Monde

James Foley aurait renoncé à s’évader par solidarité avec d’autres otages

Deux ex-otages espagnols font le récit de la captivité à l'issue tragique de l'Américain James Foley dans un centre de détention d'otages, surnommé le "Guantanamo Islamiste" près d'Alep, dans les quotidiens El Mundo et El Periodico de Catalunya.

L’Améri­cain James Foley, exé­cuté en août 2014, aurait renon­cé à s’é­vad­er pour ne pas aban­don­ner le Bri­tan­nique John Cantlie, selon les révéla­tion lun­di de deux ex-otages espag­nols, Javier Espinosa et Marc Marginedas.

Foley et Cantlie ont ten­té (de fuir) à deux repris­es”, racon­te Javier Espinosa lun­di. “La pre­mière ten­ta­tive a été un échec avant même de com­mencer. On les a sur­pris dans la cel­lule pen­dant qu’ils ten­taient de retir­er leurs menottes”.

La fois suiv­ante, le jour­nal­iste améri­cain a mon­tré son énorme dimen­sion humaine. Après avoir réus­si à fuir de la pièce où ils étaient pris­on­niers, il a atten­du Cantlie (dehors) accroché à une cou­ver­ture. Le gar­di­en a décou­vert le Bri­tan­nique lorsqu’il était le long du mur”, racon­te Javier Espinosa. “Il aurait pu ten­ter de fuir seul mais a préféré se ren­dre”, a encore racon­té Javier Espinosa. “Je ne pou­vais pas le laiss­er seul”, lui a‑t-il dit.

Foley, souffre-douleur des geôliers

James Foley, détenu depuis novem­bre 2012, avait notam­ment tra­vail­lé pour l’A­gence France-Presse. Le reporter bri­tan­nique John Cantlie, apparu dans plusieurs vidéos de pro­pa­gande, serait encore pris­on­nier de l’EI.

Son com­pagnon améri­cain, quant à lui, était l’un des souf­fre-douleurs préférés des pre­neurs d’o­tages. “Peut-être parce que le vidéaste améri­cain affrontait les tor­tures avec un stoï­cisme inédit”, selon le jour­nal­iste espagnol.

Plus tard, il avait encour­agé le groupe de détenus à organ­is­er des “con­férences”, pour échang­er des con­nais­sances. “Je leur ai par­lé de la movi­da madrilène des années 1980″, racon­te un des journalistes.

“Bienvenue à l’adorable hôtel d’Oussama”

A l’in­térieur du camp de pris­on­niers, Javier Espinosa et Marc Mar­ginedas évo­quent des con­di­tions de déten­tion ter­ri­bles : absence d’hy­giène per­son­nelle, froid, pri­va­tion de vivres et d’eau, men­aces, sim­u­lacres d’exé­cu­tion, coups, et la référence con­stante à Guan­ta­mano, prison améri­caine pour islamistes rad­i­caux, à Cuba.

Selon Marc Mar­ginedas, les otages étaient for­cés à chanter sur l’air d’ ”Hôtel Cal­i­for­nia” : “Bien­v­enue à l’adorable hôtel d’Ous­sama, quel lieu mer­veilleux, mais tu ne pour­ras jamais par­tir, si tu essaies, tu péri­ras”.

(Avec AFP)

Pho­to : Cap­ture d’écran d’une vidéo du groupe État islamique lors de l’exé­cu­tion de l’o­tage James Foley.