néces­sité d’a­gir”. Le Pre­mier min­istre David Cameron par­ticipe au som­met extra­or­di­naire des dirigeants européens jeu­di à Bruxelles.

(AFP)