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Hezbollah, armes chimiques : l’essentiel de l’interview de Bachar Al-Assad

Après qua­tre ans de guerre civile en Syrie, le prési­dent Bachar Al-Assad s’est exprimé pour la pre­mière fois dans un média français lun­di 20 avril.

L’entretien, réal­isé à Damas, a été dif­fusé hier sur France 2, dans le jour­nal de 20 heures.

  • Des con­tacts avec les ser­vices de ren­seigne­ments français

Le prési­dent syrien a affir­mé que les ser­vices de ren­seigne­ments français et syriens étaient entrés en con­tact au cours des derniers mois, mais aucune « col­lab­o­ra­tion » n’a été établie.

« Nous avons ren­con­tré cer­tains respon­s­ables de vos ser­vices de ren­seigne­ment mais il n’y pas de coopération. »

Bachar Al-Assad n’a pas pré­cisé quand ces respon­s­ables français s’étaient ren­dus en Syrie. Il assure que Paris en a fait la demande. « Nous les avons ren­con­trés. Il y a eu une réu­nion avec eux », a‑t-il dit, assur­ant n’avoir « rien à deman­der aux ser­vices de ren­seigne­ments français »

En 2012, Paris a fer­mé son ambas­sade à Damas afin de pro­test­er con­tre la répres­sion du régime. Depuis, la France fait l’ob­jet de pres­sions syri­ennes et d’une par­tie de la classe poli­tique française pour restau­r­er les rela­tions diplo­ma­tiques bilatérales. Le prési­dent François Hol­lande s’y est opposé jusqu’à présent.

  • La France, un « satel­lite » américain

Inter­rogé sur la présence éventuelle de détenus jihadistes français en Syrie, le prési­dent  a assuré qu’il n’y en avait « aucun dans (ses) pris­ons. Nous n’avons que des infor­ma­tions. La plu­part de ces jihadistes vien­nent ici pour com­bat­tre, mourir et aller au par­adis ».

« Les fers de lance con­tre la Syrie ont été : un la France, deux le Roy­aume-Uni », a‑t-il égale­ment déploré en jugeant que « per­son­ne ne prend plus au sérieux les déc­la­ra­tions des respon­s­ables français ».

« Pour une sim­ple rai­son : c’est que la France est dev­enue en quelque sorte un satel­lite de la poli­tique améri­caine dans la région. Elle n’est pas indépen­dante, et n’a aucun poids, elle n’a plus aucune crédibilité. »

Bachar al-Assad a pré­cisé qu’il était « tou­jours intéressé au dia­logue avec quiconque », en réponse à une ques­tion sur une relance des rela­tions avec la France. « Mais com­ment peut-on établir un dia­logue avec un régime qui sou­tient le ter­ror­isme dans notre pays ? », a‑t-il enchaîné.

  • La Syrie invite le Hezbollah

Bachar Al-Assad a affir­mé avoir« invité » le mou­ve­ment chi­ite libanais Hezbol­lah, mais il a démen­ti que les troupes irani­ennes com­bat­taient sur le sol syrien.

« Nul pays n’a le droit d’in­ter­venir sans y être invité. Nous avons invité Hezbol­lah, mais pas les Iraniens. Il n’y a pas de troupes irani­ennes en Syrie et ils n’ont envoyé aucune force. »

Selon l’Ob­ser­va­toire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’ar­mée d’élite de la République islamique, les gar­di­ens de la révo­lu­tion, com­bat­tent aux côtés du Hezbol­lah et de l’ar­mée syri­enne dans le sud du pays.

  • L’utilisation d’armes chimiques

Le prési­dent syrien a démen­ti l’usage par l’ar­mée de gaz de chlore en mars con­tre des bas­tions rebelles de la province d’I­dleb (nord-ouest), suite aux accu­sa­tions de l’or­gan­i­sa­tion des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW).

« Non, c’est un autre faux réc­it don­né par des gou­verne­ments occi­den­taux. Nous n’avons pas util­isé le chlore, et nous n’en avons pas besoin. Nous avons nos arme­ments clas­siques, et nous pou­vons attein­dre nos objec­tifs sans y avoir recours. »

  • La Syrie et l’Etat islamique: « Nous bom­bar­dons dix fois plus que la coali­tion »

Inter­rogé sur la coali­tion inter­na­tionale menée par les Etats-Unis, qui procède à des frappes con­tre Daech, le prési­dent affirme que les pays de la coali­tion ne« sont pas sérieux » et « n’aident per­son­ne dans cette région ».

« Si vous com­parez le nom­bre de frappes aéri­ennes effec­tuées par les forces de la coali­tion com­posée de 60 Etats à celles que nous avons effec­tuées, nous, petit Etat, vous con­staterez que nous bom­bar­dons par­fois dix fois plus que la coali­tion en une journée. »

L’in­ter­view a provo­qué des réac­tions sur Twit­ter. François Lamy, ancien min­istre, estime que cette dif­fu­sion « n’honore pas le ser­vice pub­lic ». Il reproche à la chaîne d’avoir lais­sé le prési­dent syrien « dire un cer­tain nom­bre de men­songe ». Pour Alex­is Bachelay, député de Haute-Seine, l’in­ter­view est « juste hon­teuse ».

Crédit pho­to : PAN Photo