Religion / Laïcité

Un dirigeant sur quatre confronté au fait religieux en entreprise

La reli­gion tend à se « banalis­er » dans l’entreprise. C’est la con­clu­sion d’une enquête révélée ce matin par Le Parisien. Les atten­tats de jan­vi­er expli­queraient notam­ment cette tendance.

La ques­tion religieuse fait l’objet de deux fois plus de dis­cus­sions en entre­prise qu’en 2014. 23% des dirigeants déclar­ent en effet répon­dre régulière­ment à des ques­tions sur la reli­gion au tra­vail, con­tre 12% en 2014.

Les prin­ci­paux résul­tats de cette enquête de l’in­sti­tut Rand­stad et de l’Ob­ser­va­toire du fait religieux en entre­prise (OFRE), réal­isée auprès de 1296 salariés, dont 93% de man­ageurs,  entre févri­er et mars, ont été révélés par Le Parisien mar­di 21 avril.

De Baby Loup à Charlie

Des deman­des d’absence lors des fêtes religieuses, d’aménagement du tra­vail, des ques­tions rel­a­tives au port osten­ta­toire d’un signe religieux, voilà les trois prin­ci­pales sit­u­a­tions aux­quelles sont con­fron­tées les manageurs.

64%

d’entre eux souhaite notam­ment l’interdiction du port de signes religieux vis­i­bles au travail.

Com­ment expli­quer cet essor du fait religieux ? Par­mi une mul­ti­tude de répons­es : les atten­tats de jan­vi­er, le débat sur le mariage pour tous, l’affaire Baby Loup, la Charte de la laïc­ité de l’entreprise Paprec ban­nis­sant le port de signes religieux en 2014…

« Après les atten­tats de jan­vi­er, surtout, les pra­ti­quants ont ressen­ti un dis­cours de remise en cause de la reli­gion (…) Leur réac­tion est de se défendre en affir­mant davan­tage ce qu’ils sont dans la société », analyse le prési­dent de l’Observatoire, Lionel Hon­oré. Qui pré­cise égale­ment que la grande majorité des cas relève de l’islam, sans pour autant don­ner de chiffres. Si la pos­ture défen­sive tend à pro­gress­er, 94% des cas ren­con­trés n’entraînent cepen­dant ni con­flit ni blocage.

La numéro un du syn­di­cat des cadres CFE-CGC, Car­ole Cou­vert, a recon­nu sur Radio Clas­sique que le sujet pou­vait être com­pliqué à gér­er pour les dirigeants. « Oui, tout le monde n’est pas à l’aise avec le fait religieux. Tout le monde ne con­naît pas l’ensem­ble des reli­gions, ni les us et cou­tumes qui sont liés à chaque reli­gion ». Ce manque de con­nais­sance autour de ces thé­ma­tiques néces­site un temps d’adaptation et de formation.
Une douzaine d’universités pro­pose aujourd’hui des diplômes d’ambassadeur de la laïc­ité à l’attention des acteurs soci­aux.« Les élèves appren­nent à enten­dre un dis­cours religieux, à savoir l’identifier et inter­venir avant que le sujet ne devi­enne un lit­ige », présente la doyenne de la fac asso­cia­tive agréée par le rec­torat de Ver­sailles, en parte­nar­i­at avec l’université de Stras­bourg (Flepes).